« confesser », définition dans le dictionnaire Littré

confesser

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

confesser

(kon-fè-sé) v. a.
  • 1Déclarer au tribunal de la pénitence. Confesser ses péchés.
  • 2Avouer une chose, la reconnaître, en convenir. Confesser son erreur. Appliqué à la question, il confessa tout. Il voit bien qu'il a tort, mais une âme si haute N'est pas si tôt réduite à confesser sa faute, Corneille, Cid, II, 7. Je confesserai tout, exils, assassinats, Poison même…, Racine, Brit. III, 3. Mais après tout, il faut le confesser, Tant de précaution commence à me lasser, Corneille, Sertor. IV, 2. Non, il le faut ici confesser à sa gloire, Son cœur n'enferme point une malice noire, Racine, Brit. V, 3. J'espère que bientôt la triste renommée Vous fera confesser que vous étiez aimée, Racine, Bérén. IV, 5. Elle retire ses chers enfants, et confesse à cette fois que, parmi les plus mortelles douleurs, on est encore capable de joie, Bossuet, Reine d'Anglet.

    Fig. et familièrement. Confesser la dette, avouer un tort, convenir d'un fait qu'on voulait cacher.

  • 3Faire acte public d'adhésion à une doctrine, à une religion. Il ne craignit pas de confesser sa foi.

    Confesser Jésus-Christ, proclamer hautement la foi chrétienne en face de la persécution. Ce n'est pas le sang transmis à une longue postérité qui fait fructifier l'Évangile ; mais c'est plutôt le sang répandu pour le confesser, Bossuet, Variat. Avert. V, § 25. Y a-t-il de la honte à confesser votre saint nom ? Massillon, Car. Resp. hum. Oser confesser Dieu chez les philosophes, Rousseau, Ém. IV.

    Absolument. La religion dont le premier acte est de croire, comme le second est de confesser, Bossuet, Variat. V, § 32.

  • 4Confesser quelqu'un, se dit du prêtre qui reçoit la confession. Et absolument, ce prêtre dit la messe, mais ne confesse pas.

    Par extension, obtenir un aveu, un renseignement. On le mit avec un agent de police qui le confessa et sut tout ce qu'il fallait savoir. De m'avoir confessé ne te vante pas tant : Tel se croit confesseur qui n'est que pénitent, Pons, (de Verdun), Poésies.

    Familièrement. C'est le diable à confesser, se dit d'un aveu ou d'un résultat difficile à obtenir.

  • 5Se confesser, v. réfl. Faire sa confession au prêtre. Il est allé se confesser. Et retomber demain dans les mêmes faiblesses Dont tu te viens de confesser, Corneille, Imit. I, 22.

    Familièrement, se confesser au renard, découvrir ses sentiments à une personne adroite ou fourbe qui en peut faire son profit et qui abuse de notre sincérité pour nous nuire. Locution tirée de l'ancien et célèbre poëme satirique du Renart, où en effet le renard se déguise en confesseur et mange son pénitent.

    S'avouer, se reconnaître. Je ne veux plus, seigneur, me confesser coupable, Corneille, Médée, II, 6. Qui se confesse traître est indigne de foi, Corneille, Nicom. III, 8. Massillon lui en avoua la cause ; se confessa, comme le berger de la Fable, du petit grain d'ambition qu'il avait eu, D'Alembert, Acad. V, p. 39.

REMARQUE

C'est une grosse faute de prendre confesser pour un verbe neutre, et de dire : avez-vous confessé ? au lieu de : vous êtes-vous confessé ?

HISTORIQUE

XIIe s. À confesser mout tost [il] la comanda [à un archevêque], Ronc. p. 175. Quant toutes confiessées furent…, Lai d'Ignaur.

XIIIe s. Confesse-toy souvent, et eslis confession preudomme, Joinville, 300. Il y avoit tout plein de gens qui se confessoient à un frere de la Trinité, Joinville, 246.

XIVe s. Et est celui qui est veritable et en vie et en paroles, et confesse ses bons faiz, et ne les fait ne plus grans ne plus petis que il sont, Oresme, Eth. 134. Et se les autres choses prouvables sont ainsi lessées comme confessées, Oresme, ib. 192. Par aventure pourroit bien aucun dire et confessier que felicité est très grant bien, Oresme, ib. IX, 15. Il li sembloit que li Latin confessoient Rome estre le chief de l'empire, Bercheure, f° 22, recto.

XVe s. Je confesse bien que tousjours en y a, en telles mutations, qui en ont joye…, Commines, VIII, 17.

XVIe s. Le translateur tant grec que latin a souvent pris ce mot de confesser pour louer, Calvin, Instit. 492. Son feu, je le confesse, est plus actif, plus cuisant…, Montaigne, I, 208. Il n'en confesse que trop par ses vers, Montaigne, I, 209. Elle confessoit que ce soldat ne l'avoit encores pressée que de requestes, Montaigne, II, 5. Il me confessera, s'il parle en conscience, que…, Montaigne, II, 229. Quand je me confesse à moy religieusement, je treuve…, Montaigne, III, 87. Et quoy, Clymene, auras-tu point de honte De confesser qu'amour soit ton vainqueur ? Ronsard, 630. Et ceux qui seroient atteints et convaincus ou confessans [de protestantisme] leur faire donner la question, couper la langue, et brusler après à petit feu, Condé, Mémoires, p. 546.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. confessar, cofessar ; espagn. confesar ; ital. confessare ; du supin confessum, de confiteri, avouer, de cum, et fateri, avouer.