« froideur », définition dans le dictionnaire Littré

froideur

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

froideur

(froi-deur) s. f.
  • 1État de ce qui est froid. La froideur du temps, du marbre.
  • 2 Fig. Il se dit de ce qui glace comme le froid. La froideur de la vieillesse. On croit ses vers glacés par la froideur du sang, Corneille, Au roi, sur son retour de Flandre.
  • 3Il se dit du tempérament, particulièrement en ce qui concerne les choses de l'amour. Mme de la Poplinière, avec une tête assez vive, était d'une extrême froideur, Marmontel, Mém. IV.
  • 4 Fig. Manque de chaleur morale. La froideur du caractère. Laissons le flegme et la froideur aux pères conscrits, Guez de Balzac, liv. VI, lett. 3. La froideur que vous avez pour une cause si importante, Pascal, Prov. 2. Quelqu'un a dit sur la froideur du roi d'Angleterre, que, quand on l'écoutait, on voyait pourquoi il était ici [chassé par le prince d'Orange], Sévigné, 16 févr. 1689. Ils [les mystiques] séparent l'idée d'aimable et de désirable d'avec celle de la patrie céleste ; ce qui emporte toutes les froideurs que nous avons remarquées dans ces âmes sèches et superbes, Bossuet, États d'orais. IX, 1.

    On dit dans un sens analogue : la froideur de l'imagination.

  • 5Il se dit des compositions littéraires. La froideur de cet épisode. La froideur qu'en mon style je porte, Chapelain décoiffé, dans les Œuvres de BOILEAU. Cette froideur est le grand défaut, selon moi, de presque toutes nos pièces de théâtre, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 10 oct. 1761.
  • 6Manières, paroles par lesquelles on témoigne son indifférence. On voit paraître ensemble et croître également Ma flamme et ses froideurs, sa joie et mon tourment, Corneille, la Suiv. III, 3. Mais du haut de son trône elle aime mieux me rendre Ces froideurs que pour elle on me força de prendre, Corneille, Tite et Bérén. II, 1. …Plaintes froideur, menace ni prison Ne l'ont pu jusqu'ici réduire à la raison, Rotrou, Vencesl. I, 1. Moi ? parbleu, je ne suis de taille ni d'humeur à pouvoir d'une belle essuyer la froideur, Molière, Mis. III, 2. J'enrage quand je vois sa piquante froideur, Molière, Éc. des f. V, 4. Les froideurs que vous aviez pour ce pauvre Corbinelli, Sévigné, 378. Souffrez quelques froideurs sans les faire éclater, Racine, Brit. I, 2. Hé quoi ! vous me jurez une éternelle ardeur, Et vous me la jurez avec cette froideur ! Racine, Bérén. II, 4. Ajoute, tu le peux, que des froideurs d'Achille On accuse en secret cette jeune Ériphile, Racine, Iphig. I, 1. Du moins par vos froideurs faites-lui concevoir Qu'il doit porter ailleurs ses vœux et son espoir, Racine, Brit. II, 3. Quelque froideur suffit pour vous faire trembler, Racine, Iphig. II, 3. As-tu vu sa froideur altière, avilissante ? Voltaire, Tancr. IV, 5. Sa voix entrecoupée affectait des froideurs ; Il détournait les yeux, mais il cachait ses pleurs, Voltaire, ib. IV, 5. Il [Marlborough] arriva même dans le carrosse de ce baron au quartier de Charles XII, et il y eut des froideurs marquées entre lui et le chancelier Piper, Voltaire, Charles XII, 3.

    On dit dans un sens analogue : la froideur d'un accueil, d'une réception, d'une réponse.

  • 7Diminution, refroidissement d'affection. À voir quelle froideur à tant d'amour succède, Rome ne m'aime pas…, Corneille, Nicom. IV, 5. Les froideurs et les relâchements dans l'amitié ont leurs causes ; en amour, il n'y a guère d'autre raison de ne s'aimer plus, que de s'être trop aimés, La Bruyère, IV.

    État de personnes qui ne vivent plus ensemble avec la même amitié qu'auparavant. Il y a de la froideur entre eux. Mandez-moi ce qu'il y a entre la princesse d'Harcourt et vous ; je serai bien aise de savoir ce qui vous a mises en froideur, Sévigné, 4 mai 1672. Je suis affligé de vous voir en froideur avec une dame qui, après tout, est la seule qui puisse vous entendre, et dont la façon de penser mérite votre amitié, Voltaire, Lett. Maupertuis, 21 juill. 1740.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et [en septembre] decline li tens vers la froidor, tout autressi comme en mars vers la chalor, Latini, Trésor, p. 134. Adonc me prist une froidor, Dont je dessous chaut peliçon Oi [ai] puis sentu mainte friçon, la Rose, 1704.

XVIe s. Pourquoy as-tu mafroideur attisée ? Du Bellay, J. II, 21, verso. Eux, qui pour le travail du chemin n'estoient lassés, ne pour la froideur de l'eau refroidis…, Marguerite de Navarre, Nouv. v. Tant les saisons sont tardifves en ces quartiers là, à cause de la froideur de l'air, Amyot, Lucul. 60. L'eau nettoye la playe, et par sa froideur garde l'inflammation…, Paré, Introd. 24. Les aultres [vers] furent faits depuis, comme il estoit à la poursuite de son mariage, en faveur de sa femme, et sentent desjà je ne sçay quelle froideur maritale, Montaigne, I, 222.

ÉTYMOLOGIE

Froid ; provenç. freidor, frejor ; anc. espagn. fredor ; ital. freddore.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

FROIDEUR. Ajoutez :
8Sang-froid. C'est un péril où il faut une froideur et une assurance de qui peu de personnes sont capables, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.