« mousse.3 », définition dans le dictionnaire Littré

mousse

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

mousse [3]

(mou-s') s. f.
  • 1Nom des plantes cryptogames cellulaires, à fructification apparente et à tiges distinctes, à folioles vertes ou autrement colorées, disposées régulièrement sur la tige, et offrant un rhizome d'où partent des radicules cellulaires. On les eût vus sur la mousse, Lui, sa femme et maint petit ; Ils n'avaient tapis ni housse, Mais tous fort bon appétit, La Fontaine, Fabl. V, 7. Un rossignol sait faire son nid, et le construit quand il a trouvé de la mousse, Voltaire, Princ. d'action, ch. 12. À des parterres émaillés de fleurs succèdent de grands tapis de mousse et des gazons dont cent ruisseaux entretenaient la verdure, Diderot, Mém. t. IV, p. 343, dans POUGENS. Une des qualités de la mousse est de retenir longtemps l'humidité, et de n'en retenir que ce qui est nécessaire pour la végétation ; c'est apparemment la raison pourquoi les plantes qui y croissent poussent de plus longues tiges que celles qui croissent dans la terre, Bonnet, Hist. nat. Mém. Œuvr. t. III, p. 214, dans POUGENS. Ç'avait été le célèbre M. Gleditsch, de l'académie de Prusse, qui avait tenté le premier d'élever des plantes dans la mousse ; je l'ignorais lorsque je tentai mes premières expériences, Bonnet, ib. p. 261. Dans les forêts prochaines La mousse épaisse et verte Abonde au pied des chênes, Hugo, les Voix intérieures, VIII.

    Un lit de mousse, la mousse prête à recevoir ceux qui veulent s'étendre dessus. Le désir cherche un lit de mousse, Le monde est loin, l'herbe est si douce, Béranger, Champs.

  • 2Mousse de Corse, nom donné à un mélange d'ulves, de coralline, de diverses conferves et d'un grand nombre de fucus ; elle est anthelminthique.

    La véritable mousse de Corse est la gigartine helminthocorton (floridées), appelée aussi coralline de Corse.

    Mousse d'lslande, nom vulgaire du lichen d'Islande.

    Mousse du Nord, le lichen des rennes.

  • 3Mousse verte, mousse qui, pendant l'hiver et dans les temps humides, couvre les troncs d'arbre et les murs exposés au nord.

    Mousse aquatique, substance verte qui couvre les eaux croupissantes. La petite mousse produite par la moisissure est peut-être la seule plante microscopique dont on ait parlé, Buffon, Hist. anim. ch. I, t. III, p. 21.

    Mousse, l'espèce de moisissure qui vient sur la tête des vieilles carpes, où il s'amasse parfois assez de limon pour que des plantes de la famille des conferves s'y développent.

  • 4Mousse terrestre, nom vulgaire du lycopode.
  • 5Écume qui se forme sur l'eau et sur quelques liqueurs quand on les bat ou qu'on les verse de haut. La mousse du vin de champagne. On vous sert un pot de bière en bel étain, la mousse aux bords, Beaumarchais, Mar. de Figaro, III, 5. Lorsque la liqueur est visqueuse, comme la bière, les bulles d'air, ne pouvant crever leurs enveloppes, emportent, en s'élevant, la liqueur en forme de mousse, Brisson, Traité de physique, t. II, p. 139, dans POUGENS.

    Fig. Esprit pétillant. C'est de l'aimable secousse De nos esprits enflammés Que naît la brillante mousse Par qui nos sens sont charmés, Chaulieu, à Mme D.

  • 6Chez les pâtissiers, espèce de crème fouettée dans laquelle on mêle du chocolat, de la vanille, etc.

    Fig. On n'oublia rien pour réaliser les soupçons [de jansénisme] sur le curé, mais on ne trouva que de la mousse qui ne put prendre, Saint-Simon, 274, 203.

  • 7Mousse pierreuse, espèce de polypier.
  • 8Mousse en haie, la fauvette babillarde.

    PROVERBE

    Pierre qui roule n'amasse pas de mousse, c'est-à-dire il ne faut pas changer constamment, il faut se fixer, si l'on veut profiter.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et la mesenge a empoignié Plain son poing de mouse et de foille, Ren. 1771.

XVIe s. Les gens de guerre estoient contraints de prendre de la mousse et de l'algue qui croist en la mer, Amyot, Cés. 68. Voyez ici frere Jan des Entommeures ; la mousse luy est creue on gousier par faulte de remuer et exercer les badigouinces et mandibules, Rabelais, Pant. IV, 49.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, mosai ; nam. mosè, mosia ; provenç. mossa ; esp. musco, musgo ; port. musgo ; ital. musco, muschio ; du lat. muscus. L'italien et l'espagnol viennent du latin muscus. Le wallon vient d'un diminutif muscellus. Restent le français et le provençal, qui se rattachent plus directement à l'ancien haut-allemand mos, mousse. Mais là sans doute il y a eu confusion entre le radical germanique et le radical latin. On pourrait être tenté de séparer mousse, plante, de mousse, écume, et tirer celui-ci de l'allemand Mos ; mais Mos signifie seulement la plante et non l'écume ; on peut donc penser que la mousse écume a été dite ainsi par une assimilation de mollesse, de boursouflure avec la mousse, plante.