« relâche », définition dans le dictionnaire Littré

relâche

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

relâche [1]

(re-lâ-ch') s. m.
  • 1Interruption d'une étude, d'un travail, d'un exercice. Votre majesté connaît… ces relâches de la vertu qui ne s'opiniâtre pas toujours dans la fermeté, Guez de Balzac, Disc. à la rég. Pour moi, j'ai résolu de poursuivre ma tâche ; Se donne qui voudra, ce jour-ci, du relâche, La Fontaine, Filles de Minée. L'esprit veut du relâche, et succombe parfois Par trop d'attachement aux sérieux emplois, Molière, Éc. des mar. I, 5. L'on voit clairement qu'il est rentré au collége, et que son régent ne lui donne pas un moment de relâche, Sévigné, 368. Mon esprit fatigué avait besoin d'un peu de relâche pour se livrer à de nouvelles méditations, Rousseau, Ém. V.
  • 2Intervalle dans un état pénible, douloureux. Flatteuse illusion… Tu charmais trop ma peine, et le ciel qui s'en fâche Me vend déjà bien cher ce moment de relâche, Corneille, Hor. III, 1. Souffre un peu de relâche à mes esprits troublés, Et ne m'accable point par des maux redoublés, Corneille, Poly. II, 3. Le jour qui suivit cette nuit ne donna point le moindre relâche à mon affliction, Scarron, Rom. com. II, 14. Quand aux bois Le bruit des cors, celui des voix, N'a donné nul relâche à la fuyante proie, La Fontaine, Fabl. X, 1. Dès qu'il [Newton] avait quelques moments de relâche [des souffrances que lui causait la pierre], il souriait et parlait avec sa gaieté ordinaire, Fontenelle, Newton. Je ne songe dans les moments de relâche que me donne ma mauvaise santé qu'à me rendre un peu moins indigne de vos bontés, Voltaire, Lett. au pr. roy. de Pr. 24 oct. 1737.

    Il ne donne point de relâche, se dit d'un créancier qui presse continuellement son débiteur.

  • 3Suspension dans le cours des représentations théâtrales. Il y a aujourd'hui relâche aux Français. Les relâches sont fréquents à ce théâtre. On a fait relâche pendant huit jours pour réparer la salle. On donne aujourd'hui relâche au Théâtre Français, Dict. de l'Académie. Les jours de relâche au théâtre, nous passions nos après-dîners en promenades solitaires, Marmontel, Mém. III.
  • 4Sans relâche, loc. adv. Sans discontinuer. Je ne vous quitte pas un moment, je pense à vous sans relâche, Sévigné, 18. Il fallait se résoudre à n'être jamais en paix sous l'empire d'une ville [Lacédémone] qui, étant formée pour la guerre, ne pouvait se conserver qu'en la continuant sans relâche, Bossuet, Hist. III, 5. Les bêtes et les hommes souffrent presque sans relâche, et les hommes encore davantage, Voltaire, Princ. d'action, 16. Enfin le sentiment de l'existence la poursuivait comme une douleur sans relâche, Staël, Corinne, XVIII, 2.

SYNONYME

RELÂCHE, RELÂCHEMENT. Le relâche est une cessation de travail. On en prend quand on est las ; il sert à réparer les forces. Le relâchement est une cessation d'austérité ou de zèle : on y tombe quand la ferveur diminue. L'homme infatigable travaille sans relâche. L'homme exact remplit son devoir sans relâchement (GIRARD).

HISTORIQUE

XVIe s. Ilz avoient plus tost besoing de repos et de relasche après tant de travaux endurez, que de…, Amyot, Cam. 52. Relasche de pendu, Cotgrave Il faut que ce soit avecques relasche et moderation [que l'âme doit être exercée] ; elle s'affolle d'estre trop continuellement bandée, Montaigne, III, 305.

ÉTYMOLOGIE

Voy. RELÂCHER.