« protester », définition dans le dictionnaire Littré

protester

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

protester

(pro-tè-sté) v. a.
  • 1Promettre fortement, assurer positivement, publiquement. Il est forcé d'être obscur, parce que l'étendue de la matière fut telle qu'on ne la peut toute expliquer, comme il nous l'a déjà protesté, Pellisson, Mém. p. les gens de lettres, p. 98. Quand il [Abner] veut lui protester à [Athalie] son ignorance, Racine L. Rem. sur Ath. V, 5. Cet intérêt vrai ou simulé que les hommes protestent aux femmes, les rend plus vifs, plus ingénieux, plus attentifs, plus gais, Diderot, Lett. à Mlle Voland, 31 juill. 1762.

    Absolument. J'aurai beau protester ; mon dire et mes raisons Iront aux Petites-Maisons, La Fontaine, Fabl. V, 4.

    Il se construit avec de et l'infinitif. Moi que vous protestez d'aimer plus que vous-même, Corneille, Sophon. I, 4. Je proteste de ne prétendre rien à tous vos biens, pourvu que vous me laissiez celui que j'ai, Molière, l'Av. v. 3.

    Il se construit avec que. De ma part je proteste en ces divines mains, Qu'au moins je forcerais tous obstacles humains, Rotrou, Antig. I, 4. Gortz se justifia, comme il put, auprès du roi de Danemark, en protestant que tout avait été fait malgré lui, Voltaire, Russie, II, 4.

  • 2 Terme de commerce. Faire un protêt. Je laisserai protester cette lettre de change, Dancourt, les Agiot. II, 1.

    Il se dit aussi des personnes. Ce négociant a été protesté plusieurs fois.

  • 3 V. n. Déclarer solennellement. Mais comme enfin le mort était votre rival, Et que le prisonnier proteste d'innocence, Corneille, Suite du Ment. I, 4. Je crois pouvoir protester contre tout chagrin, toute plainte, toute maligne interprétation, La Bruyère, les Caractères. Il [Calas roué] a protesté de son innocence sous les coups de barre ; il a cité le parlement au jugement de Dieu, Voltaire, Lett. d'Alemb. 29 mars 1762.
  • 4Particulièrement, déclarer en forme qu'on tient une chose pour illégale, qu'on ne l'accepte pas. Protester contre une résolution, contre une élection.

    Terme de palais. Protester de violence, déclarer que c'est par violence que… Il devait donc aller tout aussitôt protester de violence chez un notaire, Molière, Scapin, I, 6.

    Protester de nullité, d'incompétence, déclarer que l'on regarde une procédure comme nulle, un juge comme incompétent.

HISTORIQUE

XIVe s. Il protestoit à chascun que, se il lessoient le pont passer, il verroient les anemis assez tost en Capitole, Bercheure, f° 31, recto.

XVe s. Et en cas de reffus il protestoit des maulx qui en ensuyvroient…, Commines, IV, 5.

XVIe s. Le baptesme n'est autre chose qu'une marque et enseigne par laquelle nous protestons devant les hommes nostre religion, Calvin, Instit. 1049. Appius Clodius leur predit et protesta qu'ils ruineroient l'authorité du senat, Amyot, Cor. 29. Elle protesta tout hault, de ne faire sortir de son royaume hommes ny argent pour qui que ce soit, Carloix, VIII, 32. Il lui demande s'il estoit son serviteur, l'autre ayant protesté : Allez, dit-il, pour moi, et revenez sans parler, D'Aubigné, Faen. II, 18. Je proteste que, comme j'ay esté baptizé, ay vescu, ainsi que je veulx mourir, soubs la foy et religion…, Paroles de la Boétie mourant, dans MONT. Lett. 5.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. protestar ; ital. protestare ; du lat. protestari, de pro, en avant, et testari, attester (voy. TESTER).