« crêpe », définition dans le dictionnaire Littré

crêpe

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

crêpe [1]

(krê-p') s. m.
  • 1Sorte d'étoffe claire, légère et comme frisée, faite de laine fine ou de soie crue et gommée. Crêpe blanc, noir, rose. Robe, voile de crêpe. Crêpe lisse, celui qui n'est pas frisé. Ils feront aussi des crêpes unis et gros crêpes, de la même façon et qualité que ceux qui viennent de Boulogne, Statuts des marchands de draps d'or, 9 juillet 1667, art. 57. Voiles, crêpes, habits, lugubres ornements, Corneille, Cid, IV, 1. Pourquoi flotte à longs plis ce crêpe menaçant ? Hugo, Odes, I, 3.

    Porter un crêpe, porter en signe de deuil un crêpe noir au chapeau, au bras ou à l'épée. Les tambours étaient couverts de crêpe, Sévigné, 211. La plupart des souverains de l'Europe mirent des crêpes funèbres pour pleurer la mort d'un régicide [Cromwell], Chateaubriand, Stuarts, 281. Mais si d'un long crêpe voilée, Mon amante dans la vallée Venait pleurer quand le jour fuit, Millevoye, Chute des feuilles.

    Fig. Ces tristes vers en deuil, d'un long crêpe voilés, Ne voyant que des maux sur la terre où nous sommes, Chénier, Élég. 21. À l'heure où l'âme solitaire S'enveloppe d'un crêpe noir Et n'attend plus rien de la terre, Lamartine, Harm. I, 9.

  • 2 Poétiquement. Le crêpe de la nuit, les ombres de la nuit. Dès que l'ombre tranquille Viendra d'un crêpe noir envelopper la ville, Boileau, Lutr. I.

    Fig. Nous jouissons par avance du plaisir de vous avoir ; cette espérance a dissipé un crêpe noir que votre absence avait mis sur ma vie, Sévigné, 298.

  • 3Crêpe de Chine, espèce de châle d'été en soie ordinairement orné de broderies.
  • 4 Terme de coiffeur. Cheveux nattés et frisés par le bout.

HISTORIQUE

XIIIe s. Tant par estoient [ses cheveux] crespe et blonde, Rutebeuf, II, 202. Ces cheveux si crespes et si biaux Fist coper sainte Elysabiaus, Rutebeuf, ib.

XVe s. Homme, femme, tant soit blanc ne poli, Crespe ne blont, fort, appert ne joli, Deschamps, Profiter de la jeunesse.

XVIe s. Et combien qu'il vist cette dame vefve, avec son crespe noir, Marguerite de Navarre, Nouv. XVI. L'on doit mettre dessus de la toile de crespe, à fin que, lorsqu'on les essuye, on ne les touche à nud ; et au travers de la dite toile crespe la sanie sort librement, Paré, X, 9. Pour eviter ledit prurit, pourrez couvrir les emplastres de quelque taffetas ou linge delié appelé crespe, Paré, XVI, 13. Elle qui tient dessus sa face un voile, Par le travers du crespe l'apperceut, Ronsard, 640. Là Jason descendit, qui ne faisoit encor Que friser son menton d'un petit crespe d'or, Ronsard, 839. Il estoit de belle taille, ayant les cheveux crespes et espez, Amyot, Cimon, 9. Dieu, qui en mon Loyre mouilles L'or de tes crespes cheveux, Du Bellay, J. II, 37, verso. Ô front crespe et serein ! Du Bellay, J. VI, 26, verso. Couvrechief de crespe empesé, Honneurs de la cour, ms. p. 34, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. cresp, crisp ; catal. cresp ; espagn. et ital. crespo ; du latin crispus. Dans l'ancienne langue, crespe est un adjectif signifiant crêpu.