« hériter », définition dans le dictionnaire Littré

hériter

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

hériter

(é-ri-té) v. n.
  • 1Recueillir une succession. Il hérite beaucoup, Molière, l'Ét. II, 3. Théramène était riche et avait du mérite ; il a hérité, il est donc très riche et est d'un très grand mérite ; voilà toutes les femmes en campagne pour l'avoir pour galant, et toutes les filles pour épouseur, La Bruyère, VII. …Procréez des enfants Qui puissent hériter de vous en droite ligne, Regnard, Légat. V, 8. Ah ! doit-on hériter de ceux qu'on assassine ? Créb. Rhad. II, 2. Ses parents seulement étaient affligés, car ils n'héritaient pas, Voltaire, Zadig, 4.

    Devenir propriétaire d'une chose par droit de succession. Il a hérité d'une maison.

    Fig. Roi, je n'hérite point des différents du prince, Rotrou, Vencesl. V, 9. Il me semble que l'amour que nous avions pour mon père ne doit pas être perdu, et que nous devons principalement hériter de l'affection qu'il nous portait, pour nous aimer encore plus cordialement s'il est possible, Pascal, Lett. sur la mort de son père. De votre injuste haine il n'a pas hérité, Racine, Phèdre, V, 3. Le désir d'hériter de sa gloire [d'Achille] dans cette guerre [de Troie] m'engageait [moi, Néoptolème] à suivre les Grecs, Fénelon, Tél. X. Elle [cette noblesse] manque et s'éteint en nous, dès que nous héritons du nom sans hériter des vertus qui l'ont rendu illustre, Massillon, Pet. car. Grand. de J. C.

  • 2Il s'emploie activement aussi. C'est une maison qu'il a héritée de son père, La Bruyère, Théophr. XXIII.

    Fig. Vous avez hérité ce nom de vos aïeux, Corneille, Sertor. III, 2. Il [Appius Claudius] avait hérité de son père son attachement inviolable pour les intérêts du sénat, Vertot, Révol. rom. liv. IV. Père aveugle et barbare ! impitoyable mère ! Pauvres, vous fallait-il mettre au jour un enfant Qui n'héritât de vous qu'une affreuse indigence, Gilbert, Plaintes du malheureux. …La gloire au prix du sang ! Les enfants héritant l'iniquité du père ! Lamartine, Médit. I, 7.

HISTORIQUE

XIIe s. Sa fille à femme li dona, Et de sa terre l'ireta, Brut, t. I, p. 130.

XIIIe s. Il avient bien que li peres et le [la] mere aiment tant l'un de lor enfans plus des autres, qu'il vorroient qu'il peust estre herités du tout le lor, Beaumanoir, XIV, 15. L'eir [hoir] qui irrite as biens de celui qui est plege et dette, est tenus par la raison de la detterie de respondre li ent [de lui en répondre] et paier le come autre dette, Ass. de Jérus. I, 205. Miex les neriteras [les enfants] se tu bien les doctrines, Que se tu leur lessoies d'or et d'argent dix mines, J. de Meung, Test. 393.

XVIe s. Ayant herité à la seigneurie de son feu pere, Yver, p. 632. Tu n'as pas les mortels favorisez ainsi, Que tu as heritez de peine et de souci, De vieillesse et de mort, qui est leur vray partage…, Ronsard, 838. Or ay je un frere au quel la coustume donne tous les biens de nostre maison ; par quoy me voiant jeune et peu herité, me suis mis à suivre les aventures, D. Flores de Grece, f° CXVI, daus LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. heretar ; espagn. heredar ; portug. herdar ; ital. eredare ; du lat. hereditare, de heres (voy. HOIR). Dans l'historique, hériter a souvent le sens de rendre héritier.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

HÉRITER. Ajoutez :
3Hérite, à l'impératif, s'est dit populairement pour : attrape. C'est pour lui rabattre son caquet ; je lui gardais ça pour ses étrennes ; hérite, ton père est mort, les Ecosseuses, p. 19, 1739, dans CH. NISARD, Parisianismes, p. 142. Gilles, battant Léandre : Sa marchandise ? Oui, pan, la voilà payée ; hérite, mon garçon, Parade, 1773.