« tracasser », définition dans le dictionnaire Littré

tracasser

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tracasser

(tra-ka-sé) v. n.
  • 1Aller et venir, sur place, pour de petites occupations. Il aime la chambre, où il n'est ni oisif ni laborieux, où il n'agit point, où il tracasse, et dans l'équipage d'un homme qui a pris médecine, La Bruyère, XIV. Il est toute la matinée à se laver la bouche, il tracasse en robe de chambre, Vauvenargues, le Paresseux. Je tracassais quelques instants autour de mes livres et papiers, pour les déballer et les arranger, plutôt que pour les lire, Rousseau, Confess. XI.
  • 2 Par extension, se livrer à des occupations que l'on compare aux allées et venues sur place. On leur donne [aux hommes] des charges et des affaires qui les font tracasser dès la pointe du jour, Pascal, Pens. IV, 1, édit. HAVET. Après avoir tracassé toute sa vie dans l'héroïsme et dans les arts, qu'emporte-t-on dans le tombeau ? un vain nom qui ne nous appartient plus, Voltaire, Lett. au roi de Pr. juin 1759.
  • 3Agir avec un esprit inquiet et brouillon. Ne recevez point cet homme dans votre société ; il ne fait que tracasser. Loin qu'on l'ait jamais accusé d'avoir tracassé dans les sociétés où il a vécu, ni brouillé ses amis entre eux, ni desservi personne avec qui il fût en liaison, Rousseau, 2e dial.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

  • 4 V. a. Inquiéter, tourmenter quelqu'un. Pourquoi le tracasser ainsi ? Croyez nos conseils sur la timidité de l'aîné ; si vous le tracassez, vous le déconcerterez au point qu'il n'en reviendra jamais, Sévigné, 335.
  • 5 Terme de marine. Se dit d'une mer clapoteuse qui agite un bâtiment.

    Se dit aussi, absolument, du bâtiment ainsi agité.

  • 6Se tracasser, v. réfl. Se donner du souci, de l'embarras. De temps en temps je me tracasse sur des choses que je sens et que j'aperçois seul, Diderot, Lett à Mlle Voland, 29 août 1759.

    S'inquiéter, se tourmenter l'un l'autre. Adieu, comte, point de rancune, ne nous tracassons plus, Sévigné, à Bussy, 6 juillet 1670.

HISTORIQUE

XVe s. Quant on voit cheval qu'on promaine, Se il est chault, il a tracassé ; Chien soufflant à la grosse alaine, On presume qu'il ait chassé, Coquillart, Droits nouv.

XVIe s. Tant feirent et tracassarent, pillans et larronnans, que il arrivarent à Seuillé, Rabelais, Garg. I, 27. Si je ne cours, si je ne tracasse, je ne suys point à mon ayse, Rabelais, ib. I, 39. Subject vulgaire et tracassé [traité] en mille endroicts des livres, Montaigne, I, 221. J'aime les malheurs touts purs qui ne m'exercent et tracassent plus aprez l'incertitude de leur rabillage, Montaigne, III, 47. Si l'agitation luy plaist [au corps], qu'il se tourneboule et tracasse à sa fantaisie, Montaigne, III, 200. À plus forte raison, les jeunes personnes qui sont tracassans dans les delices du monde, s'en doyvent deporter [de la lecture des romans], Lanoue, 141. Il tracasse de çà et de là, mais il ne vient pas à effet, Palsgrave, p. 667.

ÉTYMOLOGIE

Bourg. traicaissai ; picard. trécasser, aller et venir. Diez le tire de trac, et Scheler de traquer ; ce qui revient au même.