« lustre », définition dans le dictionnaire Littré

lustre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

lustre [1]

(lu-str') s. m.
  • 1Le brillant et le poli que l'on donne à un objet ou qu'un objet a naturellement. Une perle… D'assez de lustre, pour être La marque d'un si beau jour, Malherbe, II, 5. Sublimé et esprit de vin, pour donner le bel œil et le lustre, Réglem. sur les manuf. août 1669, Teint. en laine, art. 14. Un poil court [chez le zèbre] dont le lustre augmente encore la beauté des couleurs, Buffon, Morceaux choisis, p. 181. Un trait de noir tombe de la gorge sur la poitrine, qui est ainsi que l'estomac d'un noir relevé d'un beau lustre violet, Buffon, Ois. t. XV, p. 155.

    En ce sens, il ne se dit pas au pluriel.

  • 2Composition dont les pelletiers et les chapeliers se servent pour rendre luisants les manchons et les chapeaux. Un bon lustre. Les lustres ne sont pas les mêmes dans les différents ateliers.
  • 3 Fig. Éclat que l'on compare au brillant des choses lustrées. Ne me reprochez plus que par mes cruautés Je tâche à conserver mes tristes dignités ; Je dépose à vos pieds l'éclat de leur faux lustre, Corneille, Poly. V, 6. La prison de M. le Prince avait ajouté un nouveau lustre à sa gloire, La Rochefoucauld, Mém. 148. On peut donner du lustre à leurs inventions [des anciens] ; On le peut, je l'essaie ; un plus savant le fasse, La Fontaine, Fabl. II, 1. Pâleur… dont la cause était telle, Qu'elle donnait du lustre à notre belle, La Fontaine, Court. Je veux vous faire voir cette méthode dans tout son lustre, Pascal, Prov. VII. Le cabinet de M. de Coulanges est trois fois plus beau qu'il n'était ; vos petits tableaux sont en leur lustre et placés dignement, Sévigné, 10 nov. 1673. Parlerai-je de sa prudence si avisée dans la conduite de sa maison [un couvent] ? chacun sait que sa sagesse et son économie en a beaucoup relevé le lustre, Bossuet, Yol. de Monterby. Aimez donc la raison ; que toujours vos écrits Empruntent d'elle seule et leur lustre et leur prix, Boileau, Art p. I. C'est un homme qui est de mise un quart d'heure de suite, qui, le moment d'après, baisse, dégénère, perd le peu de lustre qu'un peu de mémoire lui donnait, et montre la corde, La Bruyère, II. Le malheur ajoute un nouveau lustre à la gloire des grands hommes, Fénelon, Tél. XX.

    Servir de lustre, se dit de ce qui, par le contraste de son imperfection, fait valoir davantage l'agrément, le mérite d'une personne ou d'une chose.

    En ce sens, lustre ne se dit pas au pluriel.

  • 4Chandelier de cristal, de cuivre ou d'autre substance, à plusieurs branches qu'on suspend au plafond. Puis cet homme et son fils le portent [l'âne] comme un lustre, La Fontaine, Fabl. III, 1. Il entre à l'appartement et passe sous un lustre où sa perruque s'accroche et demeure suspendue, La Bruyère, XI.

    Particulièrement. Grand lustre garni de lumières qu'on suspend au milieu d'une salle de spectacle. Se placer sous le lustre au parterre.

    Chevalier du lustre, claqueur qui se tient ordinairement au parterre sous le lustre dans un théâtre.

  • 5Lustre d'eau, nom vulgaire de l'hottone des marais (primulacées).

    Un des noms de la charagne vulgaire (characées), dite aussi girandole d'eau, charagne, et herbe à écurer, Legoarant

HISTORIQUE

XVIe s. Elle apparoist tousjours sur toutes les plus belles, Et leurs perfections font lustre à sa beauté, Desportes, Diverses amours, XL, stances. Ainsi comme les escus faulx, et qui ne sont pas de bon aloy representent seulement le lustre de la splendeur de l'or…, Amyot, Comm. discerner le flatteur de l'ami, 5. Chasque chose a plusieurs biais et plusieurs lustres [aspects], Montaigne, I, 272. S'arrester à l'escorce, ou regarder la chose par quelque faulx lustre, Montaigne, II, 101. Un roi use bien de la perfidie de ses ennemis, quand il la fait servir de lustre à sa foi, D'Aubigné, Hist. III, 467. Si tost que [vous ligueurs] veistes qu'on parloit à vous à coups de canon, et que le roy de Navarre estoit venu assister et secourir son frere [Henri III], la frayeur vous saisit tellement au lustre des escharpes blanches [celle des protestants], que ce fut à vous de vous retirer en diligence par des chemins esgarez, Sat. Mén. Harangue d'Aubrai.

ÉTYMOLOGIE

Lat. lustrare, purifier, nettoyer, d'où dérivent tous les sens actuels de lustre : brillant, poli, éclat, ustensile portant plusieurs lumières ; et, comme lustre, espace de cinq ans, tient aussi à lustrare, on voit que lustre tient à lustrum par l'intermédiaire de lustrare. Lustrare, dénominatif de lustrum, tient par le radical à luo, lavo, laver.