« tarir », définition dans le dictionnaire Littré

tarir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tarir

(ta-rir) v. a.
  • 1Mettre à sec. Tarir un étang, un puits. D'un ruisseau qui peut nuire interrompez la course, Et, pour faire encor mieux, tarissez-en la source, Boursault, És. à la cour, v, 6.

    Par extension. Tarir les larmes, les pleurs, faire cesser de pleurer Peuples, que cette belle fête à jamais tarisse vos pleurs, Malherbe, III, 1. Mes soins avec le temps pourront tarir ses larmes, Corneille, Théod. v, 7. À force de pleurer on tarit les larmes, Marivaux, Marianne, 6e part. Si je peins la bienfaisance Et les pleurs qu'elle tarit, Béranger, Halte-là.

    Tarir ses larmes, ses pleurs, cesser de pleurer. Apaisez vos soupirs et tarissez vos larmes, Corneille, Illus. com. III, 1.

    Fig. Peuple, fais voir ta joie à ces divinités Qui vont tarir le cours de tes calamités, Corneille, Toison d'or, Prol. sc. 4. Depuis ce jour fatal qui changea votre choix en tristesse, et qui tarit toutes les ressources de votre fortune, Massillon, Carême, Prière 2. Voulez-vous [ ô Seigneur] tarir la source de la race royale ? Massillon, Orais. funèb. Louis XI. Je dis : voilà le vice ; il use le bonheur, Il tarit l'avenir, Delille, Imag. VI.

  • 2 V. n. Être mis à sec, cesser de couler. Cette source a tari hier. Cette source est tarie depuis hier. Ne sais-tu pas que mon armée ne pouvait en un repas se désaltérer sans faire tarir des rivières ? Fénelon, Dial. des morts anc. (Xercès, Léonidas). Il y a des vaches dont le lait tarit absolument un mois ou six semaines avant qu'elles mettent bas, Buffon, Quadrup. t. I, p. 194. Que deviendraient ces enfants eux-mêmes, privés d'une mamelle qui tarirait en chemin ? Raynal, Hist. phil. XV, 4.

    Par extension. Rien ne tarit sitôt que les larmes, Vaugelas, Q. C. v, 5. C'est trop verser de pleurs, il est temps qu'ils tarissent, Corneille, Poly. II, 4.

  • 3 Fig. Cesser, s'arrêter, en parlant de quelque chose comparée à une source. Ce fertile sujet ne tarira jamais, La Fontaine, Contr. Un mensonge capable de faire tarir ces charités, Pascal, Prov. X. On vit tarir tout d'un coup les principales sources de la charité, Fléchier, Lamoignon. Les campagnes sont en friche… le commerce tarit, Fénelon, Tél. XI. La vieillesse languissante et ennemie des plaisirs… fait tarir dans ton cœur la source de la joie, Fénelon, ib. XIX.

    Ne point tarir sur un sujet, en parler sans cesse, y revenir souvent. Les hommes ne tarissent point en sots raisonnements sur les affaires présentes, Maintenon, Lett. à Mme la marquise de Dangeau, 11 juin, t. VII, p. 64, dans POUGENS. On m'assure qu'il ne tarit point sur vos louanges, Maintenon, Lett. au cardinal de Noailles, 25 déc. 1695. Tandis qu'une âme juste… ne peut tarir sur les récits de ses faiblesses, Massillon, Carême, Confession.

    Absolument. Il ne tarit point, il parle sans cesse de l'objet dont il s'agit. Le petit abbé y sera avec ses contes ; je ne sais où il les prend, mais il ne tarit point, Diderot, Lett. à Mlle Voland, 26 sept. 1762.

    L'entretien tarit, on n'a plus rien à se dire, on ne sait que se dire. Ce n'était pas que l'entretien tarît entre nous, et qu'elle parût s'ennuyer dans nos promenades, Rousseau, Conf. IX. La conversation des amis ne tarit jamais, disent-ils, Rousseau, Hél. v, 3.

  • 4Se tarir, v. réfl. Devenir à sec, cesser de couler. Cette source s'est tarie. Il y a encore une autre espèce de larmes qui n'ont que de petites sources, qui coulent et se tarissent facilement, La Rochefoucauld, Réfl. mor. n° 133.

HISTORIQUE

XIIIe s. Tout entour point l'erbe menue Qui vient pour l'iaue espesse etdrue, Et en iver ne puet morir, Ne que l'iaue ne puet tarir, la Rose, 1544. Et jamais n'est tarie Ma dolors ne garie, Rutebeuf, Théoph.

XVIe s. Les fonteines tarissent de tout point, Amyot, Cam. 5. L'on y void continuellement de nouveaux jettons qui poussent et croissent, et des vieux qui tarissent et meurent, De Serres, 564. Pour vous l'air se corrompe et le feu s'amortisse, La terr se desseiche, et la mer se tarisse, Du Bellay, J. III, 74, recto. Et disoit on, s'il [l'empereur Julien] eust gaigné la victoire contre les Parthes, qu'il eust faict tarir la race des bœufs au monde, pour satisfaire à ses sacrifices, Montaigne, III, 83.

ÉTYMOLOGIE

Berry, tairir, térir ; provenç. tarir ; de l'anc. haut-allem. tharrjan, dessécher.