« nourrisson », définition dans le dictionnaire Littré

nourrisson

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nourrisson

(nou-ri-son) s. m.
  • 1Enfant qui est en nourrice. Clitus aimait Alexandre non-seulement comme son roi, mais encore comme son nourrisson, Vaugelas, Q. C. III, 6. Et, sans s'incommoder, moyennant ce partage, Mères et nourrissons faisaient leur tripotage, La Fontaine, Fabl. III, 6. De jeunes femmes apportent leurs nourrissons devant son image [de Marie], Chateaubriand, Génie, I, I, 5. Les nourrissons de Paris, c'est-à-dire les enfants placés par les familles de toutes les classes de Paris dans les environs de la capitale, Moniteur du 27 mars 1867, p. 364, 2e col.

    Il se dit aussi au féminin, nourrissonne. Que pouvait Mambrès dans des circonstances si épineuses ? il va trouver sa chère nourrissonne au sortir du conseil, Voltaire, Taureau blanc, 4.

    Fig. De là toutes ces plantes, Nourrissons exilés des régions ardentes, Delille, Trois règnes, IV.

  • 2Dans le style soutenu, élève, en le rapportant à quelque divinité, et, particulièrement, aux Muses. J'ai rang parmi les nourrissons Qui sont chers aux doctes pucelles, Et souvent j'ose, en mes chansons, Célébrer des rois et des belles, La Fontaine, Lett. XVI. Muses, dictez sa gloire à tous vos nourrissons, Boileau, Art p. IV. Elle couvrit le jeune nourrisson de Minerve de l'égide que la sage déesse lui avait confiée, Fénelon, Tél. XVI. Le nourrisson du Pinde, ainsi que le guerrier, à tout l'or du Pérou préfère un beau laurier, Piron, Métrom. III, 7.
  • 3Poulain ou pouliche qu'on élève.

HISTORIQUE

XIIIe s. Je cuidai qu'il fust uns hermites, Et il est uns faus y pocrites. Ahi ! ahi ! quel norriçon ! Il est de piau de heriçon Envelopez desous la robe, Rutebeuf, 312.

XVIe s. Et à l'issue de leur repas, entreprenoient mille gaillardises, où toute la jeunesse de la cour abordoit pour y participer, qui estoit le premier nourrisson de cette amitié, Carloix, I, 34. Son fils mesme [d'Agrippine], son nourrisson, son empereur faict de sa main… luy osta la vie, La Boétie, Servit. volont.

ÉTYMOLOGIE

Nourrisson avait, outre la signification de celui qu'on nourrit, la signification de gouverneur, éleveur, et, au féminin, celle de nourriture, éducation. Au fond, c'est toujours le même mot ; le sens abstrait d'action de nourrir a tourné, avec changement de genre, au sens de celui qu'on élève ou de celui qui élève. Un exemple tout semblable se trouve dans prison, auquel l'ancienne langue donnait, au féminin, l'acception de prise, et, au masculin, l'acception de celui qui est pris. Nourrisson, substantif féminin, vient du latin nutritionem, de nutrire, nourrir.