« airain », définition dans le dictionnaire Littré

airain

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

airain

(è-rin) s. m.
  • 1Alliage de cuivre et d'étain, plus sonore et plus fusible que le cuivre. Statue, vase d'airain. Le fer et l'airain, n'étant plus polis par les Cyclopes, commençaient à se rouiller, Fénelon, Tel. II. Aussitôt on assembla des ouvriers pour travailler sur le fer, sur l'acier, sur l'airain, Fénelon, ib. XI. Tandis que l'ennemi, par ma fuite trompé, Tenait après son char un vain peuple occupé, Et, gravant en airain ses frêles avantages, De mes États conquis enchaînait les images…, Racine, Mithr. III, 1. La campagne autour est couverte d'hommes qui taillent et qui coupent, qui roulent et qui charrient le bois du Liban, l'airain et le porphyre, La Bruyère, 6.
  • 2Un ciel d'airain, sécheresse excessive. Les cieux par lui fermés et devenus d'airain, Racine, Athal. I, 1. Le ciel est d'airain sur sa tête, Bossuet, Pass. I, 3. L'Égypte, ce climat si fertile sous un ciel d'airain, Rousseau, Sciences.
  • 3Un front d'airain, un front sans pudeur qui ne rougit jamais. Ce sont des monstres [ces femmes] qui ont un front d'airain, Sévigné, 452. Pour le nier il faut avoir un front d'airain, Bossuet, Avert. 1. S'étant fait un front d'airain, il fit semblant de ne pas le reconnaître, Hamilton, Gramm. 11.

    Un front d'airain signifie aussi une attitude inébranlable. À ces adversités oppose un front d'airain ; Reçois d'un visage serein La nouvelle de ta défaite, Chaulieu, La vie champ.

  • 4Avoir un cœur d'airain, être impitoyable.
  • 5 En termes de mythologie, le siècle d'airain, le siècle intermédiaire entre le siècle d'argent et le siècle de fer.

    Un siècle d'airain, un temps de calamité.

  • 6Un mur d'airain, une barrière infranchissable.
  • 7 Fig. et poétiquement, canon. J'entends l'airain tonnant de ce peuple barbare, Voltaire, Alz. II, 6.
  • 8Cloche. Les pontifes saints autour de mon cercueil, Appelés aux accents de l'airain lent et sombre, Chénier, 90. Ou l'airain gémissant, dont les sons éperdus Annoncent aux mortels qu'un malheureux n'est plus, Lamartine, Médit. I, 5. Écoutez… l'airain sonne, il m'appelle, il vous crie Que l'instant est venu de sauver la patrie, Delavigne, Vêpr. Sicil. IV, 4.
  • 9Dans le langage de l'Écriture, l'airain sonnant, un vain bruit. Les vérités les plus terribles ne sont pour eux qu'un airain sonnant et une cymbale retentissante, Massillon, Parole. Nous ne sommes plus pour vous qu'un airain sonnant, Massillon, Car. Inconst.
  • 10 En termes d'antiquité, airain de Corinthe. C'était un composé d'or ou d'argent et de cuivre, dont on coulait des statuettes et des vases fort recherchés.

    PROVERBE

    Les injures s'écrivent sur l'airain et les bienfaits sur le sable ; on se souvient des unes, et on oublie facilement les autres.

HISTORIQUE

XIIe s. Sonent buisines d'arain et de metal, Ronc. p. 78. E areim mult de grant maniere prist de dous citez Adadezer, Bethe e Beroth, Rois, 147.

XIIIe s. Ne keuvres [cuivre], ne arains, ne estains, ne fiers, Tailliar, Recueil, p. 25. Arains, coivres et tout autre maniere de metal hors mis or et argent, monneé et à monoier, chascun fès à home, soit petis soit grans, doit obole de rivage, Liv. des Mét. 304. Par devers destre [il y] a un oisel ; D'arain est trestous trejetés ; Onques mais ne fu veüs tes [tel], Fl. et Bl. 1986.

XIVe s. Li marissaus [le maréchal] a bien tout che fait acordé : Il a un cor d'arain grailloët et sonné, Baud. de Seb. X, 748.

XVIe s. Œil d'airein, quand l'œil est rous, fier et estincelant comme un lion : ainsi les ont les ladres, Paré, XV, 5.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. aram, eram ; portug. arame ; espagn. arambre, alambre ; ital. rame, cuivre ; de æramen, airain, de æs, airain, cuivre. Comp. l'allem. eisen, fer ; angl. iron ; goth. eisarn ; celt. iarunn ; sanscr. ayas, fer.