« vôtre », définition dans le dictionnaire Littré

vôtre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

vôtre (le) ou vôtre (la)

(vô-tr') adj. possessif sans son substantif
  • 1Il se dit de la personne ou de la chose qui est à vous, et dont il vient d'être parlé. Délogez souvent, changez de nom, si vous ne l'avez déjà fait ; ou plutôt n'en changez point du tout, vous ne sauriez être moins connu qu'avec le vôtre, Racine, 2e lett. à l'auteur des Imagin. réplique aux deux réponses. Rome a ses droits, seigneur ; n'avez-vous pas les vôtres ? Racine, Bérén. IV, 5. Mon cœur se met sans peine en la place du vôtre, Racine, Iph. I, 5. J'ai mon Dieu que je sers ; vous servirez le vôtre, Racine, Ath. II, 7. Le marquis : Serviteur ; vous et moi nous en valons deux autres ; Je suis de vos amis. - Valère : Je ne suis pas des vôtres, Regnard, le Joueur, III, 13. On ne lit plus Descartes ; mais on lira son éloge, qui est en même temps le vôtre, Voltaire, Lett. Thomas (qui avait envoyé son éloge de Descartes), 22 sept. 1765.

    On supprime quelquefois l'article. Les raisons sont aisées à déduire, et elles seront plus vôtres, si…, Descartes, Diopt. 5. Pouvez-vous me donner, si je ne suis pas vôtre ? Th. Corneille, D. Bertr. de Cigarral, IV, 4. M. de la Harpe, avec qui j'ai le plaisir de parler souvent de vous, pourra vous dire combien je vous suis attaché, et combien je suis vôtre à la vie, à la mort, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 28 janv. 1768.

    Je suis vôtre, se dit quelquefois pour s'excuser, pour refuser. Messire Damon, je suis vôtre ; Commandez-moi tout, hors ce point, La Fontaine, Coupe.

  • 2 S. m. Ce qui vous appartient. Vous en serez du vôtre, vous perdrez tout ou partie de ce qui vous appartient.

    Ce qui vient de vous. Vous y avez mis du vôtre.

  • 3Les vôtres, vos parents, vos amis, vos adhérents, les personnes de votre compagnie, de votre pays. Vous et les vôtres. Lettre que je vous prie de lui écrire et de lui envoyer par un des vôtres, Scarron, Œuvres, t. I, p. 227. Punissez les délits des vôtres plus sévèrement encore que les délits des indigènes, Raynal, Hist. phil. IV, 33.

    Cette personne est des vôtres, elle est de votre parti, de votre compagnie. Nous ne sommes pas aujourd'hui des vôtres ; nous avons une invitation. Tous les mécontents seront des vôtres. Tenez-moi des vôtres, mon cher, Molière, Impromptu, 2. Je suis des vôtres ; çà, du vin, Lamotte, Odes, t. I, p. 493, dans POUGENS. Lui est-il [à Dieu] plus difficile de remuer tous les hommes que d'en remuer quelques-uns ? serait-il Dieu que pour votre petite secte ? il l'est pour moi, qui ne suis point des vôtres, Voltaire, Philos. de l'âme, 5.

    Familièrement. Je suis bien le vôtre je suis tout vôtre, je n'en suis pas moins le vôtre s'emploie par forme de salutation, pour : je sui bien votre serviteur. Monsieur, je suis tout vôtre, Molière, l'Ét. I, 4.

  • 4 Familièrement. Vous faites des vôtres, se dit de quelqu'un qui fait des folies, de bons tours, ou même des actions répréhensibles, et aussi qui agit à sa guise. Madame Scaliger [Mme d'Argental], vous avez sans doute taillé et rogné [dans l'Écossaise] ; vous avez fait des vôtres, Voltaire, Lett. d'Argental, septembre 1760.
  • 5 J'ai reçu la vôtre du 13 juin… en commençant une lettre, ne vaut rien ; il faut dire j'ai reçu votre lettre, De Caillières, 1690. Quand on est fort éloignée, on ne se moque plus des lettres qui commencent par : J'ai reçu la vôtre…, Sévigné, 16.

HISTORIQUE

XIe s. Nel di [je ne le dis] pur ce, des vos iert [sera] là martire, Ch. de Rol. XLIII. Ce camp [champ de bataille] est vostre, mercit Deu, e le mien, ib. CLIX.

XIIe s. Et que mes cuers [mon cœur] al vostre s'umelie, Couci, II. Car vostre sui, et serai à tous dis, ib. XVII.

XIIIe s. Voillez [ô Dieu] que cors et ame et quanque j'ai soit vo, Berte, XXXII. Et lui faites du vostre [de votre bien] si largement doner…, ib. CXXXIX. Issiez tost fors de cest palais, Vos et li vostres, las chetif, Barbazan, Fabliaux, t. IV, p. 84.

XIVe s. La force en soit vostre [que vous soyez les plus forts], Ordonn. des rois de Fr. t. III, p. 526.

XVe s. Je vous prie, mon pere, que le m'accordez. Guillaume, respondit le comte, vous estes vostre ; faictes ce que vous voudrez, Froissart, IV, p. 91, dans LACURNE.

XVIe s. Vostre tant vostre qu'il n'est plus sien, Fin d'une lettre de François Ier à sa dame, dans DUVERDIER, Biblioth. p. 357, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Picard, el veure, le vôtre, la vôtre ; du lat. vester (voy. VOTRE).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

VÔTRE.
2Le vôtre, ce qui vous appartient. Ajoutez un exemple : Et quand la faim les poind, se prenant sur le vôtre, Régnier, Sat. II.