« terrien », définition dans le dictionnaire Littré

terrien

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

terrien, ienne

(tè-riin, riè-n' ; au féminin, Palsgrave, XVIe siècle, dit, p. 63, qu'on prononce terriane ; au XVIIe siècle on le faisait de trois syllabes : tè-ri-in) adj.
  • 1Qui possède des terres. Sa ressource [de l'Angleterre] ne peut être que dans l'alliance d'une grande puissance, jalouse aussi de la France et terrienne, Saint-Simon, 505, 140. C'est à vous de donner la moitié de votre subsistance, vous qui êtes un seigneur terrien, Voltaire, l'Homme aux 40 écus, Désastre.

    Chevalier terrien, celui qui tient un fief dans sa mouvance.

    Substantivement, terrien, terrienne, celui, celle qui possède des terres. Tout simple rentier qui n'augmente pas son bien le perd à la longue ; les terriens se soutiennent, parce que, l'argent augmentant numériquement, le revenu de leurs terres augmente en proportion, Voltaire, Dict. philos. Écon. domest.

    Grand terrien, seigneur qui possède beaucoup de terres. Clitie avait aussi beaucoup de bien, Son mari même était grand terrien, La Fontaine, Fauc.

    Fig. De l'empyrée ? oui-da ! vous voilà grand terrien, L'espace est vaste, Piron, Métrom. I, 8.

    Grand terrien, se dit d'un grand prince dont la domination s'étend sur beaucoup de pays (emploi qui vieillit). Je me trouve aussi grand terrien Que le roi de Lydie et que l'Assyrien, Tristan, Panthée, I, 4. Nous les verrons [les papes], tantôt grands terriens, tantôt dépouillés de presque tout, comme plusieurs autres souverains, Voltaire, Mœurs, 16.

  • 2Terrestre, par opposition à spirituel (sens qui vieillit). On doit au jour du dimanche cesser des œuvres terriennes, Bossuet, Var. 11.

HISTORIQUE

XIIe s. … plus criement [craignent] asez le terrien seignur, Que il ne funt Jesu le puissant creatur, Th. le mart. 28.

XIIIe s. Dou devin droit sunt saintes choses et religioses, et les autres choses dou terrien droit, Liv. de jost. 63. Et avez si pone volenté envers li [Dieu] que pour nulle riens ter rienne, ne pour meschief que on feist du corps, ne le relinqueriés, Joinville, 198.

XIVe s. Si me semble que nous devons beneyr et louer le roy du ciel, qui a son peuple pourveu de tel roy terrien, plein de si grant saigesse, Oresme, Prol.

XVe s. Amour, amour, humblement vous mercye, Et à tousjours vostre servant seray Pour vostre honneur, pour vostre courtoisie, Et pour les biens et doulz pensers que j'ay ; Ne jamais jour dieu terrien n'aray Fors vous tout seul où je vueil tout soufrir, Deschamps, Poésies mss. f° 172. Depuis ne avalla viande terrienne en son cors, ne boyre nul, Perceforest, t. VI, f° 128. C'est l'homme terrien dont je seroye plus joyeux s'il était gary, Lancelot du lac, t. I, f° 97, dans LACURNE.

XVIe s. L'empereur est grand terrien, Plus grand que M. de Bourbon, Marot, II, 125. Les autres moins terrains sont à part habitans Torrens, fleuves, ruisseaux, les lacs et les estans, Ronsard, 877. Les lois des princes terriens, quelque grieves et dures qu'elles soient… ont neanmoins leur vigueur, Calvin, Confession de foi. La consideration de la nature est une pasture propre à nos esprits ; elle nous esleve et enfle, nous faict desdaigner les choses basses et terriennes, par la comparaison des superieures et celestes, Montaigne, II, 242.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. terren, terre ; espagn. et ital. terreno ; du lat. terrenus, de terra, terre.