« témérité », définition dans le dictionnaire Littré

témérité

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

témérité

(té-mé-ri-té) s. f.
  • Hardiesse qui va jusqu'à l'imprudence et à la présomption. Je sais que vous avez trop de bénignité, Et que vous ferez grâce à ma témérité, Molière, Tart. III, 3. Vous y verrez des conciles et des papes d'un côté, et des jésuites de l'autre, qui s'opposeront à leurs décisions touchant le sens d'un auteur, sans que vous accusiez vos confrères, je ne dis pas d'hérésie, mais non pas même de témérité, Pascal, Prov. XVII. Si la témérité du hasard qui a semé les lois humaines en avait rencontré au moins une qui fût universelle, Pascal, Pens. III, 8, édit. HAVET. Et moi, je saurai bien, si vous vous emportez, Arrêter les fureurs de vos témérités, Th. Corneille, Mort d'Annibal, I, 3. Ce discours est d'une prodigieuse témérité, Bossuet, Lett. 256. Il [M. de Turenne] étonna par sa résolution ceux qu'il ne pouvait arrêter par la force, et releva par cette prudente et heureuse témérité l'État penchant vers sa ruine, Fléchier, Turenne. Après un coup si hasardeux, ils pouvaient se retirer glorieusement, si la témérité, quand elle est heureuse, pouvait garder quelque mesure, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VI, p. 499, dans POUGENS. Quand la témérité est heureuse, elle ne trouve plus de censeurs, Lesage, Diable boit. 10. Où il n'y a point d'assertion, il n'y a point de témérité, Rousseau, Lett. à l'archev. de Paris. Tandis que la France imitait la témérité philosophique de ses libres voisins [l'Angleterre], Villemain, Littér. tabl. du XVIIIe siècle, 2e part. 2e leçon. En flattant l'orgueil des souvenirs historiques, sans gêner par aucune témérité de réflexion et de langage la prudente étiquette d'un auditoire de souverains, de princes, de ministres et d'ambassadeurs, Villemain, Souv. contemp. les Cent-Jours, ch. 3.

HISTORIQUE

XVe s. Sedition fault [pèche] et temerité, Gerson, Harengue au roi Charles VI, p. 19.

XVIe s. Cela ne seroit point sans l'opprobre de Dieu, de dire qu'il eust abandonné l'homme, la plus noble de ses creatures à la temerité de fortune, Calvin, Instit. 155. Si par vostre rigueur je meurs avant le tans, Veu ma temerité, j'auray ce que j'attans, Desportes, Élégies, I, 16.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. temeritat ; espagn. temeridad ; ital. temerità ; du lat. temeritatem.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

TÉMÉRITÉ. Ajoutez :
2 Au plur. Actes téméraires. Muses, je suis confus : mon devoir me convie à louer de mon roi les rares qualités ; Mais le mauvais destin qu'ont les témérités Fait peur à ma faiblesse et m'en ôte l'envie, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne. Redoublez vos mépris, mais bannissez des craintes Qui portent à mon cœur de plus rudes atteintes ; Ils sont encor plus doux que les indignités Qu'imputent vos frayeurs à mes témérités, Corneille, Théod. III, 3.