« ministère », définition dans le dictionnaire Littré

ministère

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ministère

(mi-ni-stè-r') s. m.
  • 1Service manuel, métier. Deux enfants à l'autel prêtaient leur ministère, Racine, Athal. II, 5. Il était d'une fort basse naissance, originaire de Tarente, où il avait exercé les plus vils ministères, et d'où il avait été chassé pour avoir voulu livrer sa ville aux Romains, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. VIII, p. 234, dans POUGENS.
  • 2Fonction, office. Un magistrat qui n'a rien ignoré ni rien négligé dans son ministère, Fléchier, Lamoignon. Le ministre [Richelieu] s'appliquait aux affaires d'État, et lui laissait [à Mme d'Aiguillon] le ministère de ses libéralités et de ses aumônes, Fléchier, Aiguillon. Il prie, il exhorte, il catéchise, il se partage et fait lui seul tous les ministères de l'Église, Fléchier, Panég. III, 365. Ce n'est pas, messieurs, que je veuille blâmer ici ces ministères honorables où la Providence de Dieu l'avait élevé, qui sont les fruits de la réputation et du mérite, Fléchier, le Tellier. N'ai-je en vue que ces ministères laborieux dans l'héritage de Jésus-Christ ? Massillon, Confér. Vocation, 1. Leur désintéressement [d'avocats] et le vôtre sont dignes de l'illustre profession dont le ministère est de défendre l'innocence opprimée, Voltaire, Polit. et législ. Lett. à M. Élie de Beaumont. Le consul m'a chargé d'un autre ministère, Saurin, Spartacus, III, 4.

    Le ministère de la parole, de l'éloquence, etc. les fonctions qui exigent le talent de l'orateur, etc. La prière et le ministère de la parole, c'était l'unique occupation des pasteurs, Massillon, Confér. Excell. du sacerd.

  • 3Le ministère des autels, le saint ministère, ou, absolument, le ministère, le sacerdoce. Ils [les lévites] seront employés dans le ministère, et ils camperont autour du tabernacle, Sacy, Bible, Nomb. I, 50. La Providence, qui m'a honoré du saint ministère où je m'emploie par ses ordres, Bourdaloue, Exhort. sur l'observ. des règles, t. I, p. 221. Il n'est que trop à craindre que cette sainteté ne soit que dans le ministère, sans être dans les ministres, Bourdaloue, 5e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. II, p. 480. Voyant, au travers des défauts de l'humeur et de l'esprit de ceux que Dieu souffrait dans ses ministères, l'honneur de leur vocation et la dignité de leur sacerdoce, Fléchier, Dauphine.

    Le ministère quotidien, se disait, dans l'ancienne Église, de la patène avec le calice.

  • 4Le ministère de la justice, les fonctions de magistrat. Il [un magistrat ambitieux] change en une souplesse de cour le rigide et inexorable ministère de la justice, Bossuet, le Tellier.

    Ministère public, magistrature établie près de chaque tribunal pour y veiller au maintien de l'ordre public, et y requérir l'exécution et l'application des lois.

  • 5Entremise de quelqu'un dans une affaire. Je vous offre en cela mon ministère. Vous ne me refuserez pas votre ministère pour telle chose. Voyez-vous bien quel est le ministère infâme Qu'ose exiger de nous la haine d'une femme ? Corneille, Rodog. II, 4. Il veut frapper le coup sans notre ministère, Corneille, Héracl. III, 3. Il [saint Grégoire] apprenait [par ses lettres] à saint Augustin [l'apôtre de l'Angleterre] à trembler parmi les miracles continuels que Dieu faisait par son ministère, Bossuet, Hist. I, 11. C'est peu que, le front ceint d'une mitre étrangère, Ce lévite à Baal prête son ministère, Racine, Ath. I, 1. Les rois ne doivent régner qu'afin que les lois règnent par leur ministère, Fénelon, Tél. VIII. Je n'ai point refusé ce ministère affreux…, Voltaire, Alz. V, 5. De tout Cythère Sois le courtier ; On payera bien ton ministère, Béranger, Ami Robin.
  • 6La fonction d'un ministre ayant un département. Ci-gît le fameux Chamillard, De son roi le protonotaire ; Il fut un héros au billard, Un zéro dans le ministère, Épitaphe de Chamillard. Les hommes du monde ont souvent écrit sur la religion dans la retraite, au déclin de leur vie… mais il est bien rare que, dans cet intervalle de deux ministères, au milieu de toutes les vicissitudes d'une pareille attente, un homme d'État [Necker] se soit voué à un travail sans rapport immédiat avec l'administration, Staël, Lett. sur les écrits et le caract. de J. J. Rousseau, Lett. 3.

    Le département d'un ministre. Le ministère des finances, des affaires étrangères.

    Le temps pendant lequel la personne dont on parle a été ministre. Le grand cardinal de Richelieu achevait son glorieux ministère, et finissait tout ensemble une vie pleine de merveilles, Bossuet, le Tellier.

    Le lieu où sont établis les bureaux d'un ministère. Aller au ministère des finances, de la guerre.

    Collectivement, le corps des ministres ayant département. D'lberville, gentilhomme canadien, qui avait fait à la baie d'Hudson, en Acadie, et à Terre-Neuve des coups de maître très hardis et non moins heureux, réveille en 1697 l'attention du ministère, Raynal, Hist. phil. XVI, 3.

HISTORIQUE

XVIe s. Il est defendu au concile de Calcedoine de recevoir un homme au ministere absolument, c'est à dire sans lui assigner un lieu auquel il exerce son office, Calvin, Instit. 871. La verité de Dieu est conservée en l'Eglise par le ministere de la predication, Calvin, ib. 930.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. ministeri ; espagn. et ital. ministerio ; du lat. ministerium, de minister, ministre. Ministerium avait donné, dans l'ancienne langue, mestier (voy. MÉTIER).