« soupçonneux », définition dans le dictionnaire Littré

soupçonneux

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

soupçonneux, euse

(sou-pso-neû, neû-z') adj.
  • Qui soupçonne aisément. Mais si je m'en rapporte aux esprits soupçonneux, Vous [Pompée] aidez aux Romains à faire essai d'un maître, Sous ce flatteur espoir qu'un jour vous pourrez l'être, Corneille, Sertor. III, 2. Sans craindre ni ses envieux ni les défiances d'un ministre [Mazarin] également soupçonneux et ennuyé de son état, M. le Tellier allait d'un pas intrépide où la raison d'État le déterminait, Bossuet, le Tellier. Soit qu'il [Juvénal] fasse au conseil courir les sénateurs, D'un tyran soupçonneux pâles adulateurs, Boileau, Art p. II. Quiconque est soupçonneux invite à le trahir, Voltaire, Zaïre, I, 5. Plus d'un époux, en promenant ses vœux, Au dehors est amant volage, Au dedans mari soupçonneux, Imbert, Jaloux sans amour, I, 4.

    Substantivement. Ces maudits soupçonneux cherchent toujours quelque malheur, Lamotte, Calend. des vieillards, sc. 7.

    Terme de manége. Se dit d'un cheval qui est médiocrement peureux, un peu timide.

REMARQUE

Autrefois, soupçonneux avait également le sens de qui soupçonne, et de qui est soupçonné ou suspect. Aujourd'hui, c'est une faute de donner le sens de suspect à soupçonneux.

HISTORIQUE

XIIe s. Si fu Rous mult suspecenos, Mult ententis, mult curios, Benoit de Sainte-Maure, II, 2977.

XIIIe s. Avoi, dist-ele, biaus douz sire ? M'avez-vous donc soupeçonneuse [suspecte], Qui sui vostre loial espeuse ? la Rose, 16635. Quant tel larrecin sunt fet, la justice doit penre toz les souspeconneux [suspects], et fere moult de demandes por savoir…, Beaumanoir, XXXI, 6.

XIVe s. Fuyez compaignie souspeçonneuse [suspecte], Ménagier, I, 2.

XVIe s. Soupeçonneux comme singes de cour parmi des pages, Brantôme, Charles-Quint. Bien que toujours les monarques sceptrez Soyent soupçonneux des peuples trop lettrez, Ronsard, 692. Je suis peu desfiant et souspeçonneux, de ma nature, Montaigne, IV, 227.

ÉTYMOLOGIE

Soupçon.