« incommoder », définition dans le dictionnaire Littré

incommoder

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incommoder

(in-ko-mo-dé ; quelques personnes, obscurcissant beaucoup l'o, prononcent in-ke-mo-der ; c'est une mauvaise prononciation) v. a.
  • 1Causer de l'incommodité. Et qu'un père incommode un homme de mon âge ! Corneille, le Ment. IV, 1. On incommode souvent les autres, quand on croit ne les pouvoir jamais incommoder, La Rochefoucauld, Réfl. mor. n° 242. Elle n'entendra point de bruit… eh ! bon Dieu, pourrait-on être incommodée d'un bruit qui fait espérer votre retour ? Sévigné, 26 avr. 1680. Votre faux raisonnement m'incommodait, et je me sens plus en état d'aller me coucher tranquillement, Fontenelle, les Mondes, 2e soir. Dans le travail des mines de charbon de terre, l'on est toujours plus ou moins incommodé par les eaux, Buffon, Min. t. II, p. 294. Le curé de Maisons, qui s'intéressait à ma santé et qui ne craignait point la petite vérole, demanda s'il pouvait me voir sans m'incommoder, Voltaire, Lett. Breteuil, janv. 1724.

    Absolument. Je ne viens pas ici pour incommoder, Molière, Pourc. I, 10. Trop de plaisir incommode, Pascal, dans COUSIN. Un Dieu qu'on fait à sa mode, aussi patient, aussi insensible que nos passions le demandent, n'incommode pas, Bossuet, Anne de Gonz.

    Il se dit aussi des choses qui sont gênées. Il faut couper ces arbres qui incommodent la vue du château, Dict. de l'Acad.

  • 2Mettre dans la gêne, dans l'embarras, relativement à la fortune. Cela vous incommodera-t-il de me donner ce que je vous dis ? Molière, Bourg. gent. III, 4. Il y a loin de chez toi à ce faubourg ; tu auras besoin de voitures pour y venir, et ce serait une dépense qui t'incommoderait, Marivaux, Pays. parv. part. 4e.
  • 3Rendre un peu malade. Le repas d'hier l'a incommodé.

    Dans ce sens, on l'emploie souvent au passif. M. le Prince a dit qu'il était incommodé, Sévigné, 127. Le comte : Quand je dis le lit, monsieur, c'est la chambre que j'entends. - Bartholo : Ne fût-il qu'incommodé, marchez devant, je vous suis, Beaumarchais, Barb. de Sév. III, 2.

  • 4S'incommoder, v. réfl. Se causer à soi-même de l'incommodité. Je ne puis vous céder ma chambre sans m'incommoder. Le respect est [à l'égard des grands] : incommodez-vous ; cela est vain en apparence, mais très juste ; car c'est dire : je m'incommoderais bien, si vous en aviez besoin, puisque je le fais sans que cela vous serve, Pascal, Pensées, V, 12, édit. LAHURE, 1860.

    Se causer de l'incommodité l'un à l'autre. Ils s'incommodaient réciproquement.

    Se causer une gêne d'argent. Pourvu qu'on pût rendre l'argent sans s'incommoder, Pascal, Prov. VIII. Je suis témoin qu'elle s'est incommodée pour eux, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 55. Si chacun faisait tout le bien qu'il peut faire sans s'incommoder, Duclos, Consid. mœurs, ch. 16.

    Se rendre légèrement malade. Il en aurait pu manger six [gâteaux] sans s'incommoder, Rousseau, Ém. II.

HISTORIQUE

XVe s. Les Anglois incommodoient fort les François sur mer, Juvénal Des Ursins, dans le Dict. de DOCHEZ.

XVIe s. Mais si ainsi estoit… falloyt-il que ce feust en incommodant à mon roy celluy par lequel tu estoys estably ? Rabelais, Garg. I, 31.

ÉTYMOLOGIE

Lat. incommodare, de incommodus, incommode.