« fiction », définition dans le dictionnaire Littré

fiction

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fiction

(fi-ksion ; en vers, de trois syllabes) s. f.
  • 1Invention de choses fictives. Elle y perdait [dans la lecture de l'histoire] insensiblement le goût des romans et de leurs fades héros ; et, soigneuse de se former sur le vrai, elle méprisait ces froides et dangereuses fictions, Bossuet, Duch. d'Orl. La poésie épique… Se soutient par la fable et vit de fiction, Boileau, Art p. III. Et de vos fictions le mélange coupable Même à ses vérités [du christianisme] donne l'air de la fable, Boileau, ib. Et vous qui vous plaisez aux folles passions Qu'allument dans vos cœurs les vaines fictions, Racine, Esth. Prol. Mais, dit-on, si l'on proscrit entièrement les noms des divinités païennes et les fictions fabuleuses, que deviendra la poésie ? et surtout à quoi se réduira le poëme épique, le plus beau de tous les poëmes ? Rollin, Traité des Ét. liv. II, ch. 1. La mort finit la scène et la représentation ; chacun dépouille la pompe du personnage et la fiction des titres, Massillon, Dauphin. Que de terres encor restent à découvrir ! La fiction surtout est un pays immense, Lamotte, Fabl. IV, 3. Le roi [Charles II], à qui Waller venait, selon l'usage des rois et des poëtes, de présenter une pièce farcie de louanges, lui reproche qu'il avait fait mieux pour Cromwell ; Waller répondit : Sire, nous autres poëtes, nous réussissons mieux dans les fictions que dans les vérités, Voltaire, Dict. phil. Roi. Celui qui ajouterait des fictions aux batailles d'Arbelles et de Pharsale glacerait le lecteur au lieu de l'échauffer, Voltaire, Lett. d'Argental, 7 avr. 1777.

    Terme de jurisprudence. Fiction de droit, fiction légale, fiction de la loi, fiction introduite ou autorisée par la loi en faveur de quelqu'un.

    De fiction, par convention. Le papier monnaie est une valeur de fiction. L'or et l'argent sont une richesse de fiction ou de signe, Montesquieu, Esp. XXI, 22.

  • 2Mensonge, dissimulation. Et comme la jeunesse est vive et sans repos, Sans peur, sans fiction, et libre en ses propos, Régnier, Sat. I. Comme tout ce discours n'était que fiction, Je cachais mon retour et ma condition, Corneille, Ment. V, 6.

HISTORIQUE

XIIIe s. Car fiction ne renardie à Dieu ne plaisent n'à Marie, Queue de Renart.

XIVe s. Se il est aussi deceu par la simulacion et par la fittion de l'autre, adonques est ce chose juste que il accuse celui qui l'a deceu, Oresme, Eth. 264. Fiction poetique, Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVe s. Si on fait quelque fiction [comédie] Le jour du sacrement, l'un d'eux Jouera l'annonciation, Coquillart, p. 175, dans LACURNE. Il veit illec un chevalier dormant, lequel par fiction ou autrement s'estoit couvert de son escu, Perceforest, t. III, f° 117. Il faut respondre que fortune n'est rien, fors seullement une fiction poetique, Commines, IV, 12.

XVIe s. Tu crains, pour vrai, que mon affection Soit composée avecque fiction, Marot, I, 366. Ainsi qu'il est traicté bien au long en l'hystoire de Troye, combien qu'il y ait aucunement de la fixion poetique, Rozier hist. II, 1.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. ficxio, fiction ; espagn. ficcion ; ital. fizione ; du lat. fictionem, de fictum, supin de fingere, feindre (voy. FEINDRE).