« maladie », définition dans le dictionnaire Littré

maladie

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

maladie

(ma-la-die) s. f.
  • 1Altération dans la santé. Ils [deux médecins] triomphaient encor sur cette maladie : L'un disait : il est mort, je l'avais bien prévu ; S'il m'eût cru, disait l'autre, il serait plein de vie, La Fontaine, Fabl. V, 12. J'avais tort de craindre que l'air de Provence ne vous fît une maladie considérable ! vous ne dormiez ni ne mangiez…, Sévigné, 19 juill. 1677. Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies, Pascal, Opuscule. Il [Pascal] disait au plus fort de ses douleurs… : ne me plaignez point ; la maladie est l'état naturel des chrétiens, parce qu'on est là comme on devrait toujours être, dans la souffrance des maux, dans la privation de tous les biens et de tous les plaisirs des sens, Mme Périer, Vie de Pascal. La maladie qui se joue, comme il lui plaît, de nos corps, que le péché a donnés en proie à ses cruelles bizarreries, Bossuet, 1er sermon, Nativ. de la Ste V. 3. Marie-Thérèse aussitôt emportée que frappée par la maladie, Bossuet, Mar.-Thér. Le repos et la nourriture ne sont-ils pas de faibles remèdes de la continuelle maladie qui nous travaille ? et celle que nous appelons la dernière, qu'est-ce autre chose, à le bien entendre, qu'un redoublement et comme le dernier accès du mal que nous apportons en naissant ? Bossuet, le Tellier. Après de grandes maladies causées par de grands travaux, Bossuet, ib. Les fréquentes maladies le mirent souvent aux prises avec la mort : exercé par tant de combats, il en sortait toujours plus fort et plus résigné à la volonté divine, Bossuet, ib. Frappé d'une horrible maladie, Bossuet, Hist. II, 3. Mme la Dauphine, dans toute sa tribulation, n'est point sortie des mains de Dieu ni de l'ordre de sa Providence… la maladie ou la santé lui devinrent indifférentes, Fléchier, Dauphine. Les maladies de langueur sont d'autant plus rudes qu'on n'en prévoit pas la fin, Fléchier, Mme de Mont. Dieu, qui imprime de temps en temps la terreur de ses jugements dans les cœurs des hommes par des punitions publiques, affligea la capitale de ce royaume d'une maladie contagieuse, Fléchier, ib. Le nombre des maladies qui affligent le genre humain est si énorme, que nous manquons de termes pour les exprimer, Voltaire, Fragm. sur l'hist. art. XXIII.

    Faire une maladie, être atteint d'une maladie. Il est singulier que je n'ai jamais fait de grandes maladies à la campagne, Rousseau, Confess. VI.

    Fig. et populairement. Faire une maladie, se dit pour faire quelque chose avec effort et malgré soi. Il fait une maladie toutes les fois qu'il rend un service.

  • 2La maladie attaque les animaux comme les hommes. L'art vétérinaire est la science des maladies des animaux domestiques. Les maladies des chevaux. Les maladies des vers à soie.

    Il se dit aussi des végétaux qui, étant vivants, peuvent devenir malades. La maladie des pommes de terre. L'oïdium, maladie de la vigne.

    Il se dit enfin de certains produits végétaux. Les différentes maladies du vin. Emploi de la caléfaction pour prévenir certaines maladies des vins.

  • 3Maladie, avec une qualification, sert à désigner différentes affections. Maladie d'Addisson, maladie bronzée, maladie dans laquelle la coloration de la peau devient noirâtre.

    Maladie bleue, voy. CYANOSE.

    Maladie de Bright, affection des reins appelée aussi néphrite albumineuse et albuminurie.

    Maladie des chiens, maladie du jeune âge, gastro-bronchite, coryza, fièvre muqueuse, morve des chiens, noms donnés à une maladie que les chiens contractent dans leur jeune âge, et qui est caractérisée surtout par un état catharral des membranes muqueuses.

    Maladie des chats, affection analogue à la maladie des chiens.

    Maladie convulsive, nom donné à une maladie des moutons qui a beaucoup de rapport avec l'épilepsie.

    Maladie pédiculaire, voy. PHTHIRIASE.

    Maladie du sang, maladie des bêtes à laine.

    Maladies saturniennes ; on a donné jadis ce nom au scorbut, à l'hypocondrie, à la goutte vague.

    Maladie des Scythes, affection décrite par Hippocrate, laquelle attaquait les Scythes, et qui consistait principalement dans l'impuissance.

    Maladie de Sologne, dite aussi maladie rouge, mal rouge, maladie de sang, nom donné à une maladie des bêtes ovines.

  • 4Il s'emploie absolument quand on parle d'une épidémie. N'allez pas dans cette ville, la maladie y est.
  • 5Maladie du pays, mal du pays, nostalgie. Je vous dirai seulement qu'il [un diable] brûle d'impatience de revenir aux enfers. - Proserpine : C'est-à-dire qu'il a la maladie du pays, Legrand, Belphégor, II, 5. Je me sentais saisie par la maladie du pays, la plus inquiète douleur qui puisse s'emparer de l'âme, Staël, Corinne, XIV, 3.
  • 6 Fig. Ce qui trouble l'esprit, le cœur, les nations. Il n'y a rien que de divin dans les maladies qui travaillent les États, Guez de Balzac, Socrate chrétien, Disc. 8e. La maladie principale de l'homme est la curiosité inquiète des choses qu'il ne peut savoir, Pascal, Pensées, VII, 17, éd. HAVET. Comme je ne pensais pas être dans cette maladie [trop grande confiance en son jugement], je m'opposais au remède qu'il me présentait, Pascal, Entret. avec M. de Saci. L'ardeur de leurs disputes insensées [des protestants anglais] est devenue la plus dangereuse de leurs maladies, Bossuet, Reine d'Anglet. Comment notre âme ne jouirait-elle pas d'une grande tranquillité, après que la loi de Dieu a guéri toutes ses maladies ? Bossuet, Sermons, loi de Dieu, 3. La guerre, vous dis-je, est une maladie affreuse qui saisit les nations l'une après l'autre, et que la nature guérit à la longue, Voltaire, Dial. 24. Cette maladie épidémique [la croisade] passa jusqu'aux enfants ; il y en eut des milliers qui, conduits par des maîtres d'école et des moines, quittèrent les maisons de leurs parents, sur la foi de ces paroles : Seigneur, tu as tiré ta gloire des enfants, Voltaire, Mœurs, 57.
  • 7Affection excessive pour quelque chose. Mme de Maintenon eut la maladie des directions, qui lui enleva le peu de liberté dont elle pouvait jouir, Saint-Simon, 413, 176. La maladie des systèmes peut-elle troubler l'esprit au point de faire dire qu'un Suédois et un Nubien sont de la même espèce… ? Voltaire, Singul. natur. 29.

HISTORIQUE

XIIe s. E après ceo si chay [tomba] en maladie, Machabées, I, 1.

XIIIe s. Souvent [ils] prient que Diex lui doint tel maladie…, Berte, LXXII. Sire, fis-je, jamais n'aurai Joie, se n'est par une chose, Que [car] j'ai dedans le cuer enclose Une moult pesant maladie, la Rose, 2903. Après ces choses desus dites avint, ainsi comme Dieu voult [voulut], que une grant maladie prist le roy à Paris, Joinville, 207. Or sevent [savent] crestyen toute no maladia [embarras, position critique], Collect. de chron. belges inéd. GACHET, Gloss.

XVe s. Le roi Robert d'Escosse estoit devenu moult vieux et malade de la grosse maladie [la lèpre], Froissart, I, I, 28.

XVIe s. Seigneur consul, ton filz est mort de maladie au camp, Amyot, Publ. 27. Tard medecine est apprestée à maladie enracinée, Cotgrave Maladie et douleur se cognoist à la couleur, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 264. Maladies viennent à cheval et s'en retournent à pied, Leroux de Lincy, ib. De grande maladie vient-on bien en grande santé, Leroux de Lincy, ib.

ÉTYMOLOGIE

Malade ; bourg. moilaidie ; prov. malaptia ; cat. malaltia ; anc. esp. malatia ; ital. malattia. À côté de maladie, il y avait malage, s. m., fort employé, et qui est simplement un dérivé de mal.