« noblement », définition dans le dictionnaire Littré

noblement

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

noblement

(no-ble-man) adv.
  • 1À la manière des nobles. Le parlement jugea que les enfants de Jean le Maître devaient partager noblement, Voltaire, Mœurs, 58.

    Vivre noblement, vivre en noble sans avoir d'autre profession que celle des armes. Un tel vit noblement, il mange son bien avec honneur, Massillon, Carême, Mauvais riche.

    Terme de jurisprudence féodale. Tenir noblement une terre, la tenir en fief.

  • 2 Fig. D'une manière noble, élevée, généreuse… Qu'une digne main par moi-même animée, Dans ton champ de bataille, aux yeux de ton armée, T'immole noblement, Corneille, Pomp. IV, 4. La constance par laquelle, n'ayant pu vaincre sa destinée, elle en a si noblement soutenu l'effort, Bossuet, Reine d'Anglet. Voyez si jamais un particulier traita si noblement ses intérêts, Bossuet, Louis de Bourbon. Elle n'a été grande que pour servir Dieu noblement, riche que pour assister libéralement les pauvres de Jésus-Christ, Fléchier, Mme d'Aiguillon. Dans un noble projet on tombe noblement, Boileau, Longin, Sublime, ch. 11. …Nous l'avons rencontré De morts et de mourants noblement entouré, Racine, Bajaz. V, 11. Un caractère vif, ferme, noblement audacieux, et qui rendait l'éloquence plus impérieuse, un extérieur agréable et animé qui s'accordait au discours et le soutenait, ce furent les talents qu'il apporta à la prédication, Fontenelle, Saurin. Il y a une fameuse lettre de Pétrarque qui reproche à l'empereur sa faiblesse ; Pétrarque était digne d'apprendre à Charles IV à penser noblement, Voltaire, Ann. Emp. Charles IV, 1355. Arts trop pernicieux dont l'éclat les captive, à nos vrais chevaliers noblement inconnus, Voltaire, Tancr. I, 1. Il est trop difficile de penser noblement, quand on ne pense que pour vivre, Rousseau, Conf. IX.
  • 3 Fig. Qui a, dans le style et dans les beaux-arts, un caractère élevé. Il faut dire noblement les plus petites [choses] ; elles ne se soutiennent que par l'expression, le ton et la manière, La Bruyère, V. Ces lions du capitole sont noblement paisibles, Staël, Cor. IV, 4.

HISTORIQUE

XIIIe s. Couronnés fu si noblement et si richement come l'en couronnoit, à celui tans, les empereors grieus, Villehardouin, LXXXVIII. Un très riche chastel qui siet très noblement [entre deux rivières], Berte, IX. Mout a li rois Pepins noblement receü Le bon roi de Hongrie, ib. CXXIII. Faites vous bien à blasmer, quant vous estes plus noblement vestu que le roy, Joinville, 195.

XIVe s. Justin en raconte l'istoire moult noblement, Oresme, Eth. v, 9.

XVIe s. On dit que sa mere estoit née noblement, et qu'elle a toujours vescu honorablement, Amyot, Cicér. 1. Si le pere est noble, vivant noblement, et la mere roturiere, les enfants procreez d'eux seront nobles, et suivront la condition du pere, Coust. gén. t. II, p. 1035.

ÉTYMOLOGIE

Noble, et le suffixe ment ; provenç. noblament ; catal. noblement ; espag. noblemente ; portug. nobremente ; ital. nobilmente.