« transmettre », définition dans le dictionnaire Littré

transmettre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

transmettre

(tran-smè-tr') v. a.

Il se conjugue comme mettre.

  • 1Faire passer. On a transmis toutes les pièces au préfet. Transmettre des ordres. Les nerfs transmettent les sensations. Dans cette machine le mouvement est transmis par une roue. Exposer ce que je concevais de la lumière ; puis, à son occasion, ajouter quelque chose du soleil et des étoiles fixes, à cause qu'elle en procède presque toute ; des cieux, à cause qu'ils la transmettent, Descartes, Méth. v, 2. Les impressions que ce sens [la vue] transmet au sens intérieur sont plus fortes que les impressions transmises par l'oreille, Buffon, Disc. nat. anim. t. v, p. 273. Commencer par les idées les plus simples que les sens transmettent, Condillac, Conn. hum. II, II, 3. Mon fils m'en a transmis la nouvelle certaine, Briffaut, Ninus II, I, 2.
  • 2Faire passer ce qu'on possède en la possession d'un autre. Transmettre un privilége. La donation transmet la propriété des choses données. Quand il [Napoléon] aurait perdu toute force et abdiqué tout droit, avant d'exercer le plus grand de tous, celui de transmettre à un fils l'empire en héritage, Villemain, Souv. contemp. les Cent-Jours, XI.
  • 3 Fig. Faire parvenir comme par une transmission. Pour moi qu'un sang moins noble a transmis à la vie, Corneille, Sert. II, 2. C'est là [dans la passion] que Jésus-Christ a supprimé les cérémonies de la loi, qu'il a transmis l'Ancien Testament au Nouveau, changé le sacerdoce lévitique…, Fléchier, Sermons, Messe. Par ces grands Ottomans dont je suis descendue, Et qui tous avec moi vous parlent à genoux Pour le plus pur du sang qu'ils ont transmis en nous, Racine, Bajaz. v, 6. Socrate ne tint point école, et n'écrivit point ; nous ne savons de sa doctrine que ce que ses disciples nous en ont transmis, Diderot, Opin. des anc. philos. (socratique philos.) À mon retour, j'appris que les Athéniens avaient fait mourir le plus juste des hommes [Socrate] ; je [Xénophon] n'eus d'autre consolation que de transmettre par mes écrits les preuves de son innocence aux nations de la Grèce, et peut-être même à la postérité, Bar Jél. Anach. ch. 39.

    Transmettre son nom, sa gloire à la postérité, faire passer son nom, sa gloire jusqu'à la postérité.

  • 4Se transmettre, v. réfl. Être transmis, transporté d'un lieu à un autre. M. Huyghens, dans son traité de la lumière, conclut par les éclipses des satellites de Jupiter, que la lumière se transmet environ six cent mille fois plus vite que le son, Malebranche, Rech. vér. Éclairc. sur la lum. t. IV, p. 341, dans POUGENS.

    Fig. Ma bonne, je comprends tous vos sentiments mieux que personne : vraiment oui, on se transmet dans ses enfants, Sévigné, 25 févr. 1685. La raison et la vérité se transmettent, l'industrie peut s'imiter ; mais le génie ne s'imite point, Marmontel, Œuv. t. v, p. 220.

HISTORIQUE

XIIe s. Quant li planteiz [la plénitude] del tens fut venue, si transmit Deus son fil, Saint Bernard, p. 527.

XIIIe s. À sun bon veisin il manda Que sa femme ad deus fiz eüz ; De tanz enfanz esteit creüz ; L'un li transmettra à lever [être parrain], De sun nunle face nomer, Marie de France, Frêne.

XVIe s. Ce mesme jour transmis fut seigneur d'Alvian Loger à la Roquette, au chasteau de Millan, Marot, J. v, 141. Fleuron de lys tant digne et precieux Jadis transmis au roy Clovis des cieulx, Marot, J. v, 261. Après ce noble ouvrage, appelé des anciens microcosme, ainsi parfaitement basti, Dieu lui infonde et transmet l'ame, Paré, XVIII, 10.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. trametre ; espagn. transmitir, trasmitir ; ital. tramettere ; du lat. transmittere, de trans, au delà, et mittere, envoyer (voy. METTRE). à côté de transmettre, l'ancienne langue avait une forme beaucoup plus usitée : trametre.