« arrière », définition dans le dictionnaire Littré

arrière

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

arrière

(a-riê-r') adv.
  • 1Exprimant qu'on rejette loin, bien loin. Arrière de moi, Satan. Arrière ceux dont la bouche Souffle le chaud et le froid, La Fontaine, Fab. V, 7. Arrière tout respect, forçons toute contrainte, Sa menace accroît plus ma fureur que ma crainte, Rotrou, Bélis. II, 1.
  • 2 En termes de marine, vent arrière, vent qui souffle droit dans la poupe. Toujours le vent arrière, quelle bénédiction ! Choisy, Voyage de Siam, p. 6.
  • 3 S. m. En termes de chasse, prendre les arrières, rechercher dans un défaut, avec les chiens, la voie de l'animal, en reprenant en arrière le chemin qu'il a suivi. Prendre les grands arrières, continuer ses recherches plus loin.
  • 4La partie postérieure d'une chose. L'avant et l'arrière d'une charrette. On a trop chargé l'arrière.

    Terme de marine. La moitié de la longueur d'un bâtiment, depuis le grand mât jusqu'à la poupe.

  • 5En arrière, loc. adv. Marquant un mouvement vers le côté qui est derrière. Il fit un pas en arrière. Se renverser en arrière. Vous les auriez vus tous, retournant en arrière, Laisser entre eux et nous une large carrière, Racine, Mithr. V, 4. Vous, dès que cette reine ivre d'un fol orgueil… Ne pourra plus retourner en arrière, Racine, Ath. V, 3. Pégase s'effarouche et recule en arrière, Boileau, Épîtr. IV. Devant qui le Jourdain retourna en arrière, Bossuet, Hist. II, 3.

    Derrière et à une certaine distance. Il est resté bien loin en arrière. Parle et mets ces mines en arrière [défais-toi de ces mines], Molière, Mélic. I, 3. Il le loue en sa présence et le déchire en arrière, c'est-à-dire quand il est absent.

    En retard. Il ne s'est pas mis au courant de son travail, il est en arrière. Ce fermier est en arrière pour ses payements.

  • 6En arrière de, loc. prép. Sur un plan plus reculé. La cavalerie fut placée en arrière d'un bouquet de bois.

    Hors de la présence de quelqu'un. Souvent on parle en arrière des gens autrement qu'en leur présence.

    Fig. En retard. Ce jeune homme est en arrière de ses camarades. Ces gens-là sont en arrière de leur siècle.

REMARQUE

Errière est une prononciation provinciale que le bon usage a rejetée et dont il faut se garder.

HISTORIQUE

XIe s. Li naïfs [le serf natif] qui departet de la terre, nuls nel retenge [retienne], anz le faut venir arere à faire soun servise, L. de Guill. 33. Regarde arere, veit le glouton gesir, Ch. de Rol. XCIII.

XIIe s. Arrier [il] se trait demie arbarestrée, Roncisv. p. 66. Arriere [ils] tornent tost et isnelement, ib. p. 77. Je ne m'en puis partir ne traire ariere, Couci, XVIII. Atant se regarda li dux Miles arrier, Sax. X. Mais erriere s'en aillent, ainsi com sont venu, ib. XXVIII. Li messagier le rei… Muntent en lur chevals, ariere se sunt mis, Th. le mart. 56.

XIIIe s. Seur ce, s'en parti li messages et s'en ala arrieres à l'empereour en Constantinoble, Villehardouin, LXVII. Einsi reviendrent arrieres en l'ost, et ala chascuns à sa heberge, Villehardouin, LXVIII. Tant leur a dit Bertain et arriere et avant, Que tout quanque il lui plaist leur a fait entendant, Berte, 107. Et pour chou [ce] que il ne peüst estre mis ariere de son droit par defaute de segnor, H. de Valenciennes, XIII. Li ples de l'eritage seroit mis arriere en le [la] cort Jehan, Beaumanoir, VI, 34. L'autre bataille des amiraus desconfist l'arriere bataille du soudanc de Damas, Joinville, 271. Et quant e roy vint à Poytiers, il vousist [eût voulu] bien estre arieres à Paris, Joinville, 206.

XVe s. Isabelle se voyoit toute arriere du confort et aide qu'elle cuidoit avoir du roi Charles son frere, Froissart, I, I, 12. Et lui enjoignoit très especialement que, toutes paroles et essoines mises arriere, il se partist et defist son siege, Froissart, I, I, 298. Des rentes du comté il [Jacques d'Artevelle] n'allouoit nulles, mais les mettoit et avoit mises toudis arriere en depost…, Froissart, I, I, 248.

XVIe s. Il seroit honteux aux Anglois de faire un arriere pied devant une armée qui fuit…, Mém. s. du G. ch. 9. Ils les amuserent sur mer, tantost avant, tantost arriere, jusques à ce que…, Montaigne, I, 298. En nous acculant et tirant arriere, nous attirons la ruyne qui nous menace, Montaigne, I, 305. Elle le veid en l'arriere enfer, Montaigne, IV, 373. Il le feit trebucher en arriere au long du rocher, Amyot, Cam. 47. Les adherens de Camillus repoulsoient le sergent arriere de la chaire, Amyot, ib. 72. Entrant bien avant en la terre arriere de la mer…, Amyot, Péric. 40. Au reste fort aisé, et nullement en arriere ; car il n'y avoit aucune debte, Carloix, III, 5. On eust pensé qu'il eust esté ung fort riche homme, mais il est grandement à l'arriere de ses affaires, Palsgrave, p. 423. Ce que bien connoissant, Vluzalis scie de l'arriere [rame de manière à faire marcher la galère par l'arrière], D'Aubigné, Hist. II, 83. La Roiale, en voulant scier de l'erriere, fut aussi assablée, D'Aubigné, ib. II, 302.

ÉTYMOLOGIE

Berry, rière, en airière ; génev. et picard, errière ; bourguig. areire ; wallon, èri ; provenç. areire, arreire, areyre, areires ; catal. arreira ; de ar pour ad, et retro, arrière.