« stérile », définition dans le dictionnaire Littré

stérile

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stérile

(sté-ri-l') adj.
  • 1Qui ne porte pas de fruits. Arbre stérile.

    Fig. Les Trajans et les Marc-Aurèles Sont-ils les stériles modèles Des inimitables vertus ? Voltaire, Odes, 10.

    Terme de botanique. Anthère stérile, anthère dont les loges ne contiennent pas de pollen.

    Fleur stérile, fleur ou la fécondation ne s'opère pas.

  • 2 Terme de zoologie. Qui n'engendre pas, en parlant des femelles. Femme stérile. Vache stérile. Vous êtes stérile et sans enfants ; mais vous concevrez, et vous enfanterez un fils, Sacy, Bible, Juges, XIII, 3.

    Substantivement. Une stérile, une femme stérile. C'est ce que l'ange pratique à l'égard de la sainte Vierge, lorsque, lui voulant faire entendre qu'elle pourrait enfanter et demeurer vierge, il lui apporte l'exemple d'une stérile qui a conçu, Bossuet, Panég. saint Franç. d'Ass. 2.

    Un hymen stérile, un mariage sans enfants. Je rends grâce au destin, dont la rigueur utile De mon second époux rendit l'hymen stérile, Voltaire, Oreste, I, 3.

  • 3 Par extension, qui ne produit pas. Malte n'était qu'un rocher presque stérile ; le travail y avait forcé la terre à être féconde, quand ce pays était possédé par les Carthaginois, Voltaire, Mœurs, 186.

    Fig. Ce champ si glorieux où vous aspirez tous, Si mon sang ne l'arrose, est stérile pour vous, Racine, Iphig. v, 2.

    Année stérile, année dans laquelle la récolte est mauvaise. Souvenez-vous de ces années stériles où, selon le langage du prophète ; le ciel fut d'airain et la terre de fer, Fléchier, Aiguillon.

    Filons stériles, ceux qui ne contiennent que des matières non exploitables.

    Siècle stérile en grands hommes, siècle où il y a peu de grands hommes. Ce siècle est stérile en orateurs.

    On a dit aussi : stérile de. Temps aveugles et pleins de ténèbres, malheureux en princes et stériles d'hommes, Guez de Balzac, De la cour, 2e disc.

    La saison, le temps est stérile en nouvelles, il y a peu de nouvelles en ce moment.

  • 4 Fig. Qui ne donne naissance à aucune production. Auteur stérile. C'est à vous, mon esprit, à qui je veux parler… Je ris, quand je vous vois, si faible et si stérile, Prendre sur vous le soin de réformer la ville, Boileau, Sat. IX. Clio vint l'autre jour se plaindre au dieu des vers, Qu'en certain lieu de l'univers On traitait d'auteurs froids, de poëtes stériles, Les Homères et les Virgiles, Boileau, Épigr. XXIV. [Dans la composition] on distinguera les pensées stériles des pensées fécondes, Buffon, Disc. de réc. Dans nos entretiens sérieux et philosophiques, rien de plus stérile que lui, Marmontel, Mém. VI.

    Sujet stérile, sujet qui fournit peu à l'écrivain.

    Substantivement. Il faut que l'esprit soit extrêmement fécond, judicieux et relevé, pour ne pas tomber dans le stérile, dans le confus et dans le bas, Flor. le Comte, Le cabinet des tableaux, etc. t. I, p. 65.

    Langue stérile, langue qui a peu de mots, peu de formes. La langue hébraïque est fort stérile ; la langue grecque est très abondante, Dumarsais, Œuv. t. III, p. 387.

  • 5Dont on ne retire aucun avantage, vain, inutile. Fuyez de ces auteurs l'abondance stérile, Et ne vous chargez pas d'un détail inutile, Boileau, Art p. I. L'argent, l'argent, dit-on, sans lui tout est stérile, Boileau, Épît. V. Par de stériles vœux pensez-vous m'honorer ? Racine, Athal. I, 1. Misérable vertu, nom stérile et funeste, Voltaire, Œdipe, v, 4. Qu'importent vos serments, vos stériles tendresses ? Voltaire, Orphel. I, 5.

    Louanges stériles, celles qui ne sont accompagnées d'aucune récompense.

    Admiration stérile, celle qui ne va pas jusqu'à faire imiter ce qu'on admire. Fasse l'esprit de Dieu que le récit des vertus de sainte Thérèse produise en nous, non pas une admiration stérile, mais une sincère imitation de sa sainteté ! Fléchier, Panég. sainte Thérèse.

    Savoir stérile, celui qu'on ne met point, ou qu'on ne peut point mettre à profit.

    Pitié stérile, pitié qui n'a aucun résultat pour celui qui en est l'objet.

HISTORIQUE

XIVe s. Elle meisme estoit devenue sterile, Oresme, Éth. 49.

XVIe s. Et le reste des ans que tu me feras vivre, En si sterile champ ne soit ensemencé, Desportes, Œuv. chrétiennes, sonnets, 8. Et porta Bezanczon celle parolle, qui estoit ung assez beau parlier selon la qualité qu'il estoit [avocat], avec ce qu'il ne semoit pas ses parolles en aureilles steriles, car ilz desiroient tous une mesme chose, Bonivard, Chron. de Genève, IV, 4. Il y a des sciences steriles et espineuses, Montaigne, I, 284.

ÉTYMOLOGIE

Lat. sterilis ; comparez στεῖρος, dur, sec, στεῖρα, femme stérile, στερεὸς, solide, sanscr. stari, vache stérile ; all. starr, raide.