« nouvelle », définition dans le dictionnaire Littré

nouvelle

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

nouvelle

(nou-vè-l') s. f.
  • 1Le premier avis qu'on reçoit d'une chose, renseignement sur quelque chose de lointain, de caché, d'ignoré. Ma sœur, que je vous die une bonne nouvelle, Corneille, Hor. III, 8. Allez à la princesse en porter la nouvelle, Corneille, Rod. IV, 3. L'autre grille déjà de conter la nouvelle ; Elle va la répandre en plus de dix endroits, La Fontaine, Fabl. VIII, 6. Il brûle de parler, bien plus que nous d'entendre ; Sa nouvelle lui pèse, il veut s'en décharger ; Et ne l'écouter pas est le faire enrager, Molière, Mélicerte, I, 3. Puisque cela vous incommode, je rengaîne ma nouvelle, et m'en retourne droit comme je suis venu, Molière, Am. magn. V, 1. Il doit bien vous mander des nouvelles, car il a vu Dangeau qui en sait beaucoup, Sévigné, 510. Qu'ils [les hommes qui cherchent Dieu] se consolent, je leur annonce une heureuse nouvelle : il y a un libérateur pour eux, Pascal, Pens. XVI, 16, édit. HAVET. Il n'est pas si difficile d'avoir des nouvelles de Valladolid, Pascal, Prov. XI. Je souhaitais en entendre un mot de lui ou de vous, non point par manière de nouvelle, mais pour me confirmer une chose que je souhaite avec tant de passion, Sévigné, 27 mars 1671. Ô nuit désastreuse, ô nuit effroyable où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte ! Bossuet, Duch. d'Orl. Une heure après, on apporta la nouvelle d'une grande bataille gagnée, Bossuet, Reine d'Anglet. Le Rhin tremble et frémit à ces tristes nouvelles, Boileau, Ép. IV. Peut-être il te souvient qu'un récit peu fidèle De la mort d'Amurat fit courir la nouvelle, Racine, Bajaz. I, 1. Trop heureux d'avoir pu par un récit fidèle De leur paix en passant vous conter la nouvelle, Racine, ib. III, 2. Il sort ; quelle nouvelle a frappé mon oreille ? Racine, Phèdre, IV, 5. Pour tâcher d'en savoir des nouvelles, Fénelon, Tél. II. Quelques-uns consentiraient à voir une autre fois les ennemis aux portes de Dijon et de Corbie, à voir tendre des chaînes et faire des barricades, pour le seul plaisir d'en dire ou d'en apprendre la nouvelle, La Bruyère, X. Depuis qu'une troupe de petits-maîtres s'est mêlée parmi nous [nouvellistes], nous ne savons plus où nous en sommes ; à peine ouvrons-nous la bouche pour dire une nouvelle, qu'un de ces jeunes gens propose de parier contre, Montesquieu, Lett. pers. 130. Les bonnes nouvelles sont toujours retardées, et les mauvaises ont des ailes, Voltaire, Lett. Mme Denis, 16 mars 1752. Il [Gui Patin] sert à faire voir combien les auteurs contemporains qui écrivent précipitamment les nouvelles du jour, sont des guides infidèles pour l'histoire, Voltaire, Louis XIV, Écrivains, Patin.

    Faire la nouvelle, être dit et occuper l'attention en qualité de nouvelle. À la veille d'une guerre qui fait présentement la nouvelle publique, Sévigné, 26 août 1688. Voici une querelle qui faisait la nouvelle de Saint-Germain, Sévigné, 11 déc. 1673. Il m'a dit que la contusion du marquis [le jeune Grignan] avait fait une nouvelle de Versailles, et le plus agréablement du monde, Sévigné, 19 nov. 1688.

    Faire nouvelle, n'être pas su, connu. Après cela, vous apprenez dans le public que j'ai été très mal, et que je le suis encore ; cela fait nouvelle pour vous, Rousseau, Corresp. t. I, p. 181, dans POUGENS.

    Être à la source des nouvelles, être au lieu où se passent les choses les plus importantes.

    Nouvelles de basse-cour, d'antichambre, des nouvelles sans fondement, telles que celles qui se débitent parmi les domestiques de la basse-cour ou de l'antichambre.

    On dit dans le même sens : nouvelles de l'arbre de Cracovie ; locution prise du nom d'un arbre antique du jardin du Palais-Royal, qui y existait avant la construction des arcades en 1783, et autour duquel les nouvellistes tenaient leurs séances.

    Familièrement. Vous m'en direz des nouvelles, c'est-à-dire vous verrez que j'ai raison. Dans un ménage il faut de petites querelles ; Tu m'en diras bientôt toi-même des nouvelles, Collin D'Harleville, Optimiste, III, 5.

    Vous m'en direz des nouvelles, vous verrez combien la chose est bonne, mauvaise, etc. selon ce dont il est question. Qu'un autre étranger y tienne, s'il peut, trois ans, comme je l'ai fait, et puis qu'il m'en dise des nouvelles, Rousseau, Lett. à Panckoucke, 2 mai 1765. Notre vigne n'est point si chétive qu'on voudrait bien le faire croire… un jeune plant s'élève… laissez-le croître cinq ou six ans encore, et vous m'en direz des nouvelles, Courier, 2e lett. particul.

    Vous en pouvez dire des nouvelles, vous êtes mieux instruit de cela que personne. Vous pouvez mieux qu'une autre en dire des nouvelles, Corneille, Othon, IV, 4.

    Je puis en dire, en savoir des nouvelles, je le sais pertinemment. Qui peut en savoir plus de nouvelles que vous ? Pascal, Prov. IV.

    On n'en a eu ni vent ni nouvelle, se dit d'une chose perdue, d'une personne dont on ne sait où elle est.

    Avoir nouvelle, entendre parler. J'ai nouvelle de tous côtés que les ennemis s'assemblent pour venir attaquer mes lignes, Pellisson, Conversat. de Louis XIV devant Lille, p. 57. Avaient-ils [les anciens astronomes] nouvelle d'un autre mouvement [des corps célestes], c'était aussitôt un autre ciel de cristal, Fontenelle, les Mondes, 1er soir.

    Fig. Il y a bien des nouvelles, voici bien des nouvelles, on dit de grandes nouvelles, c'est-à-dire la face des choses, des affaires est bien changée, il est survenu quelque chose de surprenant, d'important.

    Fig. En voici la première nouvelle, se dit d'une chose dont on n'avait aucune connaissance et qui surprend.

    Fig. Point de nouvelles, n'y comptez pas, cela est inutile, il n'en sera rien, il n'en est rien. Mais de l'argent, point de nouvelles, Régnier, Épît. III. Je vous rends, leur dit-il, mille grâces, les belles, Qui m'avez si bien tondu ; J'ai plus gagné que perdu ; Car d'hymen point de nouvelles, La Fontaine, Fabl. I, 17. Vos hirondelles auront beau m'appeler, point de nouvelles, Sévigné, 92. Par combien de circonstances on voit la destinée [dans la mort de l'évêque d'Évreux] : s'opiniâtrer à vouloir premièrement qu'il se remette en équipage à quatre-vingts ans, des chevaux neufs, point de postillon, les avertissements de tout le monde ; point de nouvelles, il faut qu'il périsse, Sévigné, 11 sept. 1680. Ma main droite ne veut entendre encore à nulle autre proposition qu'à celle de vous écrire ; je l'en aime mieux ; on lui présente une cuiller, point de nouvelles ; elle tremblote et renverse tout, Sévigné, 17 av. 1676. On la voulut faire confesser [la Voisin, empoisonneuse], point de nouvelles, Sévigné, 23 fév. 1680. Il devait tout arranger pour que mon mariage se fît secrètement demain, et point de nouvelles ! Beaumarchais, Barb. de Sév. I, 5.

    Terme de guerre. Envoyer aux nouvelles, détacher quelques cavaliers pour battre l'estrade et découvrir ce que font les ennemis. Le roi ayant envoyé Cavois aux nouvelles, il revint bientôt après, et apprit le véritable état des choses, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 339, dans POUGENS.

    On ne sait point de nouvelles, on est sans nouvelles de ce pays, de cette armée, on n'en a point reçu de lettres, on ignore ce qui s'y passe.

  • 2Nouvelle se dit aussi de ce que l'on apprend sur le compte des personnes. Pour aller demander des nouvelles de mon père, Fénelon, Tél. I. Pourquoi faut-il que j'apprenne de tes nouvelles par d'autres que par toi ? Montesquieu, Lett. pers. 51.

    Demander des nouvelles de quelqu'un, demander quel est l'état de sa santé. Tout le monde fut surpris lorsqu'il entra, et il n'y eut personne qui ne lui demandât de ses nouvelles, excepté madame de Clèves, qui demeura auprès de la cheminée sans faire semblant de le voir, La Fayette, Princ de Clèves, Œuv. compl. t. II, p. 115, dans POUGENS. Vous démêlerez, s'il vous plaît, cette grande affaire ; cependant, je vous demande de vos nouvelles, Sévigné, 30 juillet 1677. Je vis M. le Duc chez Mme de La Fayette ; il me demanda de vos nouvelles avec empressement, Sévigné, 3 avril 1671.

    Avoir des nouvelles de quelqu'un, être informé de l'état de sa santé. Je sens par ce petit chagrin, quelle consolation c'est d'avoir des nouvelles d'une personne que l'on aime beaucoup ; cela rapproche ; on est occupé des pensées que cela jette dans l'esprit, Sévigné, 231. Elle m'a demandé si j'avais de vos nouvelles, Sévigné, 261.

    Envoyer savoir des nouvelles de quelqu'un, envoyer demander quel est l'état de sa santé. Dès le lendemain que je serai à Meaux… j'enverrai apprendre des nouvelles de Madame [l'abbesse de Jouarre], Bossuet, Lett. abb. 154.

    Mandez-moi de vos nouvelles, écrivez-moi, faites-moi savoir l'état où vous êtes, ce que vous faites.

    Recevoir des nouvelles de quelqu'un, recevoir de ses lettres. Il est en Amérique, je reçois de loin en loin de ses nouvelles.

    Vous aurez, vous entendrez de mes nouvelles, se dit par menace à quelqu'un à qui on veut infliger quelque punition, ou dont on prétend se venger ; ou simplement, sans menace : je vous répondrai. Il est bien vrai que l'on m'annonce Les lettres de maître Clément ; Il a beau m'écrire souvent, Il n'obtiendra point de réponse ; Je ne serai pas assez sot Pour m'embarquer dans ces querelles ; Si c'eût été Clément Marot, Il aurait eu de mes nouvelles, Voltaire, Poésies mêlées, 206.

    Fig. Je sais de vos nouvelles, je sais de vos aventures secrètes. J'ai appris de vos nouvelles, déloyale j'ai appris de vos nouvelles ; on vient de me rendre compte de vos perfidies, Lesage, Turcaret, II, 3. Le monde sait de mes nouvelles, Mais on y rit de tout cela, Béranger, Éduc.

    Ne faites rien que vous n'ayez de mes nouvelles, que je ne vous aie donné, que vous n'ayez reçu de mes nouvelles, c'est-à-dire n'agissez pas sans que je vous aie fait savoir quelque chose de nouveau sur l'affaire dont il s'agit.

  • 3Écrit qui raconte ce qui se passe de nouveau. Nouvelles politiques, littéraires, etc.

    Nouvelles ecclésiastiques, gazette qui s'imprimait furtivement et qui était rédigée en faveur des jansénistes.

    S. m. pl. Se dit souvent des journaux, surtout en province. Aimer à lire les nouvelles.

  • 4Nouvelles à la main, nouvelles qu'on distribue non imprimées. Ces mémoires de Dangeau n'étaient que des nouvelles à la main, Voltaire, Louis XIV, 26. Gazettes étrangères, nouvelles à la main, à la bouche, à la presse, journaux… tout est à son usage, Beaumarchais, 4e mémoire.
  • 5Sorte de roman très court, récit d'aventures intéressantes ou amusantes. Les Espagnols avaient le secret de faire de petites histoires qu'ils appellent nouvelles, qui sont plus à notre usage et plus à la portée de l'humanité, que ces héros imaginaires de l'antiquité, Scarron, Rom. com. I, 21. Il conclut que, si l'on faisait des nouvelles en français aussi bien faites que quelques-unes de celles de Michel de Cervantès, elles auraient cours autant que les romans héroïques, Scarron, ib. Vous avez conçu le plan d'un roman héroïque, cela est fâcheux, vos méditations sont perdues ; ceci ne formera qu'une nouvelle dans laquelle nos rôles ne seront pas fort brillants, Genlis, Vœux téméraires, t. I, p. 117, dans POUGENS.

    Les Cent nouvelles nouvelles, titre d'un recueil de contes fort libres qu'on dit (mais cela est contesté) avoir été composés par Louis XI, lorsqu'il était encore Dauphin, et par quelques seigneurs de son intimité.

PROVERBES

Personne n'en est revenu dire des nouvelles, se dit de l'autre monde, de l'autre côté du tombeau.

Point de nouvelles, bonnes nouvelles, quand on ne reçoit point de nouvelles d'une personne, on doit présumer qu'il ne lui est point arrivé de mal.

Il ne faut pas dire les nouvelles de l'école, c'est-à-dire il ne faut pas divulguer ce qui se passe de particulier dans une société dont on est.

HISTORIQUE

XIe s. Jo atendeie de te [toi] bones noveles ; Mais or les vei [je les vois] si dures et si pesmes [mauvaises], St Alexis, XCVI. N'orrat [n'entendra] do vus paroles ne nuveles, Ch. de Rol. IV. [Il] N'en descendrat pour mauvaises nuveles, ib. LXII. Males nuveles [il] lui aportat et dit, ib. CCLV.

XIIe s. Il lui enquiert noveles dont il sait à foison De duel [deuil] et de domage et de confusion, Sax. XI. Tant [elle] fu sage et courtoise et de belle façon, Que noveles en vinrent au saisne [saxon] Brunamont, ib. III.

XIIIe s. Par toute la cité la nouvele en ala, Berte, LXXVIII. Par trestout le royaume la nouvele s'estent, ib. CXXXIII. Cil jour, leur vindrent les novelles, que moult des pelerins s'en aloient par autres chemins à autre part, Villehardouin, XXXII. Fai, se tu pues [peux], chose qui plaise As dames et as damoiseles, Si que els oient bonnes noveles Dire de toi et raconter, la Rose, 2132. Et li tuerent les Tartarins tant de sa gent, que l'en n'oy puis nouvelles de li, Joinville, 212.

XIVe s. En celle année apparurent maintes nouvelles : à Rosay en Brie le vin fut mué en sang, et le pain en chair sensiblement ou sacrement de l'autel, Chr. de St-Denis, f° 25, dans LACURNE.

XVe s. Ceux de la partie messire Olivier de Cliçon disoient que ces nouvelles estoient faites à la main, et tout pour briser la chevauchée du roi, Froissart, III, IV, 29. Plusieurs grands barons s'en vinrent en France pour savoir des nouvelles, Froissart, II, II, 72. Et les vins les meilleurs dont se peult adviser… d'eaux n'estoit nouvelle, Commines, IV, 9. Martin Freschet et Jaquet Petit eurent nouvelles [débat] ensemble, pour ce que les bestes dudit Martin vindrent en une tope ou pasquier, Du Cange, novalitas. Assez tost vient à l'hostel qui mauvaise nouvelle apporte, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 242.

XVIe s. À nouvelles ouyr, oreilles ouvrir, Leroux de Lincy, ib. t. II, p. 228. Beaucoup de nouvelles ne sont sans bourdes belles, Leroux de Lincy, ib. p. 246. Bonnes nouvelles se peuvent dire en tout temps, mais les mauvaises seulement au levant, Leroux de Lincy, ib. p. 253. Hardiment heurte à la porte qui bonne nouvelle apporte, Leroux de Lincy, ib. p. 301. Telle nouvelle telle oreille, Leroux de Lincy, ib. p. 426. Assez en dit qui apporte bonnes nouvelles, Cotgrave C'est au four et au moulin où l'on sçait des nouvelles, Cotgrave Il emporta quand et soy des arondelles, et les relaschoit vers leurs nids quand il vouloit renvoyer de ses nouvelles, Montaigne, III, 96.

ÉTYMOLOGIE

Le féminin de l'adjectif nouveau, pris substantivement ; bourguig. nôvelle ; provenç. novella, novelha, noela ; espagn. novela ; ital. novella.