« rubis », définition dans le dictionnaire Littré

rubis

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rubis

(ru-bî ; l's ne se prononce pas même devant une voyelle, ce que Chifflet remarque aussi au XVIIe siècle, Gramm. p. 216) s. m.
  • 1Pierre précieuse, rouge et transparente. Telle qu'une bergère aux plus beaux jours de fête De superbes rubis ne charge point sa tête, Boileau, Art poét. II. Son turban disparaît sous les feux des rubis, Voltaire, Scythes, I, 1. Le plus gros rubis qu'on connaisse dans le monde fut apporté de la Chine au prince Gagarin, passa depuis dans les mains de Menzikoff, et est actuellement un des ornements de la couronne impériale, Voltaire, Russie, II, 12. Les royaumes de Pégu, d'Ava, d'Aracan, de Lagos, où l'on trouve les plus beaux rubis de la terre, Raynal, Hist. phil. IV, 12. L'usage du rubis est borné, à cause de sa rareté et de son peu de volume, aux bijoux et à l'horlogerie, Fourcroy, Conn. chim. t. II, p. 293. À grosseur et à qualité égales, le diamant a plus de prix que le rubis, le rubis plus que le saphir, Thenard, Traité de chimie, t. II, p. 203.

    Rubis oriental, la première des pierres de couleur pour le prix comme pour la beauté (couleur du rayon rouge du spectre solaire). Les anciens les nommaient carbunculos, escarboucles.

    Rubis balais, celui qui est d'un rouge léger.

    Rubis spinelle, rubis plutôt rose que rouge.

    Rubis blanc, variété de corindon qu'on nomme aussi saphir blanc ; pierre blanche à quatre pans.

    Rubis de Bohême, grenat d'un beau rouge ; variété de quartz hyalin.

    Rubis du Brésil, nom donné à des topazes de ce pays chauffées jusqu'à les faire rougir.

    Rubis de Sibérie, tourmaline rouge.

  • 2Faire rubis sur l'ongle, boire et vider le verre de façon qu'il y reste à peine une goutte de vin, qui, mise sur l'ongle, représente un rubis. Je sirote mon vin, quel qu'il soit, vieux, nouveau ; Je fais rubis sur l'ongle, et n'y mets jamais d'eau, Regnard, Fol. amour. III, 4.

    Fig. Rubis sur l'ongle, exactement. Faire payer rubis sur l'ongle. La sottise en est faite ; Il faut la boire : aussi la buvons-nous Rubis sur l'ongle, Piron, Contes.

  • 3Faux rubis, variété transparente de fluorine ayant la couleur de rubis.
  • 4Rose rubis, voy. ROSE, n° 6.
  • 5Un oiseau-mouche.
  • 6 Fig. et poétiquement. Il se dit des choses qui ont la forme ou la couleur du rubis. Et leurs pieds, en glissant sur la terre arrosée, En liquides rubis dispersent la rosée, Delille, Pitié, IV.
  • 7Rubis de soufre, voy. RUBINE.
  • 8 Fig. et populairement. Boutons ou élevures rouges qui viennent au nez et sur le visage. Où maints rubis balais tous rougissants de vin…, Régnier, Sat. X. Charmé de revoir l'Aurore, Le verre en main, je lui dis : Vois-tu sur la rive more Plus qu'à mon nez de rubis ? Maître Adam, (le menuisier de Nevers), Chanson bachique.

HISTORIQUE

XIIe s. [Charles] Qui des rois crestiens est topaze et rubis, Sax. XXVI.

XIIIe s. Li covercles est d'un rubi Qui à le [la] coupe se joint si, Partonop. V. 1025. En ceste isle [Ceylan] treuve l'en les rubis, et en nulle autre contrée du monde ne croissent, fors que en ceste isle, Marc Pol, p. 586. Por celi [celle] servir qui li samble Li rubis de toutes biautez, Lai de l'ombre.

XVe s. Beau nez, dont les rubis ont cousté mainte pippe De vin blanc et clairet, Et duquel la couleur richement participe Du rouge et violet, Basselin, Vau de Vire, 6.

XVIe s. Pour les lentilles, rubis ou safirs qui sont au visage, appellés à Paris tanes, l'on usera de ces remedes, De Serres, 969.

ÉTYMOLOGIE

Prov. robi et robina ; espagn. rubi ; port. rubi, rubim ; ital. rubino ; du lat. ruber, rouge. Le français devrait être rubin ; sous sa forme, il provient probablement du provençal ; l's qui y est restée est le signe de l'ancien nominatif.