« réception », définition dans le dictionnaire Littré

réception

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réception

(ré-sè-psion ; en vers, de quatre syllabes) s. f.
  • 1Action par laquelle on reçoit. Accuser réception d'une lettre, d'un paquet. Il [Napoléon à Moscou] appelle tous ses généraux, il triomphe en leur annonçant une paix toute prochaine : quinze jours d'attente suffiront… à la réception de sa lettre, on verra Pétersbourg faire des feux de joie, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 10.

    L'action de recevoir en son corps. La réception des deux symboles [le pain et le vin de l'eucharistie], Bossuet, Déf. trad. sur la communion, II, 14.

  • 2 Terme de palais. Réception de caution, acte par lequel on est accepté comme caution.

    Terme de féodalité. Réception en foi et hommage, action du seigneur qui reçoit l'hommage de son vassal.

  • 3Manière de recevoir une personne, accueil. Je verrai madame Martel ; la réception que son mari vous a faite mérite bien cette politesse, Sévigné, 139. Toute la cour alla à Vaux, et M. Fouquet joignit à la magnificence de sa maison toute celle qui peut être imaginée par la beauté des divertissements et la grandeur de la réception, La Fayette, Hist. Henr. d'Anglet. J'ai lu avec grand plaisir l'exacte relation que vous m'avez envoyée de la réception de nos deux jeunes princes [le duc de Bourgogne et le duc de Berry] dans votre illustre ville [Lyon], Boileau, Lett. à Brossette, 16. On l'attendait, tout était prêt pour sa réception, Genlis, Mlle de la Fayette, p. 336, dans POUGENS. Deux chevaliers se faisaient joyeuse réception jusqu'au lever du soleil, Chateaubriand, Génie, IV, VI, 8.

    À ma réception, en me recevant. Sont-ce là les faveurs que vous m'aviez promises ? Où sont tant de baisers dont votre affection Devait être prodigue à ma réception ? Corneille, Mél. V, 3 (1res éditions).

    Il se dit aussi de l'accueil fait aux choses. Son nom [du Cid], au bout de six cents ans, vient encore de triompher en France ; il y a trouvé une réception trop favorable pour se repentir d'être sorti de son pays et d'avoir appris à parler une autre langue que la sienne, Corneille, Cid, Épître. Ainsi il m'a fallu nécessairement faire voir quelle réception il [César] ferait à leur lâche et cruelle politique [de Ptolémée et ses ministres], Corneille, Pomp. Examen.

  • 4Action de recevoir des visites avec un certain cérémonial, à un jour déterminé. C'est jour de réception chez le ministre.
  • 5Cérémonie par laquelle une personne est installée dans une charge ou reçue dans une compagnie. La réception d'un officier. Sera-t-il dit que nos grands seigneurs ne viendront à l'Académie que le jour de leur réception ? Voltaire, Lett. Duclos, 18 août 1761. On m'a dit que Marmontel vous avait écrit le détail de la réception de Thomas [à l'Académie française] ; elle a été fort brillante, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 26 janv. 1767.

    Discours de réception, discours que chaque nouvel élu à l'Académie française prononce en séance solennelle. À sa réception, M. Patru prononça un fort beau remercîment, dont on demeura si satisfait, qu'on a obligé tous ceux qui ont été reçus depuis d'en faire autant, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 179, dans POUGENS.

  • 6Mode d'admission d'un candidat dans le grade pour lequel il se présente ou satisfait à un examen public.
  • 7Action de recevoir une pièce de théâtre, pour qu'elle soit apprise et jouée.
  • 8Introduction d'une doctrine. Ce qui me fait rapporter au siècle de saint Thomas seulement cette réception générale du péripatétisme parmi les chrétiens… c'est que…, La Mothe le Vayer, Vertu des païens, II, Aristote. Que pouvaient faire les Juifs, ses ennemis [de Jésus] ? s'ils le reçoivent, ils le prouvent par leur réception… et, s'ils le renoncent, ils le prouvent par leur renonciation, Pascal, Pens. XV, 8 bis, édit. HAVET.
  • 9 Terme d'administration. Action d'approuver, après examen, des constructions, des chemins de fer, etc. La réception des travaux.

HISTORIQUE

XIVe s. Après ce qu'il aura fait sa reception [reçu le saint Sacrement] en laditte eglise, Du Cange, receptio. Comme liberalité soit moienne vers donaction de pecunes et recepcion d'icelles, Oresme, Eth. 106.

XVe s. En matiere d'amour n'y a point de reception, et ceulx qui demandent ce qu'ils ont donné doibvent estre reputez infames et privez de tous biens d'amours, Aresta amorum, p. 160, dans LACURNE.

XVIe s. À la reception de cet ambassadeur il feit apprester trois chaires, Amyot, Sylla, 8. La reception des heureuses ou malencontreuses nouvelles, Montaigne, I, 257.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. receptio ; espagn. recepcion ; ital. ricezione ; du lat. receptionem, de receptum, supin de recipere (voy. RECEVOIR).