« raconter », définition dans le dictionnaire Littré

raconter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

raconter

(ra-kon-té) v. a.
  • 1Faire le récit de. Le roi : Sortir d'une bataille, et combattre à l'instant ! - D. Diègue : Rodrigue a pris haleine en vous la racontant, Corneille, Cid, IV, 5. Je ne vous raconterai pas la suite trop fortunée de ses entreprises [de Cromwell], Bossuet, Reine d'Anglet. Quelle partie du monde habitable n'a pas ouï les victoires du prince de Condé et les merveilles de sa vie ? on les raconte partout, Bossuet, Louis de Bourbon. On viendra étudier sur les lieux ce que l'histoire racontera du campement de Piéton et des merveilles dont il fut suivi, Bossuet, ib. Il faut que la princesse nous raconte elle-même quelle nuit elle passa dans cette attente, Bossuet, Anne de Gonz. Les apôtres prenaient plaisir à raconter au Fils de Dieu les miracles qu'ils opéraient, comment ils guérissaient les malades, et comment ils chassaient les démons, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 118. Ils suppriment quelques noms, pour déguiser l'histoire qu'ils racontent, et pour détourner les applications, La Bruyère, V. Une chose arrive aujourd'hui et presque sous nos yeux ; cent personnes qui l'ont vue la racontent en cent façons différentes, La Bruyère, XVI. Et Condé ne peut se résoudre à raconter ses actions, parce qu'il sent bien que c'est raconter ses louanges, Massillon, Or. fun. Conti. Je n'aurais jamais fini, si je voulais raconter tous les biens qu'ils ne firent pas, et tous les maux qu'ils firent, Montesquieu, Esp. X, 4. Mes amis, l'hiver dure, et ma plus douce étude Est de vous raconter les faits des temps passés, Voltaire, Gertrude. Ce que l'on raconte de l'accouplement et du produit du cerf et de la vache m'est à peu près aussi suspect que l'histoire des juments, Buffon, Quadr. t. VII, p. 246.

    Familièrement. En raconter, faire de longs récits ou des récits exagérés. Il n'en finissait pas d'en raconter. Il en raconta de belles.

    Se raconter quelque chose, s'en faire le récit à soi-même. Quand dans la tête on a plus d'une affaire, Il faut se raconter le soir ce qu'on a fait, Et le matin ce qu'on doit faire, Imbert, Jaloux sans amour, J, 2.

    Absolument. Qui raconte, exagère, Dorat, Feinte par amour, II, 8. Il va pour voir, revient pour raconter, Et raconte pour qu'on l'admire, Delille, Convers. I.

    Fig. Les cieux, qui racontent la gloire de leur créateur, n'en avaient jamais plus parlé à personne qu'à lui, et n'avaient jamais mieux persuadé, Fontenelle, Cassini.

  • 2Se raconter, v. réfl. Faire le récit de ses sentiments, de ses actions, etc. Il se raconte lui-même si naïvement qu'on lui pardonne sans aucune peine ses folles singularités, Vauvenargues, l'Enthousiaste.

HISTORIQUE

XIIe s. Li ciel recuntent la glorie Deu, e les ovres de ses mains annuncet le firmament, Liber psalm. p. 22.

XIIIe s. Je ne vous puis mie raconter toutes les paroles que li dus dist…, Villehardouin, XVIII. Dou domage ne de l'avoir et de la richesce qui là fu perdue [dans l'incendie de Constantinople], ne vos porroit nus [nul] raconter…, Villehardouin, XCI. Les letres de fin or estoient, Et en lisant cou [ce] racontoient : Ci gist la bele Blanceflor, Fl. et Bl. 668.

XIVe s. Soient racontées [comptées] les spondilles [vertèbres]…, H. de Mondeville, f° 30.

XVIe s. Et encore y a il des Naxiens qui le racomptent autrement, disans qu'il y a eu deux Minos et deux Ariadnes, Amyot, Thésée, 24.

ÉTYMOLOGIE

Re…, et aconter, aujourd'hui inusité, de à et conter.