« luire », définition dans le dictionnaire Littré
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luire
- 1Répandre de la lumière.
Enfin ce jour pompeux, cet heureux jour nous luit
, Corneille, Rodog. I, 1.La lune, alors luisant, semblait contre le sire, Vouloir favoriser la dindonnière gent
, La Fontaine, Fabl. XII, 18.Hé quoi ! lorsque le jour ne commence qu'à luire…
, Racine, Esth. II, 1.Quand le Seigneur… Fit luire aux yeux mortels un rayon de sa gloire
, Racine, Athal. I, 4.On voit luire des feux parmi des étendards
, Racine, ib. IV, 5.À peine le soleil y peut faire luire ses rayons
, Fénelon, Tél. II.Où suis-je ? quelle nuit Couvre d'un voile affreux la clarté qui nous luit ?
Voltaire, Œdipe, V, 4.Son front luit, étoilé de mille diamants
, Gilbert, le XVIIIe siècle.Le jour ne luit que tard dans leur appartement [de certaines dames] ; Souvent le soir arrive et les surprend couchées
, Boissy, Impatient, I, 1.Ce soleil qui nous luit, le monde entier l'appelle Roi des astres nombreux dont l'olympe étincelle, Le chef-d'œuvre du Tout-Puissant
, Gilbert, Au prince de Salm-Salm.Au défaut du soleil, la foudre ici me luit
, Arnault, Marius à Mint. II, 1.Tu verras, si demain le cercueil me dévore, Un soleil aussi beau luire à ton désespoir
, Hugo, Odes, V, 8.Fig.
Si pour vivre chrétiennement il faut quitter sa famille et la société du genre humain… ce n'est pas le dessein du Fils de Dieu ; au contraire, il commande aux siens de luire devant les hommes
, Bossuet, Panég. St Franç. de Sales, I. - 2 Par extension, réfléchir la lumière, en parlant de corps polis.
Hé ! si l'impie Aman dans sa main homicide Faisant luire à vos yeux un glaive menaçant…
, Racine, Esth. II, 9. - 3 Fig. Briller d'un éclat que l'on compare à la lumière.
Je vous crois, mais souvent l'amour brûle sans luire ; Dans un profond secret il aime à se conduire
, Corneille, Théod. II, 4.N'a-t-il pas dit [Jésus] qu'il la mettait [son Église] sur une montagne, afin qu'elle fût vue de tout le monde ? n'a-t-il pas dit qu'il la posait sur le chandelier, afin qu'elle luisît à tout l'univers ?
Bossuet, Élévat. sur myst. XVIII, 16.Et dès qu'un mot plaisant vient luire à mon esprit, Je n'ai pas de repos qu'il ne soit en écrit
, Boileau, Sat. VII.Ne peut-il pas faire luire sa lumière dans les ténèbres ?
Massillon, Carême, F. conf.Si de quelque espérance un rayon peut nous luire
, Voltaire, Triumv. II, 2.La vraie philosophie ne commença à luire aux hommes que sur la fin du seizième siècle
, Voltaire, Mœurs, 121.Belle Octavie ! À tes fêtes splendides, Dis-nous, la joie a-t-elle jamais lui ?
Béranger, Octavie.Un nouveau jour nous luit, c'est-à-dire notre destin change.
PROVERBE
Le soleil luit pour tout le monde, il est des avantages dont chacun a le droit de jouir.
HISTORIQUE
XIe s. Claire est la nuit et la lune luisante
, Ch. de Rol. CLXXX.
XIIe s. Li solaus luist, si fu et bel et cler
, Roncisv. 44. Li cons [le comte] le fiert sur son haume luisant
, ib. 77. Et son col blanc, son chef blond et luisant
, Couci, V. Emmei la malvaise et perverse genz, entre cui vos luisiez si com lumieres el munde
, Job, p. 441.
XIIIe s. Après l'aube aparant luisoit la lune claire
, Berte, XVIII. N'est pas tout or quanqu'on voit luire
, Rutebeuf, 79. Il estoit nuict à icele hore, Et les estoiles cler paroient, Et en l'eve del puis luisoient
, Ren. 6874. …Renart le remple, et cil boit à moult grant joie et à grant feste ; Li oil [les yeux] li luisent en la teste Autresi com un vif charbon
, ib. 3186. Dieux estendi feu qui luisist à eus par nuit
, Psautier, f° 128.
XIVe s. Quant le soleil luist et encontre un drap vert, ou par une verriere verte, les choses opposites semblent estre vertes
, Oresme, Eth. 23.
XVIe s. L'ame qui loge la philosophie doibt faire luire jusques au dehors son repos et son aise
, Montaigne, I, 175. Ce qu'on donne luit, ce qu'on mange puit [pue]
, Cotgrave † Alors ces heureux noms, sans elite et sans choix, Luiront dans mes escrits plus que les noms des rois
, D'Aubigné, Tragiques, Feux.
ÉTYMOLOGIE
Wallon, lûre ; provenç. luzer, luzir ; cat. lluir ; esp. lucir ; ital. lucere ; du lat. Lucēre, (voy. LUEUR). La forme luire suppose que l'e avait été abrégé par une fausse prononciation et était devenu lucĕre. On trouve aussi luisir, qui est la forme correcte.