« subtilité », définition dans le dictionnaire Littré
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subtilité
- 1Qualité de ce qui est subtil, ou de celui qui est subtil. La subtilité du poison. La subtilité d'un escamoteur. Subtilité d'esprit.
On dira que je cède à la difficulté, Que je me trouve à bout de ma subtilité
, Molière, l'Ét. III, 1.J'admirai sur ces passages de voir que la piété du roi emploie sa puissance à défendre le duel dans ses États ; et que la piété des jésuites occupe leur subtilité à le permettre et à l'autoriser dans l'Église
, Pascal, Prov. VII.Ces découvertes [des satellites] demandent une grande subtilité d'observation et une précision extrême, témoin le P. Rheita, habile d'ailleurs, qui prit de petites étoiles fixes pour de nouveaux satellites de Jupiter
, Fontenelle, Cassini.Il aura le toucher et le goût d'une rudesse extrême, la vue, l'ouïe et l'odorat de la plus grande subtilité ; tel est l'état animal en général
, Rousseau, Inég. 1re part.Si des liqueurs grasses, comme l'huile, sont admises dans les vaisseaux de beaucoup de plantes, des liqueurs spiritueuses doivent y avoir un accès bien plus facile à cause de leur subtilité
, Bonnet, Us. feuilles, 4e mém. - 2Ruse dans les affaires. La subtilité en affaires est bien voisine de la friponnerie.
Il [M. le Tellier] s'appliqua à séparer les formalités nécessaires d'avec ces procédures obliques et ces malignes subtilités que l'avarice a introduites dans les affaires
, Fléchier, le Tellier. - 3Raisonnement, distinction subtile et difficile à comprendre.
Ces subtilités admirables qui sont propres à notre compagnie [jésuites], et que nos pères de Flandres appellent de pieuses et saintes finesses et un saint artifice de dévotion
, Pascal, Prov. x.… une conversation d'une après-dînée de chez Gourville, où étaient Mme Scarron et l'abbé Testu, sur les personnes qui ont le goût au-dessus ou au-dessous de leur esprit ; nous nous jetâmes dans des subtilités où nous n'entendions plus rien
, La Fayette, Lettre à Mme de Sévigné, 4 sept. 1673, dans SÉV. édit. RÉGNIER, t. III, p. 229.Que je hais ta vaine science et ta mauvaise subtilité, âme téméraire, qui prononces si hardiment : le péché que je commets est véniel !
Bossuet, Mar.-Thér.Faisant admirer à cette nation [l'Italie] une judicieuse sincérité qui valait mieux que ses subtilités et ses adresses
, Fléchier, Duc de Mont.Une cause qui ne saurait se soutenir que par des équivoques et par de fausses subtilités
, Boileau, Longin, Sublime, Réflex. 10.Quelquefois ils [les Romains] abusaient de la subtilité des termes de leur langue ; ils détruisirent Carthage, disant qu'ils avaient promis de conserver la cité, et non pas la ville
, Montesquieu, Rom. 6.
HISTORIQUE
XIIe s. La suptiliteit de la deventriene [intérieure] parole
, Job, p. 477.
XIIIe s. Lorsque il [saint Jean l'évangéliste] reposa sor le piz [le sein] Jhesu Crist, en but il aussi com d'une fontaine ; ce fu la haute sotilleté de l'evangile
, Latini, Trésor, p. 70. Car tex [telles] gens vuelent groses choses Sans grant sottiveté de gloses
, la Rose, 17598. Li vins, quand il vint [vient] en le [la] forcele [estomac], par subtilité ne demeure mie tant qu'il soit cuit
, Alebrand, f° 6.
XIVe s. L'en n'est pas tenu assavoir les difficultés ou subtilités de droit
, Oresme, Éth. 73. Par l'ennortement et soutiveté de l'ennemi
, Charte, Arch. nation. jj85, p. 151.
XVe s. Comment on pourroit tous les pilotis oster et traire hors par force ou par soubtilleté
, Froissart, I, I, 131.
XVIe s. Les dieux vengerent cette perfide subtilité
, Montaigne, I, 27. Il avoit échappé mille fois par la subtilité de ses inventions
, Montaigne, I, 137. La subtilité du renard, la stolidité de l'asne
, Paré, Anim. 1.
ÉTYMOLOGIE
Bourg. sutillitai ; prov. sublilitat, sotiledat ; esp. sutilidad ; ital. sottilità ; du lat. subtilitatem, de subtilis, subtil. On disait aussi subtillesse.