« rocher », définition dans le dictionnaire Littré

rocher

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rocher [1]

(ro-ché ; l'r ne se prononce pas et ne se lie pas ; au pluriel, l's se lie : des ro-ché-z escarpés ; au XVIe siècle, Palsgrave, p. 63, écrit rochier et prononce l'i et l'r) s. m.
  • 1Masse de pierre, ordinairement élevée et escarpée. Le pied d'un rocher. Comme un oiseau ravissant qu'on irait chercher parmi ses rochers et dans son nid, Bossuet, Mar.-Thér. Les cris que les rochers renvoyaient plus affreux, Racine, Mithr. II, 3. Ariane aux rochers contant ses injustices [de Thésée], Racine, Phèd. I, 1. Sur un rocher désert, l'effroi de la nature, Circé, pâle, interdite et la mort dans les yeux…, Rousseau J.-B. Cantate, Circé. Cette Samothrace, qu'on appelle aujourd'hui Samandrochi, est un rocher recouvert d'un peu de terre stérile, habitée par de pauvres pêcheurs, Voltaire, Dict. phil. Samothrace. Ce rocher, qui est impénétrable au fer de vos instruments, est un crible percé de plus de trous qu'il n'a de matière, Voltaire, Dict. phil. Apparence. À environ neuf kilomètres de Tchi-el-Minar l'ancienne Persépolis, on voit des figures gigantesques sculptées en demi-relief sur un rocher taillé à pic dans toute sa hauteur, Mongez, Inst. Mém. litt. et beaux-arts, t. IV, p. 193. L'île d'Ormus, à l'embouchure du golfe Persique, paraît être un rocher de sel, Brongniart, Traité de min. t. I, p. 133.

    Fig. Parler aux rochers, parler à des gens qui ne sont point touchés de ce qu'on dit. J'eus un aveu formel sur chaque article ; toutefois je parlais aux rochers, Saint-Simon, 304, 214.

    Fig. Cœur de rocher, âme de rocher, personne dure, insensible. Parler de l'hyménée à ce cœur de rocher…, Corneille, Mél. I, 1. Une âme de rocher ne s'en fût pas sauvée, Tant elle avait d'appas…, Corneille, le Ment. II, 5.

    Fig. Un rocher, une âme insensible. Je suis plus rocher que vous n'êtes, De le voir, et n'être pas mort, Malherbe, V, 20. Non que j'espère encore amollir ce rocher Que ni respects ni vœux n'ont jamais su toucher, Corneille, Perthar. IV, 1. J'ai peint votre respect, votre amour, votre ennui ; Mais le plus dur rocher est moins rocher que lui, Rotrou, Antig. V, 2.

    Fig. et familièrement. Faire fendre les rochers, être très pathétique. Nous nous écrivions d'un pathétique à faire fendre les rochers, Rousseau, Conf. I.

  • 2Rocher artificiel, amas de pierres qui imite un rocher naturel.
  • 3Il se dit quelquefois d'une citadelle située sur un rocher, sur une montagne. Un seul rocher ici lui coûte plus de têtes…, Racine, Alex. II, 2.
  • 4 Terme de marine. Petit îlot.
  • 5Rocher d'eau, fontaine qui figure un rocher.
  • 6 Terme d'anatomie. Une des trois portions de l'os temporal, ainsi dite à cause de sa dureté.
  • 7 Terme d'alchimie. Rocher des philosophes, fourneau chimique.
  • 8Genre de coquilles univalves (synonyme de murex).

    Rocher trompette, un des noms vulgaires du triton émaillé, qui était le murex triton de Linné, dit aussi trompette marine et conque de triton (mollusques).

  • 9Masse de mousse qui s'étend sur la bière quand cette liqueur commence à fermenter.
  • 10Rocher de confitures, assemblage de plusieurs filets confits d'écorce de citron et d'orange.

HISTORIQUE

XIIe s. Rochiers e derubes [précipices] esteient merveillus puignanz et tranchanz, par unt Jonathas dut venir al ost, Rois, p. 45.

XVIe s. Ceuxmesmes qui estoient tombez du rocher retournerent à l'eschalade, D'Aubigné, Hist. II, 264. Elle [la baleine] va errant çà et là, et souvent se froissant contre les rochiers, comme un vaisseau qui n'a point de gouvernail, Montaigne, II, 195.

ÉTYMOLOGIE

Rocher représente une forme latine roccarius, de rocca, roche ; provenç. rochier, rocat.