« longueur », définition dans le dictionnaire Littré

longueur

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

longueur

(lon-gheur) s. f.
  • 1L'étendue d'un objet considéré d'une extrémité à l'autre, par opposition à ce qui est court. La longueur d'un bâton, d'une lance, d'une allée, d'une route. Les petites longueurs se mesurent avec des pieds, des pouces, des lignes, des aunes, des toises, etc. les grandes [distances] se mesurent avec des lieues, des degrés, des demi-diamètres de la terre, Buffon, Ess. arith. mor. Œuv. t. X, p. 188. C'était [l'armée française sortant de Moscou], sur trois ou quatre files d'une longueur infinie, un mélange, une confusion de calèches, de caissons, de riches voitures et de chariots de toute espèce, Ségur, Hist. de Nap. IX, 1.

    Terme de marine. Longueur de câble, 120 brasses de long, ce qui est la plus grande longueur des câbles. L'ennemi s'approcha de notre vaisseau à la longueur d'un câble.

    Épée de longueur, épée de défense et d'une juste longueur.

    Familièrement. Coup de longueur, ruse, perfidie préparée de longue main.

    En longueur, loc. adverb. Dans le sens de la longueur. Scier, fendre, mesurer en longueur.

  • 2L'étendue d'un objet considéré d'un de ses côtés à l'autre, dans le sens où la distance d'un côté à l'autre est la plus grande, par opposition à largeur. Ce salon a trop de longueur et pas assez de largeur.
  • 3Durée prolongée. La longueur du siége en faisait attendre une mauvaise issue, Voiture, Lett. 74. Patience et longueur de temps Font plus que force ni que rage, La Fontaine, Fables, II, 11. Vous pourriez éprouver sans beaucoup de longueur, Si mon bras doit encor montrer quelque vigueur, Molière, Sgan. 1. Et la grande longueur de son éloignement Me le fait soupçonner de quelque changement, Molière, ib. 2. Cependant sa visite, assez insupportable, Traîne en une longueur encore épouvantable, Molière, Mis. II. La longueur de nos réponses fait frayeur ; elle fait bien comprendre l'horrible distance qu'il y a entre nous, Sévigné, 29 déc. 1675. Quelquefois je trouve une longueur infinie d'un ordinaire à l'autre, et je ne reçois vos lettres qu'en tremblant, Sévigné, 15 nov. 1684. La tristesse que m'a donnée la longueur de votre mal, Sévigné, 2 décembre 1671. Pour moi, je trouve les jours d'une longueur excessive ; je ne trouve point qu'ils finissent, Sévigné, 9 juin 1680. L'espoir d'un juste gain… Pourrait de ton absence adoucir la longueur, Boileau, Lutrin, II. Je fuis de leurs regrets l'inutile longueur Pour chercher un ami qui me parle du cœur, Racine, Bérén. I, 4. Oh ! que cette longueur D'un présage funeste épouvante mon cœur ! Racine, ib. IV, 1. Aussi le voyait-on, dans ses chagrins sauvages, Traîner d'un pas pénible en d'effrayants réduits Et la longueur des jours et la longueur des nuits, Ducis, Oscar, I, 2.
  • 4Longueur se dit des ouvrages d'esprit considérés par rapport soit à leur étendue, soit au temps qu'il faut pour les lire ou pour les réciter. La longueur d'un sermon. Ce morceau de musique est d'une bonne longueur. La longueur assommante de ce discours.
  • 5Ce qui pèche par diffusion dans les ouvrages d'esprit. Qui parle longtemps parle trop sans doute ; je ne connais aucun discours oratoire où il n'y ait des longueurs, Voltaire, Lett. Vauvenargues, 1745. Comment trouvez-vous cela ? dit quelqu'un à Champfort, à qui il venait de montrer un distique ; il répondit fort plaisamment : il y a des longueurs, La Harpe, Correspond. t. IV, p. 64, dans POUGENS. L'ouvrage le plus court peut avoir des longueurs, le plus long n'en avoir aucune, La Harpe, ib.
  • 6Lenteur dans les actions, dans les affaires. Dépêche, ou ces longueurs t'attireront ma haine, Corneille, Médée, V, 1. Après certains moments que perdent nos longueurs, Elle [la grâce] quitte ces traits qui pénètrent les cœurs, Corneille, Poly. I, 1. Et lorsqu'il l'a fallu puissamment secourir, Que la moindre longueur l'aurait laissé périr…, Corneille, Nicom. IV, 2. …On nous mange, on nous gruge, On nous mine par des longueurs, La Fontaine, Fabl. I, 21. Allons donc, messieurs et mesdames, vous moquez-vous avec votre longueur ? Molière, Impromptu, 1. Je vous adresse le billet que je lui écris, parce que par Sémur c'eût été une longueur infinie, Sévigné, 7 janv. 1693. L'on s'étonne ici des longueurs de Rome, Bossuet, Quiét. 296. Voilà, disaient-ils, ses longueurs ordinaires, ses remises, ses défiances, ses craintives précautions, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. III, p. 692, dans POUGENS. Mais cela jetterait dans des longueurs infinies, Montesquieu, Esp. XI, 6.

    En longueur, avec de longs délais. Ces conclusions tirent la fin en longueur, Corneille, Exam. d'Horace. Et [je] cherchai les moyens de tirer en longueur Cet hymen qui vous gêne et m'arrachait le cœur, Corneille, Tite et Bérén. II, 2. Les choses ne sont plus pour traîner en longueur ; Et voici le moment d'expliquer votre cœur, Molière, Mis. V, 2. Ma tante est dans un état qui tirera dans une grande longueur, Sévigné, 4 mai 1672. Le roi de Suède ne souffrit pas que l'art des ministres traînât les négociations en longueur, Voltaire, Charl. XII, 2.

HISTORIQUE

XIIe s. Vie [il] requist de tei, et tu li donas longur de jurz, Liber psalm. p. 24.

XIIIe s. Mais ce vit il bien tout sanz doute, Que plus de la longor du coute [coude] Levée fu en l'air amont, Rutebeuf, II, 136.

XVIe s. Ceste longueur que nous mettons à apprendre les langues, Montaigne, I, 193. La longueur du temps ajoutée à l'assiduité de labeur en la manufacture d'un ouvrage, lui donne forme et vigueur de longue durée, Amyot, Pér. 26. S'attendant bien que la guerre prendroit long traict et iroit en grande longueur sous Nicias, Amyot, Alc. 39.

ÉTYMOLOGIE

Long.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

LONGUEUR. Ajoutez :

7 Terme de turf. Longueur de tête, mesure de distance employée dans le langage des courses. Un cheval arrivé premier de deux longueurs est un cheval qui a atteint le poteau gagnant en dépassant le deuxième cheval de deux longueurs de tête de cheval.