« hommage », définition dans le dictionnaire Littré

hommage

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

hommage

(o-ma-j') s. m.
  • 1 Terme de féodalité. Promesse de fidélité et de devoirs faite au seigneur par le vassal ou homme. Hommage simple. Hommage de bouche et de mains. Guillaume régnait paisiblement en Normandie, et la Bretagne lui rendait hommage, Voltaire, Mœurs, 41.

    Hommage plein ou lige, promesse de défendre son seigneur envers et contre tous, à la différence de l'hommage simple, qui n'emportait pas de si étroites obligations. On attendait M. de Lorraine pour rendre au roi son hommage lige du duché de Bar, Saint-Simon, 72, 178.

    Fig. Comme le disait Colbert dans un de ses rapports, l'intelligence fit hommage lige au roi, Capefigue, Richelieu, Mazarin, t. VIII, p. 346.

    Hommage de fief, hommage qui n'obligeait qu'à la fidélité.

    Remettre ou amortir l'hommage, affranchir le vassal de son engagement.

    Fig. Rendre hommage d'une chose, la rapporter à celui de qui on l'a reçue. Il vient en apporter la nouvelle en ces lieux, Et par un sacrifice en rendre hommage aux dieux, Corneille, Poly. I, 4.

    Fig. Rendre hommage à la vérité, s'en reconnaître pour ainsi dire le vassal, la reconnaître, la dire, la déclarer.

  • 2Soumission, vénération, en parlant des personnes à qui l'hommage est rendu. Je suis bien aise de voir que les beaux esprits lui rendent toujours l'hommage et la reconnaissance qu'ils lui doivent, Voiture, Lett. 25. Grâces à ma victoire, on me rend des hommages, Corneille, Pomp. III, 2. Ah ! qu'il dissiperait un dangereux orage, S'il voulait à nos dieux rendre le moindre hommage ! Corneille, Théod. V, 1. Recevez, comme roi, notre premier hommage, Corneille, D. Sanche, IV, 2. Beck, qui s'était flatté d'une victoire assurée, pris et blessé dans le combat, vient rendre en mourant un triste hommage à son vainqueur par son désespoir, Bossuet, Louis de Bourbon. Aux feux inanimés dont se parent les cieux, Il rend de profanes hommages, Racine, Esth. II, 9. Il verra le sénat m'apporter ses hommages, Racine, Bérén. I, 5. Pour moi je suis plus fière, et fuis la gloire aisée D'arracher un hommage à mille autres offert, Racine, Phèdre, II, 1.

    Se dit aussi des choses qu'on vénère. Je viens pour rendre hommage aux cendres d'un héros, Corneille, Pomp. V, 2. À mes attraits chacun rendait hommage, La Fontaine, Court. Toujours à sa vertu vous rendiez quelque hommage, Racine, Brit. II, 6.

  • 3Respects, civilités ; dans ce sens il se dit le plus souvent au pluriel. Présenter, offrir, rendre ses hommages à quelqu'un, lui adresser de respectueuses civilités. Je lui ai fait des hommages soumis de tous mes vœux, Molière, Am. magn. I, 2. Je crains d'être fâcheux par l'ardeur qui m'engage à vous rendre aujourd'hui, madame, mon hommage, Molière, F. sav. III, 5.

    On termine souvent une lettre, surtout écrite à une dame, par : agréez, recevez mes hommages respectueux.

  • 4Don respectueux, offrande. Faire hommage à quelqu'un d'une chose. Ses conquêtes pour moi sont des objets de haine ; L'hommage qu'il m'en fait renouvelle ma peine, Corneille, Perthar. I, 1. Il fait aux évêques un hommage respectueux de sa dignité, Massillon, Panég. St Bern. Recevez l'hommage de mon livre.

    Faire hommage d'un livre, a deux sens : 1° Faire cadeau d'un exemplaire à une personne que l'on respecte ; 2° Lui en faire la dédicace.

REMARQUE

Dans rendre hommage, hommage, pris sans article, ne peut être représenté ensuite par un pronom ; c'est une irrégularité de ce genre qu'on trouve dans ce vers de Corneille : Allez lui rendre hommage et j'attendrai le sien, Corneille, Pomp. II, 3.

HISTORIQUE

XIIe s. Ne perdez pas del conte vostre homenage, Gerard de Ross. p. 311. Celle que [à qui] j'ai de cuer fait lige hommage, Couci, XI. L'arcevesque respunt senz ire et senz desrei : Richars, tu es mis huem ; si me deis porter fei. - Richarz li respundi : mon humage vus rent [je dégage ma foi] ; Jo nel prestai pas…, Th. le mart. 51.

XIIIe s. Je n'ai, ce croi, de sens demie, Ains fis grant folie et grant rage, Quant au dieu d'amors fis hommage, la Rose, 4142. Et se aucun tient partie de fié, et soit en homenage, Liv. de just. 238. Il firent convenance entre li et son fil en tele maniere qu'il metroit son fil es homages de toute se [sa] terre, Beaumanoir, XXXIV, 49. Et qui plus a s'est li plus chiches, Quar il a fet à son avoir Hommage, ce vous faz savoir, Rutebeuf, 228.

XVe s. Quand ledit duc entrera en hommage du roy de France, Froissart, I, I, 53. Il avoit bien envoyé paravant un secretaire pour traiter que le duc de Milan, son nepveu, fust receu à hommage à Genes par procureur, Commines, VII, 2.

XVIe s. Quiconque a hommage pour raison de aucune chose est fondé d'avoir, sur icelle, jurisdiction, si ce n'estoit hommage de devotion, comme celuy qui est donné en franche aumosne à l'eglise ; lequel hommage de devotion n'emporte fief ne jurisdiction ne autre devoir, Coust. génér. t. II, p 579. Le vassal doit faire hommage simple à son seigneur nue teste, les mains jointes, et le baiser, et celui qui doit hommage lige, le doit faire mains jointes sur les evangiles, nue teste, desceint, et le baiser en faisant les sermens requis, ib. p. 9.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. hômeige ; provenç. homenatge, homenage ; espagn. homenage ; portug. homenagem ; ital. omaggio ; du bas-latin hominaticum (dans un texte de l'an 1035), de homo, hominis, homme, parce que celui qui faisait hommage devenait l'homme du seigneur. Hominaticum serait d'ailleurs retrouvé par la forme ancienne qui est homenage et non homage, et par la finale age, atge, qui est l'équivalent du latin aticus.