« rider », définition dans le dictionnaire Littré

rider

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rider [1]

(ri-dé) v. a.
  • 1Causer des rides. C'est elle [l'âme] qui nous ride ou nous aplanit le front en un instant, selon ses mouvements intérieurs, La Mothe le Vayer, Vertu des païens, II, Socrate. Le temps aux plus belles choses Se plaît à faire un affront, Et saura faner vos roses Comme il a ridé mon front, Corneille, Stances à une marquise. Ce qui égayait les autres ridait son front [d'un spectateur, à l'école des femmes], Molière, Critique, 6. La vieillesse languissante et ennemie des plaisirs viendra rider ton visage, Fénelon, Tél. XIX.

    Fig. et poétiquement. Le vent ride la surface de l'eau, y produit de légères ondulations. Zéphire d'un souffle épuré Ride la surface de l'onde, Bernis, Quatre sais. Print.

  • 2Se rider, v. réfl. Prendre, se donner un air ridé. Ce vieillard dans le chœur a déjà vu quatre âges… à l'aspect du prélat qui tombe en défaillance, Il devine son mal, il se ride, il s'avance, Boileau, Lutr. I.
  • 3Devenir ridé. Ces joues-là se rideront un jour, Voltaire, Memnon.

    Fig. et poétiquement. Se froncer sous l'impulsion du vent. La face de la mer se ride et se noircit, Lamotte, dans DESFONTAINES.

    Avec suppression du pronom personnel. Le moindre vent qui d'aventure Fait rider la face de l'eau Vous oblige à baisser la tête, La Fontaine, Fabl. I, 22.

HISTORIQUE

XIIIe s. Mès cil qui jadis plus m'amoient, Vieille ridée me clamoient, la Rose, 13058. Ne le font mie toutes, mès aucunes le font [se farder], Quant temps ou maladie les ride, gaste ou font, Meung, Test. 1278.

XIVe s. [La dame] Si li ala querre une mance De drap lingne [linge] ridée et blance, Jean de Condé, t. II, p. 172.

XVIe s. Je ne ridois non plus le front de ce pensement là, que d'un aultre, Montaigne, I, 77. Hors mis un repentir qui le cœur me devore, Qui me ride le front, qui mon chef decolore, Du Bellay, J. VI, 11, recto. … Et que jamais son front ne ridast de vieillesse, Ronsard, 892. … Et face que les bandes soient belles à voir, et qu'elles ne rident point, Paré, XII, 2.

ÉTYMOLOGIE

Ancien espagn. en-ridar ; du germanique d'après Diez : ancien haut-allem. ga-rîdan, moyen haut-allem. rîden, tourner, tordre ; reid, crépu. Les anciens étymologistes proposaient le grec ῥυτὶς, ῥυτίδος ; mais on ne voit pas comment ce mot grec serait entré dans le français.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. RIDER. - HIST. Ajoutez : XIIe s. Chemise ridée [elle] li tret Fors de son cofre et braies blanches, Chrestien de Troyes, Chev. au lyon, V. 5412.