« défaite », définition dans le dictionnaire Littré

défaite

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

défaite

(dé-fè-t') s. f.
  • 1Perte d'une bataille. Pour moi, bien que vaincu, je me répute heureux ; Et malgré l'intérêt de mon cœur amoureux, Perdant infiniment, j'aime encor ma défaite Qui fait le beau succès d'une amour si parfaite, Corneille, Cid, V, 7. Combien en a versé [de sang] la défaite d'Antoine, Corneille, Cinna, IV, 3. N'eût-il que d'un moment reculé sa défaite, Corneille, Hor. III, 6. Encore une défaite, et dans Alexandrie Je veux que cette ingrate en ma faveur vous prie, Corneille, Pomp. IV, 3. Naupacte, maintenant Lépante, connu par la défaite des Turcs en 1571, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. II, p. 482. Quand les Scythes vaincus, réparant leurs défaites, S'élancèrent sur nous de leurs vastes retraites, Voltaire, Sémiram. II, 1. Non, ma défaite, ami, ne fait point mon malheur, Voltaire, Adélaïde, III, 1.
  • 2 En termes de galanterie, sujétion d'un cœur. Et qui sait si l'ingrate, en sa longue retraite, N'a point de l'empereur médité la défaite ? Racine, Brit. III, 6.
  • 3Débit d'une marchandise, facilité de placement. Des marchandises de prompte, de difficile défaite. La bonne marchandise est de défaite en ce pays-ci, Dancourt, Foire de Besons, sc. 6.

    Familièrement. Cette fille est de défaite, elle est belle, ou riche, ou instruite, et on peut aisément la marier.

  • 4Excuse, échappatoire, prétexte. Mais enfin si c'était quelque sotte défaite…, Hauteroche, le Souper mal apprêté, sc. 3. Or çà, voyons si ce que je projette Peut être apparemment une honnête défaite, Hauteroche, ib. sc. 4. C'est un vieux importun qui n'a pas l'esprit sain, Et pour qui j'ai toujours quelque défaite en main, Molière, Fâch. III, 3. Vous n'osiez résister en face ; c'est ce qui vous faisait promettre trop facilement, et éluder ensuite toutes vos paroles par cent défaites captieuses, Fénelon, Dial. des morts mod. Richel. Mazarin. Ne doutant pas que ce ne fût une défaite, Hamilton, Gramm. 9. Il ne reste qu'une défaite aux nouveaux mystiques, Bossuet, Or. 3. … Fort bien ! la réponse est honnête, Et vous avez toujours quelque défaite prête, Regnard, Distr. I, 1. Que l'amour-propre abonde en mauvaises défaites ! Lachaussée, Préj. à la mode, V, 2. Il crut que je cherchais une défaite, Rousseau, Conf. v. Va, mon pauvre Figaro, n'use pas ton éloquence en défaites ; nous avons tout dit, Beaumarchais, Mar. de Figaro, II, 20.

SYNONYME

DÉFAITE, DÉROUTE. Ces mots désignent la perte d'une bataille, faite par une armée, avec cette différence que déroute ajoute à défaite et désigne une armée qui fuit en désordre, Encycl. IV, 731.

HISTORIQUE

XVIe s. Ceux qui accompaignerent Cn. Fulvius en sa desfaicte, Montaigne, I, 56. Donner une desfaicte en payement, Montaigne, I, 123. La philosophie a armé l'homme de patience, ou, si elle couste trop à trouver, d'une desfaicte infaillible [le suicide], Montaigne, II, 301. Il se fait amener cette mule, et baille la sienne vieille à Didier pour en trouver la desfaite, Despériers, Contes, XXVIII. Tatius le remettoit de jour à autre et lui usoit tousjours de quelque desfaicte, Amyot, Rom. 36. En memoire de ceste desfaitte ilz sollennisent encore ceste feste que l'on appelle les Nones Capratines, Amyot, ib. 49. Ilz n'userent plus de desguisement ny ne controuverent plus de desfaittes pour la reverence de Caton, Amyot, C. d'Utiq. 80.

ÉTYMOLOGIE

Défaire.