« administrer », définition dans le dictionnaire Littré

administrer

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administrer

(a-dmi-ni-stré) v. a.
  • 1Gérer les affaires publiques ou privées. Administrer une maison. Mal administrer sa fortune. Il avait administré le royaume. Il est bon de veiller sur des enfants, sur des domestiques, sur toute une famille, d'en administrer les biens et d'en ménager les intérêts, Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 212. Elle [l'opinion de Descartes] dit que les mouvements des animaux ne sont point administrés par les sensations, Bossuet, Connaiss. V, 13.
  • 2Administrer la justice, rendre la justice.
  • 3Administrer les sacrements, conférer les sacrements.

    Administrer un malade, phrase elliptique pour : administrer à un malade les derniers sacrements, le viatique et l'extrême-onction. Qui de nous voudrait, durant les rigueurs de l'hiver, être réveillé, au milieu de la nuit, pour aller administrer au loin le moribond expirant sur la paille, Chateaubriand, Génie, IV, III, 2.

  • 4Donner. Administrer un remède.

    Populairement, administrer des férules, des coups de bâton.

  • 5 En termes de pratique, administrer des preuves, des titres, les produire.
  • 6S'administrer, v. réfl. Le restant de son bien s'administra si mal, que bientôt il n'y eut plus rien.

HISTORIQUE

XIIIe s. Il est mestiers que cil qui sont en longes langeurs [maladies] aient qui aministrent lor besongnes, Beaumanoir, 72. Le quint est qu'il ressuscita Et quarante jours habita En terre avec ses esleüz, Et pluseurs fois les visita Et reput et administra, J. de Meung, Tr. 785. Procurators est cil qui aministre autrui besoignes par le commandement à celi cui eles sont, Tancr. Li ordinaires, f° 16.

XIVe s. Dous penser et bonne esperance Li font avoir douce plaisance, Et li amenistrent matiere Dont il fait à plus lie chiere Que cils qui vit dolentement, Machaut, p. 10. Il ouvrera [opérera] tous jours et fera très bien selon les circonstances et la qualité des choses que fortune lui administrera, Oresme, Eth. 25. Il administra l'empire par conseils privez, Bercheure, f. 24, recto.

XVe s. Je fus douze semaines en son hostel, et très bien administré et delivre de toutes choses, Froissart, II, III, 18. Pour administrer vivres et pourveances, Froissart, I, I, 61. Et si tu y veux adjouster Chose estrange, ou administrer Soulphre, sel, huyle, n'aultres riens, Pour voir, ton faict ne vaudra riens, La Fontaine, 994. La confortant et administrant, à leur leal pouvoir, de tout ce qu'elles sentoient que bon lui fust, Louis XI, Nouv. 21.

XVIe s. Administrer les sacrements, Calvin, 259. Il est bon toutes fois, quand on est près d'une grosse force et de capitaines determinez, de redoubler son soin, et penser que le desir d'honneur leur administre des ailes, Lanoue, 665. Il semble ou que vous n'estimez pas beaucoup vos magistrats [charges], ou que vous n'avez pas beaucoup d'hommes que vous jugiez dignes de les administrer, Amyot, Cat. 16.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. administrar, aministrar, amenistrar ; espagn. administrar ; ital. amministrare ; de administrare, de ad, à (voy. À), et ministrare, minister, ministre (voy. ce mot). Le d ne s'écrivait guère dans l'ancienne langue.