« envelopper », définition dans le dictionnaire Littré

envelopper

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

envelopper

(an-ve-lo-pé) v. a.
  • 1Mettre autour d'une chose quelque objet qui la couvre. Envelopper des étoffes, des habits, des marchandises. S'envelopper la tête d'un linge, le corps d'un manteau.

    Il se dit de la chose qui enveloppe. La toile qui enveloppe ces marchandises.

    Par extension. Mais, seule, sur la proue invoquant les étoiles, Le vent impétueux qui soufflait dans ses voiles, L'enveloppe ; étonnée et loin des matelots, Elle tombe, elle crie, elle est au sein des flots, Chénier, Élég. 20.

    Fig. Et vous ne deviez pas envelopper d'un crime Ce que votre victoire ajoute à votre estime, Corneille, Nicom. II, 2. Dans un coin du jardin sous un épais nuage Je l'enveloppe encor d'un sommeil assez doux, Corneille, Tois. d'or, v, 6. Et dans une embrassade on leur a, pour conclure, Fait vite envelopper toute la procédure, Molière, Mis. IV, 1.

  • 2Environner, entourer. Envelopper l'ennemi. César, de tant d'objets en même temps frappé, Le laisse entre les mains qui l'ont enveloppé, Racine, Brit. v, 8. Mais les prêtres bientôt nous ont enveloppés ; On nous a fait sortir, Racine, Athal. II, 2.
  • 3Prendre comme dans un filet. Admirables sans doute pour envelopper une dupe, La Bruyère, IX. Je savais bien que vous aviez une manière particulière de raisonner, et d'envelopper si adroitement ceux à qui vous aviez affaire dans des arguments dont ils ne prévoyaient point la conclusion, que vous les ameniez où il vous plaisait, Fontenelle, Dial. III, Morts anc. et mod.
  • 4Comprendre dans. Envelopper quelqu'un dans une accusation. Créon bannit médée, et ses ordres précis Dans son bannissement enveloppaient ses fils, Corneille, Médée, III, 2. Et [elle] m'envelopperait dans le juste courroux Qu'elle aurait pour le roi, qu'elle prendrait pour vous, Corneille, Tois. d'or, IV, 1. Dans sa ruine même il peut l'envelopper, Corneille, Cinna, I, 1. Voulant perdre Poppée, il enveloppa dans sa ruine Valérius, Perrot D'Ablancourt, Tacite, Annales, dans RICHELET. Je veux dans mon exil n'envelopper que moi, Quinault, Arm. II, 1. Pour l'envelopper dans sa perte, Bossuet, Hist. II, 1. Une condition qui l'enveloppe dans la condamnation générale, Massillon, Car. Samar.
  • 5Obscurcir, voiler. Tout à coup une noire tempête enveloppa le ciel, Fénelon, Tél. VI.

    Par extension. Une nuit obscure enveloppe son esprit. Bientôt, quoi qu'il [un héros] ait fait, la mort d'une ombre noire Enveloppe avec lui son nom et son histoire, Boileau, Ép. I.

  • 6Cacher, déguiser, dissimuler. On a enveloppé cette vérité de fables ridicules. L'allégorie que pouvaient envelopper ces absurdités est entièrement perdue, Raynal, Hist. phil. II, 12.
  • 7 V. n. Terme de chasse. Quand on est en défaut, on enveloppe avec des chiens au-dessus et au-dessous de l'endroit où le défaut a commencé.
  • 8S'envelopper, v. réfl. Mettre autour de soi quelque chose qui entoure. S'envelopper dans son manteau. Dans ce sac ridicule où Scapin s'enveloppe, Je ne reconnais plus l'auteur du Misanthrope, Boileau, Art p. III. À peine la déesse eut achevé ce discours, qu'elle s'éleva dans les airs et s'enveloppa d'un nuage d'or et d'azur, où elle disparut, Fénelon, Tél. XXIV.

    Fig. Un naturel bénin, doux, facile, arrêté, Qui, ne ressentant point en soi de grands obstacles, S'enveloppe et s'endort dans sa tranquillité, Corneille, Imit. I, 25. S'il faut s'envelopper des ombres du mystère, C'est lorsqu'on craint surtout d'offenser la misère, Ducis, Abufar, I, 6.

    S'obscurcir. Une raison qui déjà s'enveloppe, Massillon, Car. Impén.

    Être compris, renfermé. Tout cela s'enveloppe sous le nom de campagne, Pascal, dans COUSIN.

    S'exprimer avec obscurité, avec ambages. On leur reproche d'avoir provoqué les combats par une politesse insidieuse, de s'être enveloppés dans des discours indignes de la France, Raynal, Hist. phil. XVIII, 49.

HISTORIQUE

XIe s. Envolupé d'un paile Alexandrin, Ch. de Rol. XX.

XIIe s. Les meins [moins] honestes menbres [du clergé] deit l'un plus honurer Sulunc l'apostle, e plus d'onur envoluper, Th. le mart. 88. L'anfant a pris la dame au cors vaillant ; Si l'envoslespe an un chier boquerant [une étoffe chère], Raoul de Cambrai, 4.

XIIIe s. … Tu fais prester à usure, Pour avoir l'envoiseüre [la parure] En qui l'on envelope orgueil, les Vers du Monde.

XVIe s. La foy, cependant que nous sommes pelerins au monde, est tousjours enveloppée de beaucoup de nuées d'erreurs : nous ne comprenons pas tout ce qui seroit à souhaiter, Calvin, Inst. 419. Si quelcun confond ce vocable d'election en ces passages, il s'enveloppera povrement ; s'il le sait distinguer, il n'y a rien plus facile, Calvin, ib. 780. Enveloppez en leur suaire, Montaigne, I, 61. Ce reproche semble envelopper [impliquer] la couardise, Montaigne, III, 78. Pyrrhus estoit de telle nature, qu'il amassoit et envelopoit continuellement esperances sur esperances, Amyot, Pyrrhus, 69. Pour engarder que les ennemis ne les peussent envelopper par derriere, Amyot, Sylla, 39.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. angliopai ; provenç. envelopar, envolopar, envolupar ; ital. inviluppare ; de in, et d'un radical qui se trouve dans l'ancien français voleper, anc. espagn. volopar, ital. viluppo (voy. DÉVELOPPER).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ENVELOPPER.
7 V. n. Ajoutez :

On dit aussi, en termes de chasse, activement : envelopper un défaut.