« conforter », définition dans le dictionnaire Littré

conforter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

conforter

(kon-for-té) v. a.
  • 1 Terme de médecine. Relever les forces, donner du ton. Cela conforte l'estomac.
  • 2 Fig. Relever le moral. Cette raison au moins en mon mal me conforte ; Que, s'il n'est supportable, il faudra qu'il m'emporte, Rotrou, Antig. III, 4. Lorsqu'il est le plus à craindre que ses forces ne viennent à défaillir, on lui soustrait le pain qui doit les réparer et le conforter, Bourdaloue, Pensées, t. III, p. 325.
  • 3Se conforter, v. réfl. Je vous donnerai une bouchée de pain, confortez-vous, Voltaire, Phil. IV, 45. Je me conforte dans mes disgrâces en buvant de meilleur vin que…, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 77.

HISTORIQUE

XIIe s. Pour sol la mort un peu [il] se conforta [l'espoir seul de la mort le reconforta], Ronc. p. 95. Beaux sires rois, de ce vous confortez, ib. p. 101. Si [je] m'i confort [en son souvenir], quand ele m'est loingtaine, Couci, VIII. Quant plus me truis [trouve] pensis et esgaré, Plus [je] me confort as biens dont ele est pleine, ib. XI. Car uns huem vint à li, qui mult le conforta, Th. le mart. 100.

XIIIe s. Je chanterai, car plus ne m'en puis taire, Pour conforter ma cruel aventure, Romancero, p. 125. Pour conforter sa fille, [elle] s'est delez lui [elle] assise, Berte, LXXVI. Ceste esperance le conforte, Et cuer et talent li aporte De son cor à martire offrir, la Rose, 2633. Si comme cascune partie allegue resons de droit et de fet ou de coustume, por conforter l'entention, Beaumanoir, VII, 15.

XIVe s. Nul ne doit son ami conforter ne soustenir en erreur, Oresme, Eth. VI, 10. Comme se il voulsissent par ce les bons atraire et conforter en bien, et les malvais retraire de mal faire et leur deveer, Oresme, ib. 72.

XVe s. Confortez-vous, et votre gentil fils aussi, car je vous tiendrai ma promesse, Froissart, I, I, 14. Si se mit en bon convenant ; car il estoit hardi chevalier et conforté durement, Froissart, I, I, 181. Ledit conte Campobache conforta [appuya] ceste parolle, Commines, V, 6.

XVIe s. Il deffend les opprimez, il conforte les affligez, Rabelais, Garg. I, 40. Quand il revient, chacun est conforté, Marot, III, 20. Il aimoit mieux gagner de l'argent, en le confortant en ses folies, que de faire office d'un bon serviteur, Marguerite de Navarre, Nouv. XLII. Theodore de Beze et quelques uns de ses compagnons lui firent une très sage et belle remonstrance, pour le conforter en sa resolution, Lanoue, 565. La pointe de la main droite estoit confortée par un quarré de mille chevaux lanciers, D'Aubigné, Hist. II, 392. Ces peuples, soubs des mains qui eussent conforté et promeu les bonnes semences que nature y avoit produict, Montaigne, IV, 19. Chascun, à qui mieulx mieulx, va plastrant et confortant cette creance receue, de tout ce que peult sa raison, qui est un util souple, contournable, et accommodable à toute figure, Montaigne, II, 284.

ÉTYMOLOGIE

Confort ; provenç. et espagn. confortar ; ital. confortare.