« paisible », définition dans le dictionnaire Littré

paisible

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

paisible

(pê-zi-bl') adj.
  • 1Qui demeure en paix, qui ne trouble pas la paix. Un homme, un caractère paisible. Et souvent bienfaiteurs paisibles De leurs plus fougueux ennemis, Gresset, Adieux aux Jésuites. Mais toi qui voyais tout avec un œil paisible, Ducis, Othello, IV, 1.

    Il se dit aussi des animaux. Un agneau paisible. Un cheval paisible.

  • 2Qui ne trouble pas la paix, en parlant des choses. Tous les moyens de réclamer contre l'injustice sont permis quand ils sont paisibles ; à plus forte raison sont permis ceux qu'autorisent les lois, Rousseau, Lett. de la mont. 9.
  • 3Qui n'est point inquiété dans la possession d'un bien. Paisible possesseur. Il [Charles II] règne paisible et glorieux sur le trône de ses ancêtres, et fait régner avec lui la justice, la sagesse et la clémence, Bossuet, Reine d'Anglet.

    Il se dit aussi des choses dont la possession n'est pas inquiétée. La Macédoine demeura paisible à sa famille, Bossuet, Hist. I, 8.

  • 4Où l'on est en paix, où il n'y a point de bruit. Ces paisibles forêts. Charmante et paisible retraite, Que de votre douceur je connais bien le prix ! Deshoulières, Idylle, la Solitude. De la paisible solitude Où, loin de toute servitude, La liberté file mes jours, Gresset, Épît. au P. Bougeant. Un jour le vigneron, sur ces côteaux paisibles, Mariant les ormeaux et les vignes flexibles, Masson, Helv. III. Vois-tu comme le flot paisible Sur le rivage vient mourir ? Lamartine, Médit. Baïa.

    Au sens actif, qui apporte la paix, le calme. Il cueillait le moly, fleur qui rend l'homme sage, Du paisible lotos il mêlait le breuvage, Chénier, l'Aveugle.

  • 5Qui n'est pas troublé, agité, en parlant des personnes. Fi ! ne me parlez point, pour être vrais amants… De ces tièdes galants, de qui les cœurs paisibles Tiennent déjà pour eux les choses infaillibles, Molière, Fâch. II, 4. Un sage ami, toujours rigoureux, inflexible, Sur vos fautes jamais ne vous laisse paisible, Boileau, Art p. I. Je sens aujourd'hui combien une âme paisible est peu propre à juger des passions, combien il est insensé de rire des sentiments qu'on n'a point éprouvés, Rousseau, Hél. I, 19.
  • 6Où il n'y a point d'agitation, de trouble. L'empire d'Orient était paisible sous Léon Thracien, successeur de Marcien, et sous Zénon, gendre et successeur de Léon, Bossuet, Hist. I, 11. Tantôt dans le sérail j'ai laissé tout paisible, Racine, Bajaz. II, 3. Pendant que tout gardait un silence paisible, Racine, Esth. II, 1. L'intérieur des familles est souvent troublé par les défiances, par les jalousies et par l'antipathie, pendant que des dehors contents, paisibles et enjoués nous trompent, et nous y font supposer une paix qui n'y est point, La Bruyère, V. Il y a dans quelques femmes… une grandeur simple, naturelle… un mérite paisible, mais solide, accompagné de mille vertus, La Bruyère, III. Comme l'ignorance est un état paisible et qui ne coûte aucune peine, l'on s'y range en foule, La Bruyère, XII. Mes idées étaient paisibles et douces, non célestes et ravissantes, Rousseau, Conf. IV. Aimables et dignes époux ! puisse le ciel les combler du bonheur que mérite leur sage et paisible amour ! Rousseau, Hél. II, 16.

HISTORIQUE

XIIe s. Tu me dunas escud de salud, et ço que jo sui paisible me ad acrüd et multeplied, Rois, p. 209.

XIIIe s. Et virent bien que l'enfant estoit du tout gueri, et que il ne trembloit en nule partie de son cors, ainçois tenoit tous ses membres fermes, fichiez et pesibles, Mir. de St Loys, p. 149. Pesible et coi Tretuit cil du monde vivroient ; Jamès roi ne prince n'auroient, la Rose, 5580. Il [le bailli] doit connoistre le bien du mal, le droit du tort, les pesivles des mellix [querelleurs], les loiax des triceurs, les bons des malvès, Beaumanoir, I, 9. Paisiules emperere et pius, Ph. Mouskes, ms. p. 118, dans LACURNE.

XVe s. Si vous prie que vous me faciez tenir paisible de cette damoiselle, tant que vous saurez la verité de ma besongne. Damoisel, dit Gariffer, je prierai la damoiselle qu'elle se deporte de vous faire villenie, Perceforest, t. II, p. 137.

XVIe s. Ilz commençeoient à souhaitter fort une vie tranquille, reposée et paisible, Amyot, Nicias, 16. Voilà le roi paisible dans son royaume, qui va faire son entrée à Rouen, D'Aubigné, Hist. I, 201.

ÉTYMOLOGIE

Paix ; wallon, pâhûl ; provenç. pazible, paizible.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PAISIBLE. Ajoutez :
7Laissé en paix. Tant qu'ils [les disciples d'Origène] se bornèrent à ergoter, ils furent paisibles ; mais, lorsqu'ils s'élevèrent contre les lois et la police publique, ils furent punis, Voltaire, Exam. import. de milord Bolingbroke, ch. XXVI.