« aise.2 », définition dans le dictionnaire Littré
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aise [2]
- 1Qui a de l'aise, qui est content. Combien il sera aise, en apprenant cette nouvelle ! Je suis aise que vous ayez réussi. Cela me rend fort aise.
On peut juger si Camille était aise
, La Fontaine, Court.Elle était aise de parler à quelqu'un
, Sévigné, 12.Elle ne pouvait rien promettre qui me fit si aise
, Voiture, Let. 56.Ce que vous me dites me fait aise
, Molière, Fest. II, 2.Votre lettre me trouvera bien sain et me fera bien aise
, Courier, Lett. I, 27.Elle en sort plus aise de s'être acquittée d'un devoir onéreux où elle n'a trouvé rien de plus consolant que le plaisir de le voir finir
, Massillon, Car. Chute, Tiédeur.Cette joie d'un père toujours aise de voir ses enfants
, Massillon, Conf. Zèle pour les âmes.Aussi aise d'être employé aux ministères les plus obscurs qu'aux plus éclatants
, Massillon, Conf. Vices.Je suis bien aise d'apprendre cela
, Molière, Scapin, II, 5.Je suis bien aise de cette rencontre
, Molière, Mar. f. 2.J'ai voulu vous parler en secret d'une affaire, Et suis bien aise ici qu'aucun ne nous éclaire
, Molière, Tart. III, 3.Mais vous seriez pour lui fort aise d'obéir
, Corneille, Agésil. II, 7.Je serai fort aise de vous dépeindre ce pays
, Fénelon, Tél. VIII.Vous serez bien aise de recevoir Nestor
, Fénelon, ib. XX.On fut aise de le visiter, avant que la cour y vienne
, Sévigné, 295.Je suis aise que, veut le subjonctif : Il est bien aise que vous lui ayez écrit.
SYNONYME
AISE, CONTENT. On donne aussi ravi comme synonyme ; mais ravi est un terme d'une bien plus grande énergie et sur lequel personne ne peut se tromper. Aise et content expriment tous deux un état qui affecte l'âme agréablement ; mais on aura une idée de la nuance qui les sépare en comparant ces deux exemples : Je suis content de mon sort ; je suis aise de mon sort ; le premier signifie que mon sort me satisfait et que je ne désire rien de plus ; le second signifie que mon sort me cause un sentiment de bien-être qui dépasse le contentement. Là est la distinction entre les deux termes, qui se manifeste aussi dans cette phrase : Je suis aise que vous soyez content de moi.
HISTORIQUE
XIIIe s. Or est ele mout aise, mais tost sera dolente
, Berte, X. Je ne sui pas si aise com le poisson qui noe [nage]
, ib. XXXIII. Et mais [elle] ne sera aise de ci qu'aura seü Se c'est Berte sa fille
, ib. CXXIII. Je vous di que soiés tout aese, que vostre estat plet miex à nostre seigneur en ce cas que ne fait le mien
, Joinville, 198.
XVe s. Comment ils pourroient faire pont pour passer cette riviere et les crolieres [fondrières] plus aise et plus seurement
, Froissart, J, I, 133. Et la tint toute aise selon son estat [le sire d'Aubrecicourt qui reçut la reine Isabelle]
, Froissart, I, I, 12. Et si en mourray plus aise [si vous accomplissez mon vœu]
, Froissart, I, I, 47. Un souper est tantost passé, vous serez demain plus aise [mieux traité]
, Louis XI, Nouv. XCIX.
XVIe s. Des tristes tristeur destournoit, Et l'homme aise en aise tenoit
, Marot, III, 232. La bonne comtesse a esté très aise de veoir que le roy se porte bien
, Marguerite de Navarre, Lett. 38. Je suis bien aise que vous estes de mon opinion
, Marguerite de Navarre, Nouv. LXX. Auguste fut bien ayse d'avoir trouvé un…
, Montaigne, I, 129. Ceux là sont pleins et ayses [riches] qui peuvent non pas seulement entretenir leur maison, mais encores la combler de reserves
, La Boétie, 199. Les uns bien aises de son malheur
, Amyot, Timol. 20.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. ais (voy. AISE, s. f.).
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
AISE. - ÉTYM. Ajoutez : M. Bugge (Romania, juill.-oct. 1875, p. 349) propose pour étymologie de ce mot d'origine obscure le latin ansa, anse, poignée, prise : « Asa, latin vulgaire, voy. Appendix Probi dans KEIL, Gramm. lat. IV, 198, 9 : ansa, non asa… Le mot latin a aussi la notion de facilité, d'occasion, par ex. Plaute, Persa, IV, 4, 121 : quaerere ansam ut infectum faciat. Dans cette acception figurative, les langues romanes n'emploient pas le primitif ansa, mais un dérivé asium, féminin asia. Asium, asia est dérivé de asa, ansa, à l'aide du suffixe io, ia ; comparez le lat. praesepium, de praesepe, occipitium, de occiput, etc… Dans l'exemple : Jamais n'aurons tel aise de nos hontes vengier (XIIe s.), le sens du vieux français aise correspond à l'acception figurative du lat. ansa ; et de même le provençal aisina a la notion de facilité, d'occasion. M. Darmesteter a prouvé que le français aise avait signifié espace vide aux côtés de quelqu'un ; d'où les expressions être aux aises de quelqu'un, c'est-à-dire à côté de lui ; être à son aise, proprement avoir de la place pour remuer les bras (voy. Romania, I, 157). »