« hérisser », définition dans le dictionnaire Littré

hérisser

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

hérisser

(hé-ri-sé) v. a.
  • 1Dresser, en parlant du poil, des plumes ou des cheveux. J'ai donc vu ce sanglier qui, par nos gens chassé, Avait d'un air affreux tout son poil hérissé, Molière, Princ. d'Él. I, 2. Comme un coursier indompté hérisse ses crins, Rousseau, Orig. 2. Inventer … Ce n'est pas sur le front d'une nymphe brillante Hérisser d'un lion la crinière sanglante, Chénier, Invention.
  • 2 Par extension, il se dit de choses aiguës, saillantes, dressées, qui couvrent, qui garnissent. Des roches aiguës hérissent les flancs de la montagne. Le chardon importun hérissa les guérets, Boileau, Épît. III. Parmi les forêts Qui des monts de l'Arven hérissent les sommets, Ducis, Oscar, II, 2.
  • 3Hérisser de garnir de choses considérées comme aiguës, pointues. Hérisser de pieux un bastion. Il [l'hiver] hérisse les monts de hautes pyramides, Roucher, les Mois.

    Fig. Hérisser son style de termes nouveaux. La prose la [la pointe] reçut aussi bien que les vers ; L'avocat au palais en hérissa son style, Boileau, Art p. II.

  • 4 Terme de construction, voy. HÉRISSONNER.
  • 5 V. n. Devenir hérissé. Les cheveux lui hérissèrent à la tête, Dict. de l'Acad.
  • 6Se hérisser, v. réfl. Dresser son poil, ses plumes. Ce coq est furieux, il se hérisse. Un mâtin qui connaît ses forces se hérisse, s'indigne, l'attaque avec courage [le loup], tâche de le mettre en fuite, et fait tous ses efforts pour se délivrer d'une présence qui lui est odieuse, Buffon, Quadrup. t. II, p, 188.

    Il se dit des cheveux, du poil, des plumes qui se dressent. Des coursiers attentifs le crin s'est hérissé, Racine, Phèdre, V, 6. Vous baissez vos regards, vos cheveux se hérissent, Voltaire, Orph. I, 5.

    Fig. Se fâcher, se montrer opposé à. Mlle de Rambouillet et Mlle Paulet s'en hérissèrent toutes et en rugirent horriblement, et proposèrent à l'heure même d'aller piller notre logis, Voiture, Œuvres, t. II, p. 225. Chamillart en parla [du mariage de son fils] à Mme de Maintenon, qui d'abord se hérissa et qui en éloigna le roi, Saint-Simon, 190, 45. Vous sentez que je veux faire de Mme d'Argenton le bouc émissaire de l'ancienne loi, et vous, vous vous en hérissez comme d'une proposition qui vous flétrirait, Saint-Simon, 252, 128.

  • 7Devenir couvert de choses aiguës. Ces champs incultes se hérissent d'épines. Les troupes arrivèrent et les rues se hérissèrent de baïonnettes.

HISTORIQUE

XIIe s. [Je] Ne vuel pas sembler le gaignon [chien] Qui se herice et se reguingne, Quant autres gaingnons le rechingne, Chrestien de Troyes, Chev. au lyon, v. 644.

XIIIe s. Tuit furent en grant tenebror ; Morir cuident tuit li plusor, Quar la tourmente fu moult fort ; Et du dromont [sorte de navire] croissent [font du bruit] li bord ; Li vent herice et la mer poudre, Blanchandin, f° 186, dans LACURNE. Car nus [nul] sengler tot hericiés, Quant des chiens est bien aticiés, N'est si crueus…, la Rose, 9825. Les denz a [Ysengrin] un poi plus agues Que Renart et plus esmolues ; Contre Renart moult se herice, Ren. 1497. Quant j'oy parler de si lait vice. Par foi toz li cuers m'en herice De duel et d'ire, Si fort que je ne sai que dire, Rutebeuf, 198.

XIVe s. Quant vous fustes endormy, les cheveulx me commencerent à herisser, Ménagier, I, 6.

XVIe s. Nous ne commandons pas à nos cheveux de se herisser, Montaigne, I, 97. Au malheur, mon courage se herisse, au lieu de s'applatir, Montaigne, IV, 67. Quelque pierre espineuse et herissée qui te poinct et escorche cruellement le col de la verge, Montaigne, IV, 271. On eust dit, à voir le bataillon des Lacedemoniens, que ce n'estoit qu'un corps, comme de quelque beste courageuse qui se herissoit et se preparoit pour combatre, Amyot, Arist. 42. Si nous oyons crier de nuict quelque chouan, Nous herissons d'esfroy…, Ronsard, 815. [La prètresse] herissant sa chevelure, Du Bellay, J. III, 78, recto.

ÉTYMOLOGIE

Voy. HÉRISSON ; provenç. erissar, hirissar ; espagn. erisar ; portug. erriçar ; ital. arriciare.