« convoitise », définition dans le dictionnaire Littré

convoitise

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

convoitise

(kon-voi-ti-z') s. f.
  • Désir immodéré de posséder quelque chose. Regarder quelque chose d'un œil de convoitise. La convoitise ne se peut prescrire des bornes, Vaugelas, Q. C. liv. X, dans RICHELET. La convoitise perdit l'un, L'autre périt par l'avarice, La Fontaine, Fabl. VIII, 27. Si l'être de l'homme est borné, sa convoitise ne l'est pas, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 424. Cet appareil entretient le feu de la convoitise, Bossuet, Lett. 181. Les yeux accoutumés à voir la figure de ce monde qui passe, par les endroits les plus éclatants, sont toujours prêts à se fermer, lorsqu'ils ne trouvent rien qui flatte leur curiosité ou leur convoitise, Fléchier, Madame de Montausier.

HISTORIQUE

XIIIe s. Puisqu'aillors [je] n'ai convoitise [d'amour], Bien l'i deüsse trover [merci], dans Couci, p. 119. Et [que ma dame] sache bien de verté Que j'ai plus grant convoitise De s'amour que de santé, Auboins de Sezanne, Romanc. p. 127. Et de faire tout bien fu en grant convoitise, Berte, VI. Covoitise, qui est racine de tous maus, Villehardouin, CVIII. Après fu painte Coveitise : C'est cele qui les gens atise De prendre et de noient donner, Et les grans avoirs aüner, la Rose, 169. Convoitise, qui est herbergie en cuer de juge, pot fere de maus mult, Beaumanoir, XL, 23. Si que la vile ne soit pas damacie par lor convoitise de malversement retenir les biens du commun, Beaumanoir, L, 6. C'est aperte malvestés d'avoir convent à aidier à aucun, et après faillir par convoitise, Beaumanoir, V, 6. La convoitise qui est en vous, Joinville, 291.

XIVe s. Pour ce que il ont convoitisse de donner et de despendre, il ne font force ne difference en quelle maniere ne de quelle part ils prennent, Oresme, Eth. 109. Et la deffaute est illiberalité et est avarice et convoitise, Oresme, ib. 48.

XVe s. Se despartirent de l'ost pour la convoitise de gagner celle promesse, Froissart, I, I, 40. Adonc passerent au petit pont, car ilz ne vouloient pas demeurer en la ville pour convoitise [désir] de trouver leur seigneur ; ains se misrent en chemin là où ilz cuidoient que leur seigneur fust allé, Perceforest, t. II, f° 20.

XVIe s. Ire et haine est meurtre, quant à l'ame ; convoitise est larrecin, Calvin, Instit. 275. Ils ne peuvent regarder le bien de leur prochain que de travers, le devorant par convoitise, Calvin, ib. 276. Si quelcun est chatouillé de convoitise d'en savoir plus outre, Calvin, ib. 356. C'est l'effect d'un esprit precipiteux et insatiable de ne sçavoir mettre fin à sa convoitise, Montaigne, I, 351. À convoitise rien ne suffist, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 227.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. cubiticia, cubitia ; catal. cobdicia ; espagn. codicia ; portug. cobiça ; ital. cupidizia ; du bas-latin cupiditia, de cupidus (voy. CUPIDE). Cupidítia, avec l'accent sur dí, a donné covoitise (avec l'intercalation d'une n, convoitise), ainsi que les autres formes romanes.