« haineux », définition dans le dictionnaire Littré

haineux

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

haineux, euse

(hê-neû, neû-z') adj.
  • 1Qui est naturellement porté à la haine. Une âme haineuse. Haineux comme un faux dévot, dès qu'on vous résiste, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. IV, p. 358, dans POUGENS. M. de Saint-Yves est un homme violent, impétueux, haineux, imprudent et inconsidéré, Genlis, Théât. d'éduc. le Magistrat, I, 7.

    Substantivement. Et si tout au rebours nos haineux nous en piquent, Régnier, Sat. V. Voilà… la véritable raison qui m'empêchera de jamais me retirer à Genève ; un seul haineux empoisonnerait tout le plaisir d'y trouver quelques amis, Rousseau, Lett. à Moultou, 25 avr. 1762.

  • 2Qui a le caractère de la haine. Corinne, en lisant cette lettre, fut offensée des préjugés haineux qu'Oswald exprimait contre sa nation, Staël, Corinne, VI, 3.

REMARQUE

1. De Caillières, 1690, dit que haineux est un mot nouveau et du bel usage. C'est une erreur, quant à la nouveauté ; l'historique en fait foi.

2. On lit dans Desportes, poëte du XVIe siècle : Vous serez par les dieux en astre transformée, Haineux, rouge de sang… Sur quoi Malherbe remarque : " Que veut dire un astre haineux ? car haineux ne se dit point simplement, mais mon haineux, son haineux, etc. " Comment. sur Desportes, Œuvres, t. IV, p. 341. Malherbe se trompe et ne constate qu'un emploi très particulier ; haineux s'est dit comme adjectif dans tout le cours de la langue.

HISTORIQUE

XIIIe s. Amors ce est paix haïneuse, Amors est haïne amoreuse, la Rose, 4307. Serganterie de penre [prendre] autrui biens por fere detes paier est un offices haineus, Beaumanoir, LIV. Li aucun sunt si haineux et si felon qu'il vourroient bien fere damace à eus meismes por fere damace à autrui, Beaumanoir, XXXVIII, 10.

XIVe s. Une chose est haineuse à un home et delettable à un autre, Oresme, Eth. 137.

XVe s. François Acreman fut grandement blasmé, et par especial du seigneur de Harselles, et tant que François s'en courrouça au chevalier, et en prit paroles dures et haineuses, Froissart, II, II, 221. Petis enfans fait doubteus doctriner ; Car doctrine leur est trop haïneuse, Deschamps, Femme et enfans.

XVIe s. …Qui de tous maus seul la souslagera, De ses hai neux aussi la vengera, Marot, I, 300. Pour toy je suis aux libyques provinces Faite hayneuse, et aux nomades princes, Du Bellay, J. IV, 15, recto. D'un haineux estranger l'envieuse malice Exerce contre luy son courage odieux, Du Bellay, J. VI, 16, recto. Puis de haineux devenus bons amis…, Ronsard, 648.

ÉTYMOLOGIE

Haine, avec le suffixe eux. On trouve dans les anciens textes haineur, celui qui hait (haine, avec le suffixe eur).