« inclination », définition dans le dictionnaire Littré

inclination

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

inclination

(in-kli-na-sion ; en vers, de cinq syllabes) s. f.
  • 1Action de pencher.

    Terme de laboratoire. Verser par inclination, verser quelque liqueur en penchant doucement le vaisseau.

  • 2 Particulièrement. Action de pencher la tête ou le corps en signe d'acquiescement ou de respect. On les [saint Marceau et sainte Geneviève] en empêche [de s'approcher tout à fait dans une procession], ils font seulement l'un à l'autre une douce inclination, et puis chacun s'en va chez soi, Sévigné, 202. On leur voyait [aux solitaires de la Thébaïde] multiplier leurs oraisons, inclinations ou génuflexions jusqu'à cent fois, jusqu'à deux cents fois, et même beaucoup plus souvent pendant le jour, Bossuet, Ét. d'orais. VI, 40. La religion ne consiste ni dans les inclinations du corps, ni dans la modestie des yeux, Bourdaloue, 5e dim. après la Pentec. Dominic. t. II, p. 478. Zadig s'arrêta et lui fit une profonde inclination, Voltaire, Zadig, 20.
  • 3 Fig. Mouvement de l'âme par lequel on est porté à quelque chose. Je connais que nos premières inclinations sont toujours les maîtresses, Voiture, Lett. 21. Et l'inclination jamais n'a démenti Ce sang qui t'avait fait du contraire parti, Corneille, Cinna, v, 1. Quand on a de la vertu, on souffre cette contestation éternelle entre l'inclination et le devoir, Saint-Évremond, dans RICHELET. Pour satisfaire l'inclination naturelle qu'on a à la vanité, Pascal, Prov. 9. Pauline a-t-elle la même inclination pour la danse que sa sœur d'Adhémar ? Sévigné, 399. Ces deux grands rois se connaissent ; c'est l'effet des soins de Madame ; ainsi leurs nobles inclinations concilieront leurs esprits, et la vertu sera entre eux une immortelle médiatrice, Bossuet, Duch. d'Orl. L'âme doit être morte à ses souhaits, voulant comme si elle ne voulait pas, comprenant comme si elle ne comprenait pas, sans avoir même de l'inclination pour le néant, Bossuet, États d'orais. III, 1. Deux obstacles presque invincibles nous empêchent d'être les maîtres de nos volontés, l'inclination et l'habitude ; l'inclination rend le vice aimable, l'habitude le rend nécessaire, Bossuet, 4e sermon, Carême, Pénit. 2. L'idolâtrie à laquelle le genre humain avait une inclination si prodigieuse, Bossuet, Hist. II, 6. Qu'est-ce autre chose qu'une habitude, sinon une forte inclination ? Bossuet, Sermons, Satisfaction, 2. Cette inclination bienfaisante qui n'a jamais perdu une occasion de servir ceux qui ont eu besoin de son secours, Fléchier, Mme de Mont. Vous nous attirez par vos promesses, vous nous faites craindre vos jugements, mon Dieu ; c'était assez de lui faire connaître vos volontés ; et ce que nous faisons par obligation et avec peine, elle le faisait par son inclination et par votre amour, Fléchier, Marie-Thér. Il naquit avec ces inclinations libres et généreuses qui affranchissent l'âme de toute autre loi que de celle de ses devoirs, Fléchier, Duc de Mont. Pourquoi auriez-vous inclination de croire que nous sommes sortis des Babyloniens ? Fénelon, t. XIX, p. 160. Ce n'est pas qu'elles n'eussent quelque inclination à me secourir, Fénelon, Tél. X. Presque tous les hommes ont l'inclination de se marier, Fénelon, Tél. XI. Je ne suis pas destiné à suivre mes inclinations, Fénelon, ib. XXIII. Vous avez je ne sais quelle inclination fatale pour la comédie larmoyante qui abrégera mes jours, Voltaire, Lett. d'Argental, 5 sept. 1772.

    Contre son inclination, contre la volonté même qu'on a. Ce prince [Condé] que l'on regardait comme le héros de son siècle, rendu inutile à sa patrie dont il avait été le soutien, et ensuite je ne sais comment contre sa propre inclination armé contre elle, Bossuet, Anne de Gonz.

  • 4Affection, amitié, amour. Mon inclination a bien changé d'objet, Corneille, Cid, v, 4. Je donnai par devoir à son affection Tout ce que l'autre avait par inclination, Corneille, Poly. I, 3. Et l'inclination ne fait pas l'hyménée, Corneille, Agésil. v, 4. Je ne veux point forcer ton inclination, Molière, l'Avare, IV, 3. Un mariage ne saurait être heureux où l'inclination n'est pas, Molière, ib. Du moment que je vous ai vu, je me suis senti pour vous de l'inclination, Molière, Pourc. I, 5. Pourquoi faut-il que de justes inclinations se trouvent traversées ? Molière, Fourb. III, 1. Elle a peut-être quelque inclination en tête, Molière, Mal. imag. II, 7. J'ai toujours eu pour vous une pente et une inclination qui m'a mise à deux doigts d'être ridicule, Sévigné, à Bussy, 6 juin 1668. Attaché d'inclination à M. le prince, Hamilton, Gramm. 5. Il n'eut pas la même inclination que Nestor pour Télémaque, Fénelon, Tél. xv. Vous me blâmerez peut-être, de prendre trop facilement des inclinations dans les lieux où je passe, Fénelon, ib. XXII. J'étais [Henri VIII] aussi prompt à me dégoûter qu'à prendre une inclination, Fénelon, ib. t. XIX, p. 381.

    Mariage d'inclination, mariage où l'inclination est le motif déterminant, par opposition à mariage d'argent ou de convenance.

  • 5 Familièrement. La personne qu'on aime. N'auriez-vous point quelque secrète inclination avec qui vous souhaiteriez que votre père vous mariât ? Molière, Am. méd. I, 3.

    Maîtresse. Il a fait une inclination. Il a une inclination.

    Boire aux inclinations de quelqu'un, boire à la santé de la dame qu'il aime. Sostrate : Verse à boire. - Straton, buvant : à vos inclinations, Mme de la Motte, Matrone d'Éphèse, sc. 11.

  • 6La chose pour laquelle on a du penchant. La chasse est son inclination.

SYNONYME

INCLINATION, PENCHANT. Étymologiquement, inclination exprime l'idée d'incliner, et penchant celle de pencher. Ce qui penche est plus près de tomber que ce qui est incliné. C'est pourquoi le penchant est une inclination forte ; ou bien l'inclination est un penchant faible.

HISTORIQUE

XVe s. Et aussi leur principale inclination est de desirer leur prince estre foible, Commines, V, 16.

XVIe s. Ils l'enhortoient de suivre l'inclination de sa nature, laquelle l'avoit fait naistre à plus grandes choses, Amyot, Pyrrh. 10. Là où le pole est si fort elevé pour l'inclination [inclinaison] des cercles equidistans, que…, Amyot, Marius, 18. Voilà les causes que l'on alleguoit de l'inclination que Ciceron avoit à ce jeune Caesar, Amyot, Cicéron, 57. L'inclination aux voluptez et la fuitte du labeur ne sont point en nous estrangeres, Amyot, Comment il faut ouïr, 4. Nostre façon ordinaire, c'est d'aller aprez les inclinations de nostre appetit, à gauche, à dextre, Montaigne, II, 3. Ignorants nos baise-mains et nos inclinations serpentées, Montaigne, II, 178. Vainement nous concluons aujourd'huy l'inclination et la decrepitude du monde, Montaigne, IV, 16. Le ciel donne aux esprits diverses passions, Diverses volontés et inclinations, à mestiers tout divers, Du Bellay, J. IV, 72, recto. Puis osterez votre eau par inclination [en inclinant le vase], Paré, XXV, 46. Les cœurs estoient plus menés de Dieu que de leur propre mouvement ou inclination, Calvin, Inst. 27.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. enclinatio ; espagn. inclinacion ; ital. inclinazione ; du lat. inclinationem, de inclinare, incliner.