« chevalier », définition dans le dictionnaire Littré

chevalier

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chevalier

(che-va-lié ; l'r ne se lie jamais ; au pluriel l's se lie : les che-va-lié-z et leurs dames) s. m.
  • 1Citoyen du deuxième des trois ordres dans la république romaine. Romulus partagea le peuple en patriciens, chevaliers et plébéiens. Ce nom leur fut donné parce que les chevaliers avaient un cheval entretenu aux frais de l'État. À la fin de la république les chevaliers avaient la ferme des revenus publics. Cicéron appartenait à l'ordre des chevaliers.
  • 2Au moyen âge, celui qui avait reçu l'ordre de la chevalerie. Le chevalier se disait miles dans le latin du moyen âge. Des chevaliers français tel est le caractère, Voltaire, Zaïre, II, 3.

    Armer quelqu'un chevalier, le recevoir chevalier, cérémonie dans laquelle on remettait au nouveau chevalier ses armes, ce qui se disait dans l'ancienne langue l'adouber.

    Chevalier errant, chevalier qui allait par le monde se présenter aux tournois, jouter contre tout venant, et ainsi acquérir los et renom. Ferons-nous d'Émile un chevalier errant, un paladin ? Rousseau, Ém. IV.

    Fig. Se faire le chevalier de quelqu'un, prendre sa défense avec chaleur.

    Le chevalier d'une dame, celui qui lui rend des soins assidus.

  • 3Membre d'un ordre religieux et militaire. Les chevaliers du Temple, de Malte.
  • 4Celui qui a obtenu la décoration d'un des ordres institués par un souverain ; et, spécialement, celui qui a le dernier grade dans les ordres qui en comptent plusieurs. Chevalier de la Légion d'honneur.

    Chevalier des ordres du roi, chevalier de Saint-Michel et du Saint-Esprit.

    Chevalier de l'ordre du roi, chevalier de Saint-Michel.

    Chevalier de l'ordre, chevalier du Saint-Esprit.

    Chevalier est un titre de noblesse au-dessous de baron en France, et de baronnet en Angleterre. Votre fils le chevalier.

  • 5Chevalier d'honneur, le principal officier de la maison de la reine ou d'une princesse, chargé de lui donner la main quand elle sort ; et même quelquefois celui qui accompagne une dame, qui lui donne le bras. Si j'avais l'honneur insigne d'être le chevalier d'une aussi charmante femme que madame Gastoul, Ch. de Bernard, la Cinquantaine, § 1.
  • 6Anciennement, chevaliers ès lois, ceux qui avaient obtenu le titre de chevalier à cause de leur capacité dans la jurisprudence. Les chevaliers ès lois prenaient le titre de maîtres.

    Chevalier d'honneur, conseiller d'épée, qui avait séance et voix délibérative dans les cours souveraines.

  • 7Chevalier du guet, commandant d'une compagnie de gardes qui faisaient le guet.
  • 8 Fig. Chevalier d'industrie, homme qui vit d'expédients, escroc. Grand auteur de la confrérie Des chevaliers de l'industrie, Adorable roi de Tunis… En moi, ton pauvre Lazarille… Influe un trait de ta clarté, Le voyage de Sens, V. 93 (Poësies et lettres de M. DASSOUCI, Paris, 1653, petit in-12, p. 139) Vous vous faites nommer monsieur le chevalier, Et vous êtes de ceux dont la chevalerie N'eut jamais à Paris d'ordre que l'industrie, Montfleury, La fille capitaine, I, 8. Je n'ai pas besoin de connaître votre grief contre Laboissière pour savoir que c'est un vrai chevalier d'industrie, Ch. de Bernard, le Gendre, § 10.
  • 9Chevaliers de l'arc ou de l'arquebuse, bourgeois formés en compagnie et s'exerçant au tir de l'arc ou de l'arquebuse. Je l'ai vu cette nuit, ce charmant petit dieu [l'Amour] ; il planait dans les airs ; il était à la tête de toutes les brigades des chevaliers de l'arquebuse, Dancourt, le Prix de l'arquebuse, sc. 5.
  • 10Chevalier s'est dit autrefois au jeu des échecs pour cavalier.
  • 11 Terme de chasse. Petit chevalier, bécasseau.
  • 12Ombre-chevalier, ou, simplement, chevalier, poisson du genre salmone.
  • 13 Au féminin, chevalière, femme qui a le rang de chevalier, ou épouse d'un chevalier. Ce terme n'est guère employé que dans le style badin. Voilà notre famille fort anoblie ; mon capitaine fera aussi ma sœur chevalière ; il lui donnera tantôt l'accolade, Dancourt, les Vacances, sc. 23. Je suis son chevalier, elle est ma chevalière, Dancourt, le Prix de l'arquebuse, sc. 19.

    Fig. Pourvu que seulement La tour hospitalière Où je pendrai mon nid, Ait, vieille chevalière, Un panache de lierre Sur son front de granit, Hugo, Odes, V, 25.

  • 14Bague à la chevalière, ou, simplement, chevalière, anneau large et plat.

PROVERBES

Nul chevalier sans prouesse.

Faveurs, femmes et deniers font de vachers chevaliers.

HISTORIQUE

XIe s. De vasselage [vaillance] fut assez chevaler, Ch. de Rol. III. Sur pailes blancs siedent cil cevaler, ib. VIII. Il nen i a chevaler ne baron…, ib. CLXXIV.

XIIe s. Entrez est à certes li cavaillers Pharo, ot [avec] carres et ot cavalers en la mer, Liber psalmorum, p. 238. [Il] Se part di Cordes otout si chevalier, Ronc. p. 31. Il les regrete com chevavaliers gentis, ib. p. 86. Itel valor doit avoir cheliers, ib. p. 87. Gautiers de Luz fut mout bon chevalier, ib. p. 94. Se je savoie un courtois chivalier, Qui de ses armes fu loués et prisiés, Je l'aimeroie de gré et volontiers, Romancero, p. 71. Dunc enveia li reis à lui ses chevaliers, Th. le mart. 43.

XIIIe s. Grans chevaliers ne va mie seus [seul], Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 74. Trois ans [il] fu chevaliers, pleins fu de courtoisie, Berte, II. Que Aleman estoient chevalier de haut prix, ib. v. Chevaliers ne bourgeois, vilains ne païsant, ib. CVII. Il dist qu'à Pentecoste chevaliers [il] les fera, ib. CVIII. Chevaliers de plaiz et d'assises, Qui par vos faites vos justices Sans jugement aucunes foiz, Cuidiezvos toz jors ensi faire ? Rutebeuf, 119. Nis se li peres estoit chevaliers et il espousoit une serve, si seroient tuit li enfant serf qu'il aroit de li, Beaumanoir, XLV, 15. Et je dis au connestable que je seroie son chevalier, et il m'en mercia moult, Joinville, 227. Quant je reving à ma nef, je mis en ma petite barge un escuier que je fiz chevalier, Joinville, 214.

XIVe s. Et pour ce les chevaliers semblent estre fors et avoir la vertu requise en batailles, Oresme, Eth. 84.

XVe s. Et mirent tantost et incontinent grand foison de clercs en œuvre pour assembler chevaliers et escuyers de tous costés, Froissart, II, III, 77. Si elle te eust mené ainsy que doit mener chevalier errant son varlet, lequel il ne doit trop plaindre de ses travaulx, ne trop louer de ses bons services, ne trop enrichir devant la fin, Perceforest, t. II, f° 101. Chevalier sans espée n'est que femme sans quenoille, ib. t. IV, f° 157.

XVIe s. La jeune vigne sera labourée de cette sorte d'œuvre appellée houer ou fousser à chevalier ; ce mot de chevalier vient de ce que le travailleur assemble la terre entre ses jambes, se faisant un relevement sur lequel il se treuve comme à cheval ; plus belle et plus utile œuvre est le double-chevalier, qui…, De Serres, 169. Les chevaliers [pièce aux échecs] sont mes escrits et vers, Qui font un saut aux autres tant divers, Saint-Gelais, 80. Chevaliers et gendarmes, brigands, Leroux de Lincy, Proverbes, t. II, p. 74. Faveurs, femmes et deniers Font de vachiers chevaliers, Leroux de Lincy, ib. Hier vacher, huy chevalier, Leroux de Lincy, ib. Nul chevalier sans prouesse, Leroux de Lincy, ib. On appeloit communement messieurs de Bayard, de la Crotte et le capitaine Frontailles, chevaliers sans peur et sans reproche ; qualité certes très belle et des plus belles du monde à qui l'a merité porter, voire plus que tous les noms des seigneuries du monde, Brantôme, Cap. fr. t. I, p. 126, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Cheval ; bourguig. chevôlai ; provenç. cavallier, cavayer ; espagn. caballero ; portug. cavalleiro ; ital. cavaliere.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CHEVALIER. Ajoutez :
15Chevalier était un titre qui se donnait souvent aux cadets de bonne maison. C'est un homme de vingt-huit ans, intime ami de Monsieur de Tulle, qui s'en va avec lui ; nous le voulions nommer le chevalier Mascaron ; mais je crois qu'il surpassera son aîné, Sévigné, 6 mai 1672.
16Nom donné aux cloutiers. Les chevaliers sont tenus de rendre un certain nombre de clous par kilogramme de fer employé, l'Opin. nationale, 30 mai 1876, 3e p. 4e col.