« coquille », définition dans le dictionnaire Littré

coquille

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

coquille

(ko-ki-ll', ll mouillées, et non ko-kiye) s. f.
  • 1Enveloppe calcaire des mollusques testacés. Les figures agréablement diversifiées des coquilles nous aident à juger de la variété qui règne dans l'organisation des animaux qui en sont les habitants et les architectes, Bonnet, Contempl. nat. 3e part. ch. 21. Des expériences équivoques avaient trompé M. de Réaumur : la coquille ne croît point par apposition ou par transsudation ; elle n'est point moulée sur le corps de l'animal ; mais elle est une partie essentielle du corps de l'animal, Bonnet, Paling. philos. part. XIe, ch. 5.

    Coquille de St-Jacques, espèce du genre peigne. Coquille de Pharaon, connue aussi sous le nom de bouton de chemise.

    Or en coquilles, or de coquille, or de coquillage, sorte de pâte faite de miel et de feuilles d'or réduites en poudre, dont on se sert en peinture pour dorer, et qui se vend dans des coquilles.

  • 2Coquille qu'on rapporte de certains pèlerinages. Les pèlerins de St-Jacques en Galice et ceux du mont St-Michel en Normandie rapportaient des coquilles à leur chapeau. Prenons, dit-elle, prenons donc Coquilles, rosaire et bourdon, Béranger, Pèler. de Lis. …Je porte en Brouage du sel, Et mes coquilles vendre à ceux de St-Michel [c'est-à-dire je fais un travail inutile, je porte de l'eau à la rivière], Régnier, Sat. IV.

    Fig. À qui vendez-vous vos coquilles ? à ceux qui viennent du Mont St-Michel ; ou simplement, à qui vendez-vous vos coquilles ? c'est-à-dire à qui vous jouez-vous ? prétendez-vous m'attraper ? On dit dans le même sens : Portez vos coquilles ailleurs, c'est-à-dire vous ne m'attraperez pas.

    Bien vendre ses coquilles, faire valoir ses coquilles, ne pas donner ses coquilles, tirer un profit exagéré d'une opération ou d'un service. Ma doctrine est si belle qu'il faudroit l'acheter aux dépens de la vie de tous les hommes ; c'est vendre cher ses coquilles, Voltaire, Dial. XXVIII, 2.

  • 3Coque qui enveloppe l'œuf. Quand on a mangé un œuf à la coque, le bon usage est ou plutôt était de briser la coquille. La coquille se forme la dernière en fort peu de temps, et seulement avant la ponte, Buffon, Animaux, Syst. sur la génér. …De ses frêles coquilles En foule on voit sortir le peuple des oiseaux, Sous le sein maternel couvés dans leurs berceaux, Delille, Par. perdu, VII.

    Fig. Ne faire que sortir de sa coquille, être jeune et inexpérimenté. Faire sortir un esprit de sa coquille, donner occasion à un homme de faire paraître son esprit, Desfontaines, Spectat. franç. Un lycéen sortant de sa coquille, Béranger, B. fille.

    Rentrer dans sa coquille, reculer, céder prudemment dans une affaire fâcheuse. Le président de Bellièvre me dit ces propres mots : Je vais rentrer dans ma coquille, il n'y a plus rien à faire, Retz, IV, 267. De là je suis venu à Paris, et, si la guerre continue, j'irai me remettre dans ma coquille jusqu'à la paix, Montesquieu, Correspondance, 20.

    Fig. Il [Béranger] grelottait dans sa coquille, Quand d'un luth je lui fis l'octroi, Béranger, Épitaphe.

  • 4 Par extension, coque qui enveloppe la noix, l'amande, etc. Quand ses filles furent plus grandes, il leur ôta des mains les ciseaux et le rasoir, et leur apprit à lui brûler la barbe et les cheveux avec des coquilles de noix, Rollin, Traité des Ét. liv. V, 3e part. ch. 2.
  • 5 Terme d'arts. Objet en forme de coquille. Vase en coquille.

    Terme de cuisine. Ragoût de poisson ou de viandes émincées, dont on remplit des vases d'argent en forme de coquilles.

    Terme de sculpture. Petit ornement taillé sur le contour d'un quart de rond.

    Terme d'architecture. Voûte formée d'un quart de sphère, qui fait la partie supérieure d'une niche en arcade de plein cintre. Coquille d'escalier, l'intrados de la voûte rampante d'un escalier tournant.

    Terme de blason. Guy prit le nom de Laval, et brisa la croix de Montmorency de cinq coquilles, Saint-Simon, 188, 8.

  • 6 Terme de métiers. Partie de la poignée d'une épée qui a la forme d'une double coquille.

    Planche sur laquelle s'appuient les pieds du cocher d'une voiture. Bois de charronnage, pour une voie composée de 26 coquilles de 3 pieds et demi de long, Déclar. 22 oct. 1715, tarif.

    Lame de métal pour couvrir le moule de bois d'un bouton.

    Chacune des moitiés d'un moule à deux parties.

    Coquille de loquet, partie où l'on met le doigt.

    Petit instrument de cuivre dont se servent les lapidaires pour tailler le diamant et les autres pierres précieuses.

    Terme de métallurgie. Moule solide autour duquel on fait circuler de l'eau pour refroidir le métal après la coulée.

    Terme de fonderie. Coquille à boulet, moule en fer ou en fonte.

    Terme de cuisine. Sorte de fourneau vertical qui sert à rôtir la viande.

  • 7Papier collé qui porte l'empreinte d'une coquille ; et adjectivement, papier coquille.
  • 8Croûte qui s'élève dans plusieurs parties du pain.
  • 9 Terme d'imprimerie. Toute faute consistant dans la substitution d'une lettre à une autre.
  • 10Ancienne coiffure de femme.
  • 11L'ordre de la coquille, ancien ordre de chevalerie, institué en 1292, par un comte de Hollande à l'honneur de St-Jacques.

    Chevaliers à coquille, ou chevaliers de l'ordre de St-Michel, ordre institué par Louis XI, pour défendre contre les Anglais le Mont St-Michel.

    PROVERBE

    Qui a de l'argent a des coquilles, c'est-à-dire quiconque a de l'argent a tout ce qu'il lui plaît.

REMARQUE

L'Académie remarque qu'on ne dit ni coquille de tortue ni coquille d'huître, et qu'il faut dire écaille. Cela est vrai pour tortue ; mais quant à l'huître, le mot coquille est très usité.

HISTORIQUE

XIIIe s. Il est acordé du commun des patenostriers de coural [corail] et de coquille, à Paris, que nus ne nule du mestier desus dit ne puisse ouvrer par nuit, Liv. des mét. 68.

XIVe s. Une coquille d'argent pour mettre le sel, Du Cange, coquillia.

XVe s. Une coquille noire, de St Jacques, garnie d'or, et ung boton d'or au bout, De Laborde, Émaux, p. 223. À qui vendez-vous vos coquilles ? Entre vous, amans pelerins ? Orléans, Rond.

XVIe s. Qu'ils s'en aillent maintenant, et vendent leurs coquilles en plein midi, Calvin, Instit. 45. Quand les genethliaques voudront faire valoir leurs coquilles sous couleur que c'est une chose sainte, Calvin, ib. 124. Voulant les Dieux à la guerre animer, Il fendoit l'air de sa coquille creuse, Du Bellay, J. IV, 44, verso. Soudain que les prestres et beneficiers entendirent qu'ils detractoyent de leurs coquilles, ils inciterent les juges de leur courir sus, Palissy, 100. Foeneste : Vous voyez ce poignard à coquille ? Enay : J'eusse plustost pris ce que je voi à vostre homme pour une targue que pour une coquille, D'Aubigné, Faen. I, 1. Il maintenoit que les huitres, desquelles on rejettoit la coquille en la men, se refaisoient comme auparavant, D'Aubigné, ib. III, 6. Quel aise peuvent sentir les huguenots cousus dans leurs cuirasses, comme tortues dans leurs coquilles ? D'Aubigné, Conf. II, V. Escargots ou limaçons avec leur coquille, escrevisses, huistres avec leur coquille, Paré, XXIV, 38.

ÉTYMOLOGIE

Ital. cochiglia ; du latin conchylia, plur. neutre de conchylium (la forme conquilium se trouve dans un vieux glossaire), de ϰογχύλιον, diminutif de ϰόγχη (voy. CONQUE). On peut aussi penser que coquille vient de coque (tiré lui-même de concha, ϰόγχα), avec la forme diminutive ille, comme dans flottille de flotte.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

COQUILLE. - HIST.

XIVe s. Ajoutez : Pour deus hanas de kokilles de pierles à piet d'argent, Caffiaux, Régence d'Aubert de Bavière, p. 73.