« subtilité », définition dans le dictionnaire Littré

subtilité

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subtilité

(sub-ti-li-té ; prononcé suttilité au XVIe s. d'après PALSGRAVE, p. 113) s. f.
  • 1Qualité de ce qui est subtil, ou de celui qui est subtil. La subtilité du poison. La subtilité d'un escamoteur. Subtilité d'esprit. On dira que je cède à la difficulté, Que je me trouve à bout de ma subtilité, Molière, l'Ét. III, 1. J'admirai sur ces passages de voir que la piété du roi emploie sa puissance à défendre le duel dans ses États ; et que la piété des jésuites occupe leur subtilité à le permettre et à l'autoriser dans l'Église, Pascal, Prov. VII. Ces découvertes [des satellites] demandent une grande subtilité d'observation et une précision extrême, témoin le P. Rheita, habile d'ailleurs, qui prit de petites étoiles fixes pour de nouveaux satellites de Jupiter, Fontenelle, Cassini. Il aura le toucher et le goût d'une rudesse extrême, la vue, l'ouïe et l'odorat de la plus grande subtilité ; tel est l'état animal en général, Rousseau, Inég. 1re part. Si des liqueurs grasses, comme l'huile, sont admises dans les vaisseaux de beaucoup de plantes, des liqueurs spiritueuses doivent y avoir un accès bien plus facile à cause de leur subtilité, Bonnet, Us. feuilles, 4e mém.
  • 2Ruse dans les affaires. La subtilité en affaires est bien voisine de la friponnerie. Il [M. le Tellier] s'appliqua à séparer les formalités nécessaires d'avec ces procédures obliques et ces malignes subtilités que l'avarice a introduites dans les affaires, Fléchier, le Tellier.
  • 3Raisonnement, distinction subtile et difficile à comprendre. Ces subtilités admirables qui sont propres à notre compagnie [jésuites], et que nos pères de Flandres appellent de pieuses et saintes finesses et un saint artifice de dévotion, Pascal, Prov. x. … une conversation d'une après-dînée de chez Gourville, où étaient Mme Scarron et l'abbé Testu, sur les personnes qui ont le goût au-dessus ou au-dessous de leur esprit ; nous nous jetâmes dans des subtilités où nous n'entendions plus rien, La Fayette, Lettre à Mme de Sévigné, 4 sept. 1673, dans SÉV. édit. RÉGNIER, t. III, p. 229. Que je hais ta vaine science et ta mauvaise subtilité, âme téméraire, qui prononces si hardiment : le péché que je commets est véniel ! Bossuet, Mar.-Thér. Faisant admirer à cette nation [l'Italie] une judicieuse sincérité qui valait mieux que ses subtilités et ses adresses, Fléchier, Duc de Mont. Une cause qui ne saurait se soutenir que par des équivoques et par de fausses subtilités, Boileau, Longin, Sublime, Réflex. 10. Quelquefois ils [les Romains] abusaient de la subtilité des termes de leur langue ; ils détruisirent Carthage, disant qu'ils avaient promis de conserver la cité, et non pas la ville, Montesquieu, Rom. 6.

HISTORIQUE

XIIe s. La suptiliteit de la deventriene [intérieure] parole, Job, p. 477.

XIIIe s. Lorsque il [saint Jean l'évangéliste] reposa sor le piz [le sein] Jhesu Crist, en but il aussi com d'une fontaine ; ce fu la haute sotilleté de l'evangile, Latini, Trésor, p. 70. Car tex [telles] gens vuelent groses choses Sans grant sottiveté de gloses, la Rose, 17598. Li vins, quand il vint [vient] en le [la] forcele [estomac], par subtilité ne demeure mie tant qu'il soit cuit, Alebrand, f° 6.

XIVe s. L'en n'est pas tenu assavoir les difficultés ou subtilités de droit, Oresme, Éth. 73. Par l'ennortement et soutiveté de l'ennemi, Charte, Arch. nation. jj85, p. 151.

XVe s. Comment on pourroit tous les pilotis oster et traire hors par force ou par soubtilleté, Froissart, I, I, 131.

XVIe s. Les dieux vengerent cette perfide subtilité, Montaigne, I, 27. Il avoit échappé mille fois par la subtilité de ses inventions, Montaigne, I, 137. La subtilité du renard, la stolidité de l'asne, Paré, Anim. 1.

ÉTYMOLOGIE

Bourg. sutillitai ; prov. sublilitat, sotiledat ; esp. sutilidad ; ital. sottilità ; du lat. subtilitatem, de subtilis, subtil. On disait aussi subtillesse.