« métal », définition dans le dictionnaire Littré

métal

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

métal

(mé-tal) s. m.
  • 1Corps opaques, pesants, qui se trouvent, dans la nature, associés à des substances terreuses ou entre eux, et qui constituent alors des composés connus sous le nom de mines. Les Grecs et les Romains ne connaissaient que sept métaux, l'or, l'argent, le fer, le cuivre, le plomb, l'étain et le mercure. Allons briser ces dieux de pierre et de métal, Corneille, Poly. II, 6. …Cent fois la bête a vu l'homme hypocondre Adorer le métal que lui-même il fit fondre, Boileau, Sat. VIII. Les torrents et les incendies nous ont fait découvrir que les terres contenaient des métaux, Montesquieu, Esp. XVIII, 15. En devenant monnaie, les métaux n'ont pas cessé d'être marchandise ; ils ont une empreinte de plus et une nouvelle dénomination ; mais ils sont toujours ce qu'ils étaient, et ils n'auraient pas une valeur comme monnaie s'ils ne continuaient pas d'en avoir une comme marchandise, Condillac, Comm. gouv. I, 14.

    Fig. Vous avez bien raison de croire que je serai affligée de la perte de M. l'archevêque… il n'y a point d'esprits ni de cœurs sur ce moule ; ce sont des sortes de métaux qui ont été altérés par la corruption du temps, Sévigné, 18 mars 1689.

    Métal natif ou vierge, celui qui se présente à l'état pur dans la mine. On nommait autrefois ridiculement métaux vierges ce que l'on désigne plus exactement aujourd'hui par le nom de métaux natifs, Fourcroy, Connaiss. chim. sect. VI, art. 1.

    Métaux précieux, l'or, l'argent et le platine. L'or est un charme étrange, un métal précieux, Qui corrompt toute chose et tenteroit les dieux, Rotrou, Antig. V, 5. Ils ont en abondance des métaux précieux qu'ils tiennent immédiatement des mains de la nature, Montesquieu, Esp. XXI, 2. Que ne puis-je à la fois engloutir sous le Tibre Ces métaux corrupteurs d'un peuple jadis libre ? Chénier M. J. Gracques, II, 3.

  • 2Aujourd'hui la chimie, qui compte 49 métaux, ne peut les définir que d'une manière très générale, en disant que ce sont des corps simples, liquides ou solides, attaquables par l'oxygène ou par les acides.
  • 3Métal de cloche, alliage de cuivre et d'étain qui sert à faire les cloches. Le cuivre et l'étain peuvent être facilement séparés l'un de l'autre par le procédé qui a été employé pendant la révolution pour exploiter le métal de cloche, Thenard, Traité de chimie, part. I, liv. VI, ch. 3, n° 254 bis.

    Métal de Darcet, alliage fusible de bismuth, d'étain et de plomb.

    Terme de fondeur. Métal, mélange d'étain, de cuivre jaune et de débris de vieux canons. Cuiller, fourchette de métal.

    Métal de potier, alliage d'étain, de cuivre et de bismuth.

    Métal du prince Robert, alliage de cuivre et de zinc.

    Métal d'Alger, composition métallique qui imite grossièrement l'argent. Couvert de métal d'Alger.

    Métal de prince, cuivre très raffiné dont on fait des tabatières, des étuis, etc.

    Métal de miroirs, composition métallique qui prend le poli au point de devenir unie comme une glace (cuivre, plomb, antimoine).

    Métal anglais, sorte d'étain. Une cuiller en métal anglais.

  • 4Demi-métal, nom que les anciens chimistes donnaient aux substances métalliques cassantes et volatiles, comme l'arsenic, le bismuth, etc. M. Margraaf a eu le mérite d'enrichir la chimie d'un nouveau demi-métal, du régule de manganèse, Condorcet, Margraaf.
  • 5 En termes de blason, métaux, l'or et l'argent, qu'on représente par le jaune et le blanc.
  • 6 Terme d'alchimie. Métaux parfaits : l'or, l'argent ; métaux imparfaits : le plomb, l'étain, le mercure.
  • 7 Fig. Les quatre métaux, les quatre âges du monde, dits siècle d'or, siècle d'argent, siècle de cuivre, siècle de fer. La bonne foi… N'alla pas jusqu'au temps du troisième métal, Boileau, Sat. X.

HISTORIQUE

XIIe s.

Il ont mis desoz lor poesté les metauz [mines] d'or et d'argent qui là sont, Machab I, 8. Sonent busines [trompettes] d'arain et de metal, Ronc. p. 78.

XIIIe s. Li diable les rostisseient, Divers metaus sur eus fundeient, Marie de France, Purgatoire, 1099. Cil qui font monnoie à essient de malvès metail et les voelent alouer por bone, Beaumanoir, XXX, 12. Car tout ausi comme li ors Est li mieudres [meilleur] metaus qu'on truise [trouve], Rutebeuf, 230.

XVe s. Les sept planetes que j'ay dict, Accomparons sans contredit Aux sept metaulx venans de terre Qui tous sont faicts d'une matiere, La Fontaine, 408.

XVIe s. L'argent en masse et celui qui est monnoyé, puisque c'est tout un mesme metail, Calvin, Instit. 1041. L'art de transmuer les metaux imparfaits, et de les multiplier en quantité, Lanoue, 460.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. metalh ; catal. metall ; espagn. metal ; ital. metallo ; du lat. metallum, qui vient de μέταλλον, que les étymologistes grecs tirent de μετὰ, après, et de ἄλλος, autre, parce que les filons se suivent l'un l'autre dans les mines.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MÉTAL. - ÉTYM. Ajoutez : D'après M. Renan, il ne faut pas chercher l'origine de μέταλλον dans le grec lui-même ; c'est la racine sémitique matal, dans MAX MÜLLER, Essais sur la mythologie comparée, trad. Perrot, p. 60, Paris (1873).