« moquerie », définition dans le dictionnaire Littré

moquerie

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

moquerie

(mo-ke-rie) s. f.
  • 1Action de se moquer. C'est une chose bien remarquable sur ce sujet, que, dans les premières paroles que Dieu a dites à l'homme depuis sa chute, on trouve un discours de moquerie et une ironie piquante, selon les Pères, Pascal, Prov. II. Cette belle faiblesse naturelle et cette disposition aux larmes qui ont été l'objet de la moquerie de votre fermeté et de votre philosophie, Sévigné, 25 mai 1680. De peur d'exposer une si grande vérité à la moquerie, Bossuet, Hist. II, 5. Nos beaux jours sont finis, nos honneurs sont passés ; Bientôt vous allez voir vos froides rêveries Du public exciter les justes moqueries, Boileau, Ép. X. La moquerie est souvent indigence d'esprit, La Bruyère, V. La moquerie est, de toutes les injures, celle qui se pardonne le moins… elle attaque l'homme dans son dernier retranchement, La Bruyère, XI. La moquerie a cela de particulier, qu'elle nuit essentiellement à ce qui est bon, mais point à ce qui est fort, Staël, Allem. III, 21. La raillerie, la fine moquerie de Pascal a fait ce que n'avaient pu les arrêts, les édits, a chassé de partout les jésuites, Courier, Pamphlet des pamphlets.
  • 2Chose absurde, impertinente. C'est une moquerie que de vouloir soutenir une telle proposition.

SYNONYME

MOQUERIE, PLAISANTERIE. Par la moquerie on tourne en ridicule ; elle est donc toujours plus ou moins offensante. La plaisanterie n'a point nécessairement ce caractère ; sans doute elle peut être outrageante, mais elle peut aussi être innocente, obligeante, piquante.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et mons Philippe dit que je disoie voir [vrai] ; car il ne le disoit que par moquerie, Joinville, 250.

XIVe s. Pluseurs se esjoissent… plus que il n'appartient en oïr et escouter… moqueries des autres, Oresme, Eth. 136. Quant au bord du fossé vint li ducs chiere lie, Et voit les assaillans faisant grant envaïe, Or voit bien et congnoist que c'est sans moquerie, Guesclin, V. 19997. Car qui est povrez homs, vous vez que Diex l'oblie ; Et li mondes en fait aussi se [sa] moquerie, Baud. de Seb. I, 586. Ele l'a prié que il ne la vueille pas lessier estre à moquerie et à derision de leur anemis, Bercheure, f° 20, verso.

XVe s. Je rompiz la parolle et la convertiz en moquerie, Commines, IV, 11.

XVIe s. Un traict de moquerie, Amyot, Lyc. 19. Mocqueries, folatreries et menteries joyeuses, Rabelais, Garg. I, prologue. C'est une espece de mocquerie et d'injure de vouloir faire valoir un homme par des qualitez mesadvenantes à son rang, Montaigne, I, 288.

ÉTYMOLOGIE

Moquer ; bourguig. môque.