« terreur », définition dans le dictionnaire Littré

terreur

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terreur

(tèr-reur) s. f.
  • 1Crainte violente que l'on ressent. Cet Achille de qui la pique Faisait aux braves d'Ilion La terreur que fait en Afrique Aux troupeaux l'assaut d'un lion, Malherbe, III, 1. Mais bientôt, malgré nous, leurs princes les rallient, Leur courage renaît, et leurs terreurs s'oublient, Corneille, Cid, IV, 3. La vouloir mettre [la religion] dans l'esprit et dans le cœur par la force et par les menaces, ce n'est pas y mettre la religion, mais la terreur, Pascal, Pens. XXIV, 3, éd. HAVET. La terreur et la désertion se met dans leurs troupes, Bossuet, Louis de Bourbon. Dans le camp du prince de Condé, on ne connaît point les vaines terreurs qui fatiguent et rebutent plus que les véritables, Bossuet, ib. J'ai conçu pour mon crime une juste terreur, Racine, Phèd. I, 3. Il a répandu sur nos armées un esprit de terreur et de vertige, Massillon, Carême, Mot. de conv. Vous avez pris de vaines terreurs, lui répondit l'empereur [Alexandre Sévère], Montesquieu, Esp. XII, 9. L'auteur a cru remplir par ce moyen un des deux grands objets que les Grecs regardaient comme le but de la tragédie, la terreur, D'Alembert, Élog. Crébillon. [Ce Romain qui menaçait de secouer, en déroulant sa toge, les fléaux de la guerre] il était seul, il tenait en ses mains une grande destinée, il portait la terreur, Mirabeau, Collection, t. III, p. 320.

    Terreur panique, voy. PANIQUE.

  • 2La terreur de quelque chose, la terreur que quelque chose inspire. La terreur de son nom rendra nos villes fortes, Malherbe, II, 1. Et, ce que n'avait pu la terreur du supplice…, Corneille, Hor. v, 3. En faisant dire à notre conscience : j'ai péché, il y répand avec empire la terreur de ses jugements, Bourdaloue, 9e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 154. Si vous ne sentez pas assez toute la terreur et l'étendue de cette vérité, souffrez que je vous en développe les conséquences, Massillon, Carême, Tiéd. 2.

    Il remplit tout de la terreur de son nom, se dit d'un conquérant dont le nom répand de la terreur partout.

  • 3 Fig. Objet d'épouvante. Rodrigue maintenant est notre unique appui… Le soutien de Castille et la terreur du Maure, Corneille, Cid, IV, 2. Vous avez vu M. de Bâville, la terreur du Languedoc, Sévigné, 2 oct. 1689. Les Gaulois d'Italie, que leurs guerres continuelles et leurs victoires fréquentes rendaient la terreur des Romains, Bossuet, Hist. I, 8. Le Parthe, des Romains comme moi la terreur, Racine, Mithr. III, 1. Son trône [de la Pologne] vacant par la mort d'un roi qui avait été la terreur des infidèles, Massillon, Or. fun. Pr. de Conti. Un roi [Frédéric II] qui est la terreur des postillons comme de l'Autriche, et qui fait tout en poste, Voltaire, Lett. Thiriot, 8 oct. 1743.

    Il est la terreur des coupables, se dit d'un juge sévère.

  • 4La terreur, se dit absolument de l'époque de la Révolution française pendant laquelle le tribunal révolutionnaire et l'échafaud furent en permanence. Les hommes sensés n'imputeront jamais à la philosophie les horreurs commises en son nom sous le régime de la terreur, Grégoire, Instit. Mém. sc. mor. et pol. IV, p. 70. Les effroyables immolations de la terreur et les stériles agitations du directoire, Lanfrey, Hist. de Nap. t. III, ch. 4.

    La terreur blanche, se dit des massacres que firent les royalistes dans le Midi après la chute de Robespierre, et en 1815 sous la Restauration.

REMARQUE

Terreur, joint aux adjectifs possessifs, se dit de celui qui craint, et non de celui qui est craint : leur terreur signifie la terreur qu'ils ressentent, et non la terreur qu'ils inspirent.

HISTORIQUE

XIVe s. Que il voulsissent de celles terreurs delivrer la chose publique, Bercheure, f° 36. Une soubdaine terreur, Bercheure, f° 59, verso.

XVIe s. Il faut que quelques uns soyent chastiez rudement, à fin que cela apporte terreur aux autres, Lanoue, 106. S'appelans les bras de la patrie, les gardiens des armes et la terreur des ennemis, Lanoue, 199. Il leur faudroit si peu de bon succès pour mettre en terreur toute la chrestienté, que desja j'apprehende un tel inconvenient, Lanoue, 388.

ÉTYMOLOGIE

Prov. et esp. terror ; ital. terrore ; du lat. terrorem, terrere, faire trembler, que les étymologistes rattachent au sanscrit tras, trembler.